Le Burkina Faso est un pays agricole confronté aux rudes conséquences des changements climatiques : épuisement des sols, régression accélérée de la végétation. De nombreuses familles qui vivent surtout des produits de la terre sont ainsi menacées de famine. Grâce à l’agro-écologie, elles s’adaptent et améliorent leur sort.

Depuis plusieurs années, les lignes de précipitation du Burkina Faso se sont déplacées du Nord vers le Sud. Avec des saisons pluvieuses de plus en plus courtes et des pluies de plus en plus violentes qui provoquent l’érosion des sols et des inondations.

Dans le nord du pays, des agriculteurs comme Ronga Oudréaogo se battent chaque jour pour apporter une réponse à cette nouvelle donne due au changement climatique, avec l'aide de l’Association pour la recherche et la formation en agro-écologie (Arfa) et de l’AFD. Objectif : produire des fruits et légumes de qualité en utilisant des méthodes innovantes et totalement bio.

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Vendre et vivre du bio
Burkina Faso, agro-agriculture, Israël Guébo

 

Rengba, 39 degrés. Dans ce petit village situé dans le nord du Burkina, l’harmattan, ce vent très chaud et sec, pointe déjà son nez. Ronga Ouedraogo, la cinquantaine révolue, donne quelques coups de sa houe, la daba, pour ôter les mauvaises herbes au milieu de son potager où rayonnent des fruits et légumes. Ici, tout est bio. Mil, sorgho, haricot. 

« Actuellement, c’est la période de la production des pommes de terre », explique Ronga. « Vers la fin du mois de janvier ce sera de l’oignon. Et en juin c’est du maïs, du piment, de l’aubergine et des pieds de patates. » Sur son hectare et demi de terre, Ronga cultive plusieurs produits selon la période. Il joue sur la rotation des cultures : « Ça permet de garantir la productivité et ça améliore la fertilité du sol. » Une technique imparable pour réagir aux saisons devenues irrégulières et aux pluies qui se raréfient. 

Ronga Oudréaogo combine d’autres techniques pour améliorer la fertilité du sol. Par exemple, l’agroforesterie. Cette technique qui consiste à laisser pousser - ou à planter - des arbres au milieu des champs. Objectif : agir positivement sur des facteurs aussi déterminants que l’eau, le sol, le climat, la biodiversité… Mais l’expérimenté agriculteur va plus loin. Il utilise aussi du compost, fabriqué par ses soins à partir de débris de végétaux comme les tiges de maïs : « Ici, nous bannissons tout ce qui est chimique. Nous faisons le montage dans nos propres compostières. »

 

Burkina Faso, compost, Israël Guébo
Compost bio.

 

 

 

 

Un sillon porteur

 

Le plus gros challenge pour ce père de trois enfants est d’arriver à écouler sa production sur les marchés, déjà envahis par d’autres fruits et légumes plus gros en apparence, mais plus enrichis en engrais et autres matières chimiques. « La concurrence est rude », avoue l’agriculteur. Heureusement, les mentalités évoluent : « Avant, les gens ne comprenaient pas pourquoi ils devaient choisir nos légumes bio. Mais ces dernières années, ils les demandent de plus en plus », apprécie Ronga. 

Cette nouvelle tendance est le résultat du travail de l’Arfa, soutenue par l’AFD. Celle-ci s’est lancée dans une vaste campagne de sensibilisation et de promotion de l’agro-écologie et du bio auprès des populations. Avec un bilan actuel de 40 villages touchés et plus de 1800 paysans convertis à la culture du bio, l’association se déploie à travers le Burkina Faso dans le nord, l’est et centre-est du pays. Et accentue son travail sur la promotion de l’agro-écologie en se basant sur deux axes : l’aspect social, et les techniques agricoles. Pour que d’autres agriculteurs - et consommateurs - continuent à rejoindre le sillon du bio creusé par Ronga Oudréaogo.