Pour les plus modestes habitants de Rangoun, les infrastructures insuffisantes s’ajoutent à un risque économique élevé, lié à l’épidémie en cours. La plupart sont en effet des travailleurs journaliers qui ont vu leurs sources de revenus disparaître depuis le début de la crise, soit en raison de l’arrêt des activités économiques, soit en raison de décisions locales, comme la limitation des ventes alimentaires ambulantes dans les rues de Rangoun. Conséquence : ces travailleurs se retrouvent dans une situation de précarité extrême.
Le projet Bawa Pann Daing, financé par l’Agence française de développement (AFD) depuis 2017, vise à renforcer la résilience des quartiers informels de Rangoun. En plus de mener des études pour identifier les quartiers les plus vulnérables, deux ONG, Green Lotus et ActionAid, travaillent auprès des communautés – tout particulièrement dans le quartier informel Ward 67 – pour diversifier leurs moyens de subsistance grâce au développement du social business, défendre leurs droits et autonomiser les femmes.
Informer et sensibiliser
Face à l’épidémie de Covid-19 qui sévit en Birmanie depuis quelques semaines, ces deux ONG se sont mobilisées pour apporter une réponse d’urgence : les chefs de communauté du Ward 67 ont été mobilisés pour distribuer 3 000 savons et pour relayer les informations relatives au virus auprès des habitants, notamment les mesures de prévention et les gestes barrière efficaces, via des brochures produites par le ministère de la Santé birman.
Un groupe de discussion a également été créé sur l’application de messagerie instantanée Viber pour fluidifier le partage d’information entre les chefs de communautés et les ONG, en faisant remonter les besoins et en partageant les actions mises en place par le gouvernement local.
Subvenir aux besoins de première nécessité
Par ailleurs, pour faire face à l’augmentation de la pauvreté et de la vulnérabilité économique des populations de ces quartiers, les deux ONG recueillent les besoins des communautés en termes de produits de première nécessité. Par exemple, alertées sur une pénurie d’eau potable par le biais du groupe Viber, elles ont livré en une semaine plus de 68 000 litres d'eau à 2 000 ménages prioritaires.
Les communautés les ont également alertées sur leur manque de denrées alimentaires de base comme le riz, l'huile, les haricots et les pommes de terre. Cette fois-ci, c’est le gouvernement local qui a pris en charge la réponse d’urgence à cette demande. Le consortium d’ONG a quant à lui assuré la coordination et le suivi afin de garantir la complémentarité des actions mises en place.
Enfin, des actions de plaidoyer sont déployées pour s’assurer que les besoins des habitants de ces zones seront bien pris en compte dans les plans d’actions sanitaires élaborés par les autorités dans la ville de Rangoun.
L’AFD en appui aux ONG
Au-delà de cette initiative, l’AFD renforce ses appuis aux ONG pour faire face aux urgences liées à la crise du Covid-19, notamment au niveau sanitaire et alimentaire. 150 millions d’euros de dons seront ainsi mobilisés, en priorité pour le continent africain.
En outre, l’AFD prépare avec de nombreux gouvernements la réponse de plus long terme aux impacts sanitaires, sociaux, économiques et financiers de cette crise, en mobilisant 1 milliard d’euros sous forme de prêt. Ces financements pourront se concrétiser sous forme d’appuis à des politiques de santé, à des collectivités territoriales en difficulté, mais aussi d’appuis budgétaires à des plans de relance économique nationaux, par exemple. L’objectif étant de préparer, dès à présent, la reconstruction des systèmes les plus vulnérables et d’améliorer leur résilience.