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Recherche sur les transitions écologiques
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Nos équipes de recherche s’intéressent aux façons de repenser les trajectoires de développement, en y intégrant aussi bien les dimensions sociales et économiques que les aspects environnementaux, et mobilisent pour cela des outils d'analyse et de modélisation macroéconomique afin d'éclairer la prise de décision. Elles s'intéressent également à la finance durable et au rôle des acteurs financiers dans la transition.
En 2015, la communauté internationale a adopté l’Agenda d’Addis-Abeba sur le financement du développement, l’Accord de Paris sur le climat et l’Agenda 2030 pour les Objectifs de développement durable (ODD). Ces accords structurent une nouvelle manière de concevoir le développement, à l’intersection de l’économie, de l’environnement et du social. Ce changement de paradigme appelle à repenser l’intégration des limites planétaires dans les trajectoires de développement, ainsi que le rôle des acteurs financiers.
Comprendre les trajectoires de développement
Nous soutenons des recherches qui visent à doter les décideurs et les citoyens d’outils et d'analyses fiables pour évaluer si la trajectoire de développement d’un pays est soutenable – ou non.
Malgré plus de cinquante ans de travaux scientifiques et de nombreux sommets internationaux, il demeure difficile d’évaluer simplement et rigoureusement l’état de l’environnement. Les outils d’analyse existants présentent souvent des limites : définition incomplète de la soutenabilité environnementale, absence de données ou d’indicateurs pertinents... Cette incertitude complique l’analyse des trajectoires de développement, dans un contexte d'effondrement de la biodiversité et de dérèglements climatiques majeurs.
Pour garantir que les engagements en matière de développement durable soient réellement tenus, nous plaidons pour une approche robuste et exigeante de la soutenabilité appliquée aux trajectoires de développement : celle de la soutenabilité forte. Les outils d'analyse que nous développons s'en font l'écho.
Cette approche repose sur trois grands principes directeurs :
- La réfutation a priori que capital naturel, capital social et capital économique peuvent se substituer l'un à l'autre.
- Le besoin de mener des analyses multidimensionnelles, pour identifier les complémentarités, mais aussi les tensions, entre différents objectifs et indicateurs de développement.
- L'importance de construire un "construit social", une vision partagée sur le bon état souhaitable et sur les trajectoires pour l'atteindre.
Pour aller plus loin, lire le papier de recherche :
Appréhender les trajectoires de développement à l’aune de la soutenabilité forte
Dans le cadre de son engagement en faveur de la soutenabilité forte, l’AFD soutient le développement d’outils d’analyse permettant de mieux comprendre les interactions entre les dimensions économiques, écologiques et sociales des trajectoires de transition. Ces travaux contribuent à l'élaboration de scénarios qui tiennent compte de cette triple dimension des transitions.
Quelques outils au service de l'action :
- Mesurer la soutenabilité environnementale d'un territoire
L’indicateur ESGAP (Environmental Sustainability Gap) évalue l’écart entre l’état actuel de l’environnement et un « bon état environnemental », défini selon des standards biophysiques. Cet indicateur met en lumière le chemin à parcourir et constitue un outil d’aide à la décision pour orienter les politiques publiques vers des trajectoires de développement durable. Il a été testé en Nouvelle-Calédonie, au Kenya, au Vietnam, en Colombie et en Afrique du Sud.
- Anticiper les impacts physiques du changement climatique et des pressions sur l'environnement
L’AFD soutient des travaux de recherche visant à mieux comprendre les impacts physiques liés aux dérèglements climatiques et aux pressions humaines sur les ressources naturelles, afin d’anticiper les effets de ces changements sur les sociétés et les écosystèmes.
- Evaluer les risques financiers et socio-économiques liés à la nature
L’AFD développe des méthodes pour évaluer les risques liés à la perte de biodiversité, qu'ils soient physiques (c'est-à-dire liés à la dégradation des services écosystémiques) ou de transition (c'est-à-dire liés à l’évolution des politiques publiques, des normes ou des comportements visant à réduire les pressions sur la nature).
Ces analyses permettent aussi d’accompagner les banques publiques de développement dans l’évaluation de ces risques dans leurs portefeuilles de dette souveraine et non souveraine.
D’autres travaux abordent l’opérationnalisation des transitions et changements transformateurs appelés par l’IPBES, avec l’analyse des liens ou des tensions qui peuvent exister entre différents impératifs (préservation de la biodiversité, réduction des émissions carbone, etc.).
Ces travaux étudient notamment les vulnérabilités environnementales et climatiques, les dommages climatiques, ainsi que l’intégration (mainstreaming) de la biodiversité dans certains secteurs économiques. C'est notamment le cas du programme ECOPRONAT.
Focus sur ECOPRONAT
Le programme de recherche ECOPRONAT vise à favoriser, sur la base des enseignements de la recherche, le développement d’une économie pro-nature :
- en développant des connaissances et des méthodologies pour intégrer la biodiversité dans les politiques et différents secteurs d’intervention du groupe AFD ;
- en mobilisant des ressources financières pour opérer ces changements ;
- en renforçant les capacités des chercheurs des pays du Sud et fournir un accompagnement au changement des partenaires de l’AFD.
Modéliser les impacts économiques des transitions
Les trajectoires de développement durable sont au cœur de nombreux débats politiques : contributions nationales des États à l’Accord de Paris et trajectoires Net Zéro, objectifs de transition juste, convergence de trajectoires climat-biodiversité, etc. Ces trajectoires combinent pour la plupart des aspects climatiques, écologiques, sociaux, technologiques, économiques, financiers et politiques.
Nous proposons de les analyser au prisme d’un principe de soutenabilité forte que l’on peut résumer par la question : comment respecter les maximums écologiques tout en garantissant des minimums sociaux et en assurant une stabilité macroéconomique ?
L’AFD a élaboré deux outils de modélisation quantitative – les outils GEMMES et ESTEEM – afin d’étudier les dimensions macroéconomiques de la transition écologique.
Mobilisant le concept de soutenabilité forte, les scénarios de modélisation intègrent les risques financiers et monétaires liés aux effets du réchauffement climatique, des bouleversements écologiques et des politiques de transition. Ces outils visent à éclairer la prise de décision macroéconomique en tenant compte des enjeux environnementaux les plus urgents et des déséquilibres systémiques.
Mobiliser la finance durable
En lien avec des centres de recherche, universités et partenaires internationaux, nous consacrons des projets de recherche au rôle des acteurs financiers de la transition et à la façon dont leur vision stratégique, leurs produits financiers et leurs outils d’analyse doivent s’adapter à un paysage en évolution.
L’agenda d’Addis-Abeba, l’Accord de Paris sur le climat et l’Agenda 2030 questionnent particulièrement le secteur financier, public comme privé. Il est en effet attendu que ce dernier soit partie prenante du changement. Or, l’intégration de l’environnement dans les décisions d’investissement, qui est devenue la forme prédominante de la finance durable, avance dans la bonne direction, mais à un rythme qui n’est pas assez rapide.
Au-delà du climat, cette réalité justifie un approfondissement de la réflexion pour comprendre comment le financement des ODD peut unifier la réflexion sur le développement, pour donner au choix politique un éclairage raisonné. Les approches d’investissements fondées uniquement sur la rentabilité financière ne peuvent plus fonctionner.
Les banques publiques de développement, qui sont à l’interface du public et du privé, constituent un premier pilier de notre réflexion.
Le Global Research Network (GRN)
En 2020, sous l’impulsion de la coalition Finance en commun, l’AFD a structuré un groupe de recherche international qui rassemble une trentaine de chercheurs et de think tanks. Le GRN produit des travaux de recherche originaux afin de nourrir le dialogue de politiques publiques sur les banques publiques de développement.
Le deuxième pilier de notre réflexion est centré sur la question de la responsabilité de la finance privée, à travers l’évolution de la mesure de ses impacts sur la nature et la biodiversité (TNFD), et de l’effet de levier de l’aide publique au développement dans l’orientation des flux (blended finance) ou dans l’élaboration de nouveaux référentiels permettant de quantifier les financements favorables aux ODD.
La recherche sur les transitions écologiques en chiffres
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5 territoires ont fait l’objet d’un diagnostic de soutenabilité environnementale forte via l’ESGAP
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8 pays développent des modèles Gemmes pour documenter leurs trajectoires de long terme