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élèves de CAP du lycée technique Mahamasina d'Antananarivo, Madagascar, formation professionnelle
Les entreprises malgaches du BTP peinent depuis longtemps à recruter des professionnels bien formés. Le projet Formapro-BTP redonne des perspectives au secteur et aux étudiants, en remettant l’offre de formation en adéquation avec les vrais besoins des entreprises.

Trouver un plombier, un carreleur ou un charpentier qualifié à Madagascar ne sera bientôt plus une gageure pour les entreprises du BTP. Pour ce secteur clé de l’économie malgache, ce ne sont pas tant les chantiers qui manquent, que des professionnels qualifiés. Et c’est le plus souvent à l’extérieur du pays que les entreprises sont contraintes de recruter des compétences. 

Pourquoi cette situation ? « Depuis le début des années 1990, on a connu une dégradation de l’enseignement technique et professionnel, par la vétusté des équipements, des programmes pédagogiques obsolètes et le manque de relève des enseignants », déplore Gédéon Rajaonson, président du conseil d’administration du CNEF-BTP, le Centre national emploi-formation des métiers du bâtiment. 

« Les formations existantes sont inadaptées aux nouvelles techniques mises en œuvre dans le BTP, notamment au niveau des CAP », confirme Camille Paquet, chargée de projet à l’agence AFD d'Antananarivo.  Les lycées ont peu de moyens, notamment pour réaliser des travaux pratiques... Une situation paradoxe pour un enseignement technique.

Un projet crucial pour toute l’économie

Toutefois, cette situation devrait bientôt évoluer : le 30 novembre 2018, date de la cérémonie annuelle de rentrée scolaire, le ministère chargé de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle (METFP) annonçait l’ouverture de treize nouveaux CAPS (Certificats d’aptitude professionnelle spécialisés) sur deux ans, dans cinq établissements techniques (Antananarivo, Antsiranana, Toamasina, Toliara et Mantasoa).

Cette annonce est une étape essentielle pour un projet d’envergure : Formapro-BTP. Ce projet est mené par une association, le CNEF-BTP, regroupant des représentants des secteurs publics et privés, dont le METFP mais aussi le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, le ministère des Travaux publics, ainsi que le Syndicat des entrepreneurs du BTP (SEBTP) et la Fédération nationale des petites et moyennes entreprises du BTP. Le soutien de l’AFD se fait par une subvention de 5 millions d’euros. 

Désormais, chaque année, 390 jeunes Malgaches pourront être formés aux métiers de maçon, plombier, carreleur, charpentier bois-couvreur, etc. 

Formapro-BTP a été conçu, dans une période de ralentissement de l’activité, pour soutenir la relance de l’économie par l’emploi, en mettant sur le marché du travail des personnes employables et compétentes.
 

Gédéon Rajaonson, président du conseil d’administration du Centre national emploi-formation des métiers du bâtiment et représentant du SEBTP.

L’ouverture de ces nouvelles filières est l’aboutissement d’un long travail, initié en 2011 : il a fallu définir les besoins en termes de métiers, de qualification, de contenu pédagogique, d’équipements, réhabiliter et équiper les ateliers, mais aussi former des enseignants. Cinquante enseignants ont été recrutés et formés à la pédagogie APC (Approche par compétences), notamment par des professeurs venus du lycée de l’Atlantique de Royan. La formation en alternance expérimentée au lycée technique de Toamasina est également une expérience nouvelle à Madagascar. 
 

Formation d'enseignants à Tamatave, Madagascar
Formation d'enseignants à Tamatave © Camille Paquet / AFD

Une collaboration inédite public-privé

Ce chantier s’est aussi déroulé dans le cadre d’un dialogue inédit entre secteurs public et privé, au sein du CNEF BTP. « Les acteurs publics et les organisations professionnelles ont œuvré ensemble dans la gestion et la gouvernance des dispositifs de formation, souligne Ernest Tsikel'Iankina, secrétaire général du METFP, les organisations professionnelles du BTP participant activement de la définition des besoins de formation, jusqu’à l’évaluation, en passant par l’élaboration des curricula, la réalisation de la formation par alternance ou par apprentissage ou encore la formation des formateurs ».

« Cette refonte du système de formation professionnelle constitue un formidable élan d’opportunités qui va enfin permettre de recruter du personnel qualifié à Madagascar, se réjouit Gédéon Rajaonson, pour réaliser des ouvrages de qualité. Cela devrait être motivant pour les jeunes qui vont bénéficier de nouvelles opportunités d’emploi. » Côté public, Ernest Tsikel'Iankina considère ce projet « comme un exemple à suivre pour d’autres types d’enseignement… ». De fait, le projet a été préfigurateur de la politique nationale de l’emploi et de la formation professionnelle adoptée en 2015. 

Un travail dans la durée

La formation professionnelle est un des secteurs de concentration de l’AFD à Madagascar, qui entend appuyer sa modernisation dans la durée : « Nous allons continuer à soutenir ces établissements : nous sommes en train d’instruire un nouveau concours financier pour 2019 sur 5 ans pour continuer à appuyer un réseau d’établissements pilotes », souligne Camille Paquet. 

« Seuls un effort soutenu et une continuité des actions peuvent apporter de résultats tangibles, car le développement de Madagascar est une œuvre de longue haleine », conclut Gédéon Rajaonson.

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