L’évolution profonde du secteur de l’électricité et de ses métiers est l’un des piliers de la réussite de la transition énergétique des pays en développement. La croissance économique de ces États induit une hausse de la demande et de l’accès aux services énergétiques impliquant des investissements dans les infrastructures. « Mécaniquement, ce développement entraîne un accroissement des besoins en main-d’œuvre spécifique et des emplois dans le secteur de l’énergie », souligne Mathilde Bord-Laurans, responsable de la division Énergie à l’AFD.
Maillon faible de ce processus, la formation aux métiers de l’énergie est souvent négligée. Dans bon nombre de pays d’intervention de l’Agence française de développement, les dispositifs de formation existants restent trop faibles, trop théoriques et peu adaptés aux réalités des métiers des sociétés d’électricité.
À la demande des États ou des compagnies d’électricité, plusieurs projets soutenus par l’AFD soutiennent la consolidation de ces dispositifs. Ils permettent la formation d’une nouvelle génération de techniciens et d’ingénieurs aux connaissances adaptées aux évolutions du secteur, ainsi qu’un renforcement des compétences des actifs qui y interviennent déjà.
Renforcer l’existant à bon escient
Les métiers de l’électricité sollicitent des profils multiples et requièrent des niveaux de formation différents, dans des domaines d’activités variés. « La production d’énergie, le transport et la distribution intègrent des métiers spécifiques qui changent rapidement en fonction des évolutions technologiques », confirme Adam Ayache, chef de projet de la division Énergie de l’AFD.
Ce dernier cite également les métiers de l’exploitation qui gèrent la production et le réseau de transport d’électricité en temps réel, la maintenance des infrastructures, ou encore la relation client dans les compagnies de transport et de distribution. On estime qu’environ le tiers des métiers des sociétés d’électricité requièrent des compétences spécifiques au secteur de l’électricité, là où les autres font appel à des compétences transverses, pouvant par ailleurs nécessiter un très haut niveau de qualification.
L’AFD encourage la promotion de dispositifs permettant de développer des compétences locales pour assurer la performance des systèmes énergétiques. Les projets soutenus ouvrent aussi des perspectives en termes d’emplois décents dans un secteur en pleine évolution et à fort potentiel économique.
« Il ne s’agit pas uniquement de former en masse, mais aussi de bien former, insiste Antoine Belosselsky, chef de projet Formation professionnelle à l’AFD. Il s'agit de contribuer à l’effectivité des politiques énergétiques, notamment par la mise à disposition de capital humain adapté après avoir anticipé les besoins et mis en œuvre des programmes de formation en adéquation. »
Exemple en Mauritanie où l’AFD appuie la Somelec, l’opérateur de référence du pays, dans le renforcement des capacités de ses ressources humaines en réhabilitant son école des métiers. En parallèle à ce soutien, l’Agence française de développement contribue aussi à la mise en place d’un cadre de concertation sectoriel porté par le ministère mauritanien de l’Enseignement technique pour favoriser le dialogue entre les acteurs publics et privés du secteur afin de mettre en place des formations adaptées aux besoins de chacun.
Ailleurs, comme au Nigéria par exemple, l’AFD soutient la structuration des organisations professionnelles qui font progresser le secteur et défendent les intérêts de ses acteurs.
De nouvelles compétences pour de nouveaux métiers
Un des autres enjeux de ce secteur est générationnel. Comme le souligne Mathilde Bord-Laurans, « pour aller au-delà d’une simple cohabitation entre deux générations, il s’agit d’opérer un transfert de compétences entre des employés jeunes formés au numérique et une génération plus expérimentée, qui connaît bien le réseau, mais ne maîtrise pas la digitalisation des métiers. »
Les changements imposés par la transition énergétique et la montée en puissance des énergies renouvelables impliquent l’évolution technologique du secteur et l’intégration du numérique. Cette mutation nécessite de nouveaux équipements qui requièrent de nouvelles compétences pour répondre à la création de nouveaux métiers.
« En parallèle, certains métiers et certaines tâches se transforment, voire disparaissent, note Antoine Belosselsky. Notre rôle est aussi d’accompagner nos partenaires à mieux anticiper et de gérer les conséquences sociales de la transition énergétique. »
Ainsi, au Burkina Faso, l’exploitation massive de l’énergie solaire intégrée au réseau est une innovation pour la Sonabel qui représente aussi une opportunité d’emploi pour les jeunes. Pour opérer cette transition, l’AFD accompagne cet opérateur national dans le renforcement des compétences de son personnel aux métiers du solaire et l’aide à faire face aux problématiques plus générales liées aux départs à la retraite et au recrutement de la nouvelle génération.
Trop peu de femmes formées aux métiers de l’énergie
« Dans les métiers du secteur de l’énergie, les stéréotypes de différences de compétences entre les femmes et les hommes restent tenaces », remarque Camille Le Thuc, responsable des questions de genre à la division Énergie de l’AFD. Inégalité de force physique, frein de la maternité pour mener à bien sa carrière : ces éléments ne doivent pas faire barrière à la place faite aux femmes dans les métiers liés à l’énergie.
« La digitalisation des tâches leur permet d’intégrer plus facilement ce secteur, estime par ailleurs Camille Le Thuc. Il est aussi très important de travailler sur la formation des femmes et surtout de les attirer vers des études pour lesquelles elles ne se sentent pas forcément destinées. » L’Agence française de développement est également engagée dans la réduction des inégalités femmes-hommes appliquée au secteur de l’énergie et se mobilise pour y améliorer l’employabilité des femmes, en proposant à ses partenaires un soutien financier dédié au genre. Dans tous les domaines, l’énergie se renouvelle.