Partager la page
Publication du rapport de Santé mondiale 2030 : « Action climatique et santé : une même urgence, des bénéfices partagés »
Publié le
Amélioration de la qualité de l’air, promotion des mobilités actives ou évolution des régimes alimentaires vers une meilleure qualité nutritionnelle… Les politiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre peuvent avoir des implications multiples, très souvent bénéfiques à court terme, pour la santé publique, comme le montre la recherche scientifique. Dix ans après l’Accord de Paris, moment clé de l’engagement des Etats en faveur de l’action climatique, ces bénéfices restent pourtant insuffisamment pris en compte dans les politiques publiques.
Le think tank Santé mondiale 2030 communique aujourd’hui, en partenariat avec l’Agence Française de Développement, une synthèse des connaissances scientifiques documentant la convergence entre gains climatiques et bénéfices en santé publique, tout en analysant ce que l’approche par la santé peut apporter aux débats sur la transition écologique.
L'objectif de maintenir le réchauffement sous le seuil de 2°C, voire 1,5°C, apparait de plus en plus compromis. La désinformation climatique gagne du terrain, tandis que la notion de "backlash écologique" se déploie dans la sphère médiatique et politique. Dans ce contexte, parler du climat à travers le prisme de la santé devient essentiel et ouvre nouvelles perspectives pour lutter contre le dérèglement climatique.
C’est dans cette perspective que le think tank Santé mondiale 2030 publie aujourd’hui une synthèse scientifique des co-bénéfices sanitaires induits par l'action climatique. Pour Jean-François Delfraissy, son président, cette note vise à replacer ces convergences au cœur de l’agenda politique :
« L’urgence climatique est aussi une urgence sanitaire, comme nous l’a rappelé la journée de la COP30 consacrée à la santé. Mais ce que nous voulions aborder par cette note, c’est également que le secteur de la santé peut porter un message original face à cette crise. Entre action climatique et santé, les bénéfices sont partagés ».
Fondée sur une synthèse des études conduites dans les champs de l’épidémiologie et de la santé environnementale, mais également sur des cas d’étude, la note met en évidence les multiples secteurs dans lesquels les politiques climatiques peuvent générer des gains de santé publique : qualité de l’air et des régimes alimentaires, transports, salubrité des logements, etc. Autant d’éléments qui soulignent l’importance de concevoir les stratégies climatiques non seulement comme des leviers de réduction des émissions, mais aussi comme des opportunités d’amélioration rapide et tangible de la santé publique.
Des bénéfices sanitaires rapides, locaux et favorables à la justice climatique.
Pour Kévin Jean, épidémiologiste à l’Ecole Normale Supérieure et coordinateur de la note :
« Certaines actions, comme le développement des mobilités actives – marche et vélo - ou la transition vers des régimes alimentaires durables, présentent des effets sur la santé bien plus locaux et rapides que les effets climatiques qui s’observent à plus long terme. »
La santé comme nouveau langage pour parler d’enjeux climatiques
La synthèse met en avant trois caractéristiques majeures de co-bénéfices pour la santé des politiques de neutralité carbone :
- Des bénéfices de court terme pour la santé, mesurables quelques mois ou années après leur mise en place, bien plus rapidement que leurs effets sur le climat.
- Des bénéfices locaux, qui profiteront avant tout aux populations des régions ou pays ayant adopté ces mesures
- Des bénéfices directs, qui ne dépendent pas, ou peu, des actions mises en place dans les autres pays.
« Quand on parle des co-bénéfices pour la santé des actions climatiques, l’argument selon lequel il ne servirait à rien d’agir en France parce qu’on ne représente qu’1% des émissions devient inopérant » analyse Kévin Jean.
Pour Lucie Adélaïde, épidémiologiste à Santé mondiale 2030 et co-autrice de la note : « Intégrer les co-bénéfices en santé dans les politiques climatiques peut renforcer engagement et améliorer l’adhésion des populations. Pour une même mesure, les messages sanitaires peuvent mobiliser davantage le public, les relais d’opinion et les décideurs, y compris les moins sensibles aux enjeux climatiques. »
L’approche par les co-bénéfices sanitaires pourrait aussi permettre de réduire les inégalités sociales selon Micheline Pham, co-autrice de la note : « Plusieurs études montrent que des politiques générant des co-bénéfices sanitaires peuvent réduire les inégalités sociales de santé. Si l’accessibilité de ces politiques est pensée en amont, elles peuvent constituer des véritables mesures de justice sociale. »
Pour Agnès Soucat, responsable de la Division Santé et Protection sociale de l’Agence Française de Développement et membre du think tank Santé mondiale 2030 : « Le changement climatique n’est pas seulement un enjeu environnemental. Il est la plus grande menace pour la santé de l’humanité. Ses effets sont déjà profonds et creusent les inégalités, touchant de manière disproportionnée les populations vulnérables des pays à revenu faible et intermédiaire. »
La note est disponible en suivant ce lien