Pour lutter contre le choléra, la communauté internationale privilégie généralement des interventions légères (distribution de pastilles de chlore, kits de filtration...) qui semblent avoir une efficacité relative et à court terme. On manque en revanche de preuves sur l'efficacité des investissements plus pérennes dans les réseaux d'eau potable sur la santé publique, car ceux-ci sont en général plus difficiles à démontrer.
Contexte

Selon l'OMS, les maladies diarrhéiques liées à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène, causent plus de 1000 décès par jour en Afrique et 100 000 à 120 000 personnes meurent chaque année dans le monde en raison du choléra. En raison de sa proximité avec le Lac Tanganyika, Uvira constitue l'un des foyers endémiques du choléra, d'où partent les épidémies qui touchent ensuite toute la sous-région. L'AFD, la Fondation Véolia Environnement, OXFAM UK et l'Union européenne ont initié un vaste projet d'amélioration de l'accès à l'eau potable. Ce projet constitue aussi une opportunité unique pour mener une évaluation d'impact scientifiquement rigoureuse et fournir des preuves de l'efficacité de ce type d'interventions.

Objectifs

L'évaluation d'impact vise à mesurer les effets directement attribuables à l'amélioration de l'adduction d'eau sur le choléra et les maladies diarrhéiques. L'une de ses spécificités est qu'elle distinguera l'impact propre à chaque composante de l'amélioration : accroissement en volume et régularité de la production d'eau potable, passage d'une source non améliorée à une source améliorée, passage d'un branchement collectif à un branchement individuel et meilleure continuité d'un branchement existant. 

Méthode

L'évaluation d'impact a été confiée à la London School of Hygiene and Tropical Medecine. L’étude est en cours et combine trois méthodes: analyse de séries temporelles des quantités d’eau distribuées et des incidences de choléra et maladies diarrhéiques assignation aléatoire de l’ordre des travaux d’extension du réseau tertiaire, permettant une analyse contrefactuelle « en pipeline » (comparaison des premiers et des derniers quartiers recevant l’extension) suivi de cohorte incluant des aspects qualitatifs sur les pratiques d’hygiène, les comportements liés à l’eau et les conditions socio-économiques.

Résultats

La fin des travaux étant prévue pour fin 2020, et l'enquête finale devant avoir lieu un an après, le rapport d’évaluation devrait être finalisé en 2022. Des activités de renforcement de capacités sont par ailleurs prévues tout au long de l’exercice, et de premiers résultats issus de l'analyse de séries temporelles ont déjà donné lieu à deux publications dans des revues réputées parmi les meilleurs dans la discipline : PLOS_One et PLOS_Medicine (PLoSMed : Public Library of Science Medicine), ainsi qu’une dernière en 2019 dans la revue Nature Clean Water. En comparant les séries chronologiques de production d’eau potable et les registres du centre de traitement des malades, les chercheurs ont montré que 23,2 % des cas de choléra rapportés dans cette ville sur la période 2009-2014 sont directement attribuables aux pannes récurrentes de la centrale de traitement d’eau potable. Ces résultats constituent une contribution de premier plan au débat sur l’importance à accorder à la qualité des services d’eau et d’assainissement dans le cadre des Objectifs de développement durable. 

Enseignements
02/12/2013
Date de début du projet
31/12/2022
Date de fin du projet
5 ans
Durée du programme

Contact : 

Maud Hazan, chargée d’études et d’évaluation, AFD

Le contenu de cette fiche projet relève de la seule responsabilité de l’AFD et ne reflète pas nécessairement les opinions de l’Union européenne.