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Entrepreunariat africain
L’ex-directeur général de l’Agence française de développement (AFD) Jean-Michel Severino, désormais président de Investisseurs & Partenaires, un ensemble de fonds d’impact dédié aux TPE-PME d’Afrique subsaharienne, revient sur la nécessaire priorité à l’investissement dans l’accompagnement de l’entrepreneuriat africain formel, en appuyant le changement de dimension des entreprises et start-up du continent. Extraits d’un entretien à retrouver dans le dernier numéro de la revue de Proparco « Secteur Privé & Développement », consacré au Nouveau Sommet Afrique-France organisé à Montpellier ce vendredi 8 octobre.
SPD
Lire l’intégralité de cet entretien dans Secteur Privé & Développement 

« […] Il faut aider les entrepreneurs africains à "monter à l’échelle" du passage à l’entreprise grandeur nature. Les instruments de rehaussement de rendement sont bien identifiés. Les intermédiaires susceptibles d’accompagner les entrepreneurs africains, incubateurs, accélérateurs, business angels, fonds d’investissement, etc., sont de plus en plus nombreux et professionnels. Le temps de l’innovation et des pilotes est en train de s’achever. Celui du "passage à l’échelle" approche. 

Il nécessite une reconnaissance formelle chez les décideurs publics comme privés de l’importance de cet enjeu et de sa nécessaire inscription parmi les priorités de l’agenda du développement. Cela permettra une mobilisation accrue, tant financière qu’humaine, des agences de développement, des institutions publiques de financement du secteur privé, mais aussi des fondations, des family offices, des entreprises privées opérant en Afrique, comme des banques et fonds d’investissement. 

 

Le Nouveau Sommet Afrique-France d’octobre 2021 sera sans nul doute une étape importante pour inscrire cette approche au cœur de l’agenda du développement. Le groupe AFD est particulièrement pionnier en la matière. 

Il a été continuellement innovant dans ce domaine, avec des programmes couvrant toute la gamme des besoins, comme le SIBC ou Afrique Créative pour l’accélération, ses programmes de prêts d’honneur au bénéfice des entreprises technologiques et bien entendu FISEA+, qui s’inscrit dans l’initiative Choose Africa et qui est un instrument remarquable du soutien à l’investissement d’impact. 

Ce dernier devra aussi relever le défi de la professionnalisation et du passage à l’échelle, tout en acceptant une indispensable redevabilité vis-à-vis des ambitieux objectifs de politique publique qui doivent conduire à une réalimentation financière que l’on doit souhaiter massive.


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Bien entendu, il demeure indispensable que les gouvernements africains prolongent l’effort d’amélioration de l’environnement des affaires qu’ils ont entrepris au cours des deux dernières décennies, stimulés par le fameux classement Doing Business de la Banque mondiale, et que tous ceux qui le peuvent les appuient en ce sens. 

Travailler en Afrique demeure très difficile pour tous, et particulièrement pour les entrepreneurs, face à la lourdeur encore trop importante des interfaces avec l’administration publique et la réalité d’une corruption omniprésente. 

Mais continuer à se concentrer exclusivement sur l’environnement des affaires, si l’on accepte l’importance de l’enjeu du renforcement du secteur productif et du tissu entrepreneurial pour répondre à la problématique de l’emploi, consisterait à se satisfaire de construire un stade de football et en entretenir la pelouse en espérant que cela suffise pour que des équipes se créent et qu’un match se joue : indispensable, mais insuffisant, on le voit bien. Ajoutons que l’heure n’est pas à un seul match. Il nous faut de nombreuses équipes pour une coupe des nations de l’emploi bien gagnante ! »