La crise sanitaire liée à la pandémie a frappé de plein fouet les pays asiatiques, et notamment les plus pauvres d’entre eux. L’activité du Professional Training for Entrepreneurs n’a pas été épargnée et des centaines de jeunes âgés de 17 à 24 ans ont été contraints d’arrêter de se rendre dans leur Life Project Center, où ils reçoivent un accompagnement dans la construction de leur projet professionnel, l’identification de leurs qualités et l’acquisition de savoir-faire professionnels. Parmi ces centres LP4Y, ceux de Mumbai, Chennai, Bangalore, Raipur en Inde, Katmandou au Népal, Yangon en Birmanie et Dacca au Bangladesh sont co-financés par l’Agence française de développement (AFD) depuis 2017.
Poursuivre l’accompagnement des jeunes
Malgré l’interruption de certaines activités, LP4Y a redoublé d’efforts pour maintenir l’accompagnement des équipes encadrantes à distance tout en continuant à soutenir financièrement les jeunes du programme.
Intégré à la pédagogie LP4Y, le Life Project Money permet en temps normal aux jeunes de recevoir une indemnité hebdomadaire qu’ils apprennent à gérer avec l’aide d’un coach, afin de leur apprendre à être autonomes tout en anticipant leur intégration professionnelle. En dépit de la suspension des activités, les jeunes ont continué à percevoir l’indemnité, qui est devenue pour beaucoup l’unique source de revenus de la famille – les autres membres de la cellule familiale ayant perdu leur emploi à cause de la crise.
De bénéficiaires à acteurs
En parallèle, de nombreux jeunes du centre ont souhaité agir face à la crise et ont lancé des initiatives pour soutenir les populations les plus vulnérables et aider à mener des actions de sensibilisation auprès de leurs communautés.
Dans le sud-est de l’Inde, à Chennai, les jeunes du centre LP4Y ont traduit en tamil – la langue locale – toutes les consignes de sécurité afin de pouvoir les imprimer puis les placarder sur les murs des habitations du bidonville de Kannagi Nagar.
Avec l’aide d’une autre ONG, Oasis, ils ont affiché des infographies illustrant les gestes barrières dans 64 blocs du bidonville. Le rôle de ces jeunes est d’autant plus fort que les populations locales ont un accès limité à l’information à cause du manque de moyens et du taux d’illettrisme élevé. Ce sont près de 35 000 familles qui ont ainsi pu être informées de ces mesures d’hygiène et de sécurité.
Inspiré par cette initiative, un parent de l’un des jeunes s’est porté volontaire pour organiser une grande campagne de sensibilisation en porte-à-porte. Cette enquête grandeur nature visait notamment à repérer les personnes en difficulté (personnes âgées, handicapées, femmes enceintes, veuves) pour intervenir auprès d’elles. En parallèle, un plaidoyer a été mené pour garantir que les besoins des habitants de ces zones soient pris en compte dans les plans d’action alimentaire et sanitaire élaborés par les autorités de la ville.
À Yangon, en Birmanie, les jeunes LP4Y se sont eux rapprochés du Hlaing Thar Yar Youths Network, point d’entrée de toutes les actions entreprises au sein du bidonville du même nom. Ils participent ainsi à des formations d’une ou deux journées puis s’inscrivent sur une liste de bénévoles pour venir aider : distribution de masques, de nourriture, prise de température… Au total, ces trois dernières semaines, une quinzaine de jeunes se sont engagés à donner six heures de leur temps quotidiennement.
La sensibilisation via tous les réseaux
Au Népal, en plus des canaux de distribution alimentaire mis en place dans les quartiers les plus pauvres de Katmandou, les jeunes ont récemment imaginé une nouvelle manière de transmettre les gestes barrières via les réseaux sociaux, et notamment TikTok, une application mobile de partage de vidéos très prisée par les jeunes du monde entier. Alors que la majorité des utilisateurs dansent ou participent à des challenges, les jeunes LP4Y sensibilisent sur la distanciation sociale, l’importance du masque ou encore les directives d’hygiènes, le tout sous la forme de petites vidéos courtes et impactantes. Ce projet pilote est d’ailleurs en train d’être répliqué dans les nombreux centres que compte LP4Y à travers l’Asie.
Au total, ce sont plus de 100 organisations qui ont été contactées pour mettre en place des actions de solidarité. À chaque fois, les jeunes ont répondu présent aux défis qui se sont présentés à eux et ont démontré leur capacité à devenir des acteurs majeurs dans la quête d’un monde plus responsable.