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Afrique enfants natalité Madagascar
Dans son « Atlas de l'Afrique AFD » publié fin août 2020, l'Agence française de développement (AFD) interroge les dynamiques en cours sur le continent. Aujourd’hui, zoom sur l’évolution de la fécondité en Afrique, où le nombre d’enfants par femme baisse depuis 40 ans.

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Le taux de fécondité est une statistique complexe. En Afrique, il reste à un niveau élevé : 4,5 enfants par femme en 2017, soit le taux le plus élevé de tous les continents. Mais cela ne l’empêche pas de baisser depuis plus de 30 ans. En effet, entre 1980 et 2017, le taux de fécondité est passé de 6,6 à 4,5 enfants par femme en moyenne sur le continent africain.

Et ce taux diminue dans toutes les régions. Au Sahel par exemple, la région avec les indices de fécondité les plus élevés, le nombre d’enfants par femme est passé de 7 à 5,7 depuis 1980. La chute la plus spectaculaire concerne l’Afrique du Nord, où le taux a été divisé par deux en 37 ans, passant de 6 à 3 enfants par femme. L’Afrique australe et les pays de l’océan Indien poursuivent leur transition démographique avec un taux de fécondité actuel de 4 enfants par femme, et une tendance toujours à la baisse.

Si la croissance de la population africaine est plus élevée que dans le reste du monde, la diminution du taux de croissance démographique – le rythme de progression de la population – est déjà engagée. Cette baisse s’effectue en revanche à un rythme légèrement plus lent, jusqu’à présent, par rapport à ce qui est observé dans d’autres régions du monde.


Lire aussi : « Atlas de l'Afrique AFD » : pour un autre regard sur le continent 


L'analyse de Serge Rabier, chargé de recherche Démographie et Genre à l’AFD :

« C’est une baisse tendancielle que les autres continents ont aussi connue depuis deux siècles. Plusieurs facteurs permettent de l’expliquer. Tout d’abord, l’augmentation de la part de la population qui habite en ville : les citadins ont moins d’enfants que les autres parce qu’ils vivent dans des logements plus petits, parce qu’ils ont un comportement plus consumériste et qu’ils peuvent moins se reposer sur une communauté qu’à la campagne.

Ensuite, il y a l’évolution de l’emploi des femmes : celles-ci travaillent davantage dans des endroits qui ne leur permettent pas d’emmener leurs enfants, contrairement au travail aux champs par exemple. Il y a aussi la progression de l’éducation des jeunes filles : les filles instruites ont une meilleure compréhension de leurs droits en matière de contraception et de ce que cela peut signifier pour leur autonomisation économique et sociale. Enfin, il y a la réduction de la différence d’âge entre les conjoints : elle implique un partage plus grand de valeurs modernes, et donc une aspiration plus faible à avoir beaucoup d’enfants.

En Afrique du Nord, la baisse du taux de natalité est également due à des politiques volontaristes de planning familial, couplées à des réformes du droit privé de la famille – extension du droit des femmes, divorce… – ayant entraîné une plus grande autonomisation des choix reproductifs des femmes.

Cela dit, la baisse du nombre d’enfants par femme n’empêche pas la population de poursuivre son augmentation en Afrique, puisque le taux de fécondité reste élevé. La question est aujourd’hui de savoir s’il est possible d’accélérer la baisse de la fécondité. Comme il n’est pas acceptable de limiter le nombre d’enfant par femme de manière coercitive – politique de l’enfant unique en Chine – ou autoritaire – stérilisations de masse en Inde – on privilégie plutôt une double action : sur la demande, en faisant évoluer les normes natalistes, et sur l’offre en matière de contraception en améliorant l’accès à l’information, aux produits et aux services. Autant d'éléments qui devraient participer à freiner l'accroissement démographique du continent. »


Lire aussi : « Le basculement démographique du monde comme nouvel horizon du développement »


Pour aller plus loin :

atlas afrique afd couvertureAtlas de l'Afrique AFDPour un autre regard sur le continent africain, éditions Armand Colin, 25 euros.