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Kampala, centre de trafic
L’Agence française de développement (AFD) soutient la création d’un réseau de 12 villes africaines autour de leur transition numérique. Objectif pour ces municipalités : développer collectivement leurs compétences en matière d’outils et de services numériques pour devenir des « smart cities » durables et inclusives.

Parce qu’il est créateur de valeurs et d’emplois, parce qu’il permet de concevoir de nouveaux outils au service du développement durable, le numérique constitue l’une des six transitions que l’AFD s’est engagée à accompagner, en particulier en Afrique. Dans ce contexte, le groupe soutient depuis octobre 2019 la création du réseau African Smart Towns Network (ASToN). Cette initiative réunit 12 villes africaines autour d’un même but : créer des smart cities qui, via un usage intelligent des nouvelles technologies sur leurs territoires, proposent des outils et services adaptés au contexte local et aux besoins de leurs habitants.

Reprendre les rênes de la transition numérique grâce à ses pairs

Les villes participantes, sélectionnées après un appel à candidatures, sont les suivantes : Alger (Algérie), Bamako (Mali), Benguérir (Maroc), Bizerte (Tunisie), Kampala (Ouganda), Kigali (Rwanda), Kumasi (Ghana), Lagos (Nigéria), Maputo-Matola (Mozambique), Niamey (Niger), Nouakchott (Mauritanie) et Sèmè-Kpodji (Bénin). Chacune s’est fixé un défi numérique sur un thème donné :

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Le réseau ASToN va accompagner les municipalités de deux manières. Une partie du financement de l’AFD, qui s’élève au total à 2,995 millions d’euros pour deux ans et demi, sera directement gérée par les villes qui pourront s’entourer d’experts internationaux pour les accompagner dans les différentes phases du projet : diagnostic de maturité numérique, organisation de groupes locaux réunissant les parties prenantes du territoire (entreprises, associations, etc.), élaboration du plan d’action de transition numérique, puis expérimentation d’un prototype. 


Pour en savoir plus : le réseau ASToN sera présent au Forum urbain mondial 2020, à Abu Dhabi, où il organisera un networking event sur l’innovation inclusive dans les villes africaines le 12 février 2020 à 16 h 30.


Une autre partie du budget servira à organiser des temps forts de formation et de renforcement des capacités : workshops, universités d’été et autres rencontres avec des experts et temps d’échanges autour des expériences, des idées et des ressources développées. 

« L’objectif est que les villes apprennent les unes des autres, qu’elles acquièrent ou consolident collectivement leurs compétences numériques et s’approprient ou approfondissent la démarche de transition, expliquent Pierre-Arnaud Barthel et Fabien Gicguelay, chefs de projet à l’AFD notamment impliqués dans les enjeux du numérique pour les villes en développement. En diagnostiquant elles-mêmes, et avec les acteurs de leur écosystème, les besoins de leurs territoires, puis en définissant une stratégie numérique, ces villes sauront mieux exprimer leurs priorités et solliciter les bons acteurs pour y répondre. » 

Ces vastes cités se donnent ainsi plus de chances de tirer tous les bénéfices du numérique : amélioration de la performance des services municipaux, maîtrise des finances publiques, atteinte des objectifs environnementaux et climatiques, création d’opportunités d’affaires pour les entreprises et d’emplois pour les habitants, etc. Elles seront aussi plus à même de prévenir des risques comme la cybercriminalité ou le creusement des inégalités d’accès au numérique.

Des contextes divers pour des enjeux communs

Au sein d’ASToN, « certaines villes sont déjà très avancées dans leur transition numérique, tandis que d’autres commencent tout juste à prendre conscience du défi que cela représente. Mais c’est là tout l’intérêt de la démarche : que les premières partagent leur expertise avec les secondes, tout en bénéficiant des solutions qui émergeront du collectif », anticipe Simina Lazar, coordinatrice du réseau. 

La méthode n’est pas nouvelle : elle a déjà été éprouvée auprès de plus de 1 000 villes par le programme européen URBACT, hébergé en France par l’Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU). Mais ce programme étant dédié à la coopération au sein de l’Union européenne, il n’avait encore jamais testé sa méthode sur un autre continent. ASToN résulte ainsi d’un accord entre URBACT et l’AFD, financé à 100 % par cette dernière.

 


Un nouveau défi pour Kampala

Si la capitale ougandaise a accueilli la réunion de lancement d’ASToN, cela ne devait rien au hasard. La ville, qui a amorcé sa transition numérique dès 2012, a déjà plusieurs réalisations à son actif, notamment un service en ligne de collecte des impôts et un centre de contrôle du trafic routier en temps réel. Dans le cadre d’ASToN, elle souhaite relever le défi de la mobilité : « Trois millions de personnes viennent chaque jour à Kampala pour le travail, nous avons donc un sérieux problème d’embouteillages, explique Sarah Kanyike, adjointe au maire de Kampala. La ville veut mieux organiser les transports collectifs, aujourd’hui très morcelés. » Un enjeu commun à de nombreuses villes africaines qui explique pourquoi « la possibilité de partager sur des solutions adaptées au contexte africain est très pertinente » pour Kampala.


 

Kampala
Marché de Kumasi, au Ghana. La municipalité souhaite lancer une application pour faciliter la mobilité des commerçants et des usagers de cette place. © Pierre-Arnaud Barthel / AFD