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Suppléance dans l’éducation_couv1

Le projet de recherche « Suppléance : nouvel espace de gouvernance endogène ? » se propose de produire des connaissances sur les services suppléants de l’État assurés par des acteurs, individuellement et collectivement, au nom de l’intérêt général. Le secteur de l’éducation, quatrième pilier du projet, s’intéresse aux « écoles sans papiers » en milieu urbain et rural. 
Offre spécifique d’éducation de proximité entrée dans les offres éducatives de nombreux pays dans les années 1990, les écoles suppléantes sont des structures éducatives transitoires qui assurent la continuité pédagogique dans les espaces sans offres éducatives publiques ou privées reconnues. Ces écoles ne sont pas enregistrées et ne bénéficient pas d’une reconnaissance étatique. Pourtant, beaucoup d’élèves transitent par ces écoles avant de s’inscrire dans des établissements publics ou privés habilités.
Ces écoles suppléent l’État dans sa mission de service public d’éducation et participent de l’extension de l’accès à l’école dans les quartiers périphériques et villages reculés. Elles naissent et se développent en marge de la réglementation scolaire et leurs promoteurs sont variés : des individus ou groupes d’individus, des associations, des opérateurs privés. Les offres sont de valeurs inégales, avec des infrastructures de fortune, et un personnel éducatif peu qualifié. 
Elles se distinguent des offres confessionnelles, notamment musulmanes, par leur caractère laïc mais également par les connexions qu’elles établissent avec les offres éducatives reconnues. Elles sont des organisations transitoires, destinées à se transformer soit en écoles publiques, soit privées selon le contexte d’implantation.
Ces écoles suppléantes sont pourvoyeuses d’emplois temporaires pour les enseignants retraités, et les jeunes diplômés qui y acquièrent une expérience professionnelle. Les populations adhèrent aux projets éducatifs de ces écoles et se mobilisent pour leur protection, leur maintien et leur réussite.
Les écoles suppléantes utilisent les programmes officiels, même si l’on observe des formes de bricolage et des raccourcis pédagogiques. Leurs promoteurs utilisent différentes stratégies pour s’assurer de la continuité pédagogique dans le parcours de leurs élèves et permettre leur inscription à des niveaux scolaires correspondants. 
Après quelques années d’exercice, les écoles suppléantes se transforment généralement en écoles privées, en milieu périurbain, alors qu’elles deviennent d’abord écoles communautaires, puis écoles publiques en milieu rural.
Le traditionnel monopole des autorités étatiques sur la carte scolaire et leur encadrement sur l’intervention des acteurs privés s’affaiblit ainsi, laissant voir une redéfinition des relations entre l’État et les communautés locales en matière d’éducation. Encadrées, ces écoles pourraient constituer des néoadjuvants pour renforcer et compléter l’action publique en matière d’éducation, dans des zones où les offres ne couvrent pas les demandes sociales.

pdf : 1.13 Mo
auteur(s) :
Moriké DEMBELE
scientific director :
Gilles HOLDER
coordinateur :
issn :
2492 - 2846
pages :
57
numéro :
309
disponible aussi en : fr
1.13 Mo (pdf)
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