Par ses prêts de politiques publiques climat, l’AFD cherche à encourager un dialogue interministériel à haut niveau, afin d’appuyer la conception et la mise en oeuvre d’une politique ambitieuse de lutte contre le changement climatique dans le pays concerné. L’Indonésie a été le premier pays à en bénéficier (trois prêts de politiques publiques de l’AFD, en 2008, 2009 et 2010, d’un montant global de 800 millions d’euros) en partenariat avec la JICA (pour un montant équivalent). L’évaluation portait sur le « paquet » d’inputs offerts par les bailleurs du prêt budgétaire climat à l’Indonésie : prêts budgétaires, programmes d’assistance technique et dialogue sur les politiques publiques.
Pour l’AFD, l’évaluation était triplement innovante : par son objet (le Climate Change Programme Loan -CCPL, pionnier d’un nouveau mode de financement pour la lutte contre le changement climatique), par son partenariat (première évaluation conjointe avec la JICA), par sa méthode, avec l’ambition de tester, en l’adaptant, l’approche méthodologique pour l’évaluation des aides budgétaires promue par le CAD. La finalité de l’évaluation était d’apprécier dans quelle mesure l’appui apporté par l’AFD et la JICA a permis au gouvernement indonésien de développer et mettre en oeuvre de manière efficace une stratégie répondant aux défis posés au pays par le changement climatique. Cette évaluation a été réalisée par une équipe de chercheurs : Marc Raffinot (LEDa-DIAL), Anda David (LEDa-DIAL) et Masumi Shimamura (Mitsubishi UFJ)
La logique d’intervention du CCPL a contribué à la définition et la mise en oeuvre d’une politique nationale dans le domaine du climat. Le CCPL a permis de renforcer les institutions, de développer des cadres adaptés de dialogue politique, d’améliorer le système d’information national par la mise en place d’un processus de suivi basé sur une matrice d’indicateurs. La nouvelle nomenclature des dépenses publiques prend explicitement en compte les dépenses liées au changement climatique et les nouveaux programmes d’assistance technique répondent mieux aux priorités et aux stratégies du gouvernement. La stratégie gouvernementale soutenue par le CCPL a conduit à une meilleure intégration de la lutte contre le changement climatique dans les politiques nationales, une meilleure coordination des parties prenantes, une plus grande implication des administrations locales sur ces thématiques et, enfin, des résultats immédiats à travers des actions ciblées reprises dans le cadre d’une matrice des politiques, notamment dans les secteurs de l’énergie et de la forêt (mise en place de plans d’aménagement forestier dans les concessions). Cependant, à ce stade, il est difficile d’évaluer l’impact de cette stratégie sur les émissions de gaz à effet de serre, compte tenu du manque de recul temporel, et des difficultés d’attribution de ces effets au CCPL. Le lien de causalité entre la mise en place du CCPL et les résultats obtenus par la stratégie nationale en matière de climat a été établi : une forte contribution du CCPL à une meilleure intégration intersectorielle, une contribution modérée à la gestion des finances publiques, une contribution jugée plutôt forte dans le secteur de la forêt et de l’énergie, modérée dans celui des transports, et importante dans les secteurs liés à l’adaptation.
Les recommandations invitent à élaborer ex ante un cadre logique plus opérationnel, à prévoir en amont une stratégie de sortie, à créer et maintenir le dialogue de politique publique à haut niveau, à résoudre la tension court terme/moyen terme inhérentes au « paquet » comprenant un prêt financier annuel et un contrat d’assistance technique pluriannuel.
Contact : Karen Rousseau, chargée d'évaluation (rousseauk@afd.fr)
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