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Le changement climatique a déjà des conséquences lourdes dans les petits États insulaires en développement (PEID) des Caraïbes et de l’océan Indien. L'élévation du niveau de la mer et les impacts de catastrophes hydro-métrologiques de plus en plus fréquentes et intenses menacent les populations, les infrastructures économiques et les services de base. Il est urgent de repenser les villes insulaires comme des territoires d’innovation de la résilience climatique. À l’approche du Forum urbain mondial de Katowice en Pologne, retour sur les approches déployées par le programme AdaptAction.

Alors que les PEID émettent moins de 1 % des gaz à effet de serre mondiaux, leur géographie les rend particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique. Les risques actuels et futurs sont exacerbés pour les villes côtières de ces pays. L’élévation du niveau de la mer, des événements extrêmes plus intenses et fréquents, ainsi que la fragilité socioéconomique des contextes urbains insulaires en croissance rapide accentuent le risque d’inondations, de glissements de terrain, de sécheresses et d’autres catastrophes naturelles.

Ainsi, dans les Caraïbes, les littoraux, particulièrement sujets aux submersions marines et à l’érosion, concentrent les principales infrastructures, les activités économiques et 70 % de la population. D’après le Stockholm Environment Institute, le coût annuel de l’inaction dans les Caraïbes devrait s’élever à 22 milliards de dollars par an d’ici 2050 et à 46 milliards de dollars d’ici 2100, soit 10 % et 22 % du PIB de la région.


En savoir plus : le Forum urbain mondial de Katowice, du 26 au 30 juin



Concevoir des territoires urbains résilients, inclusifs et pro-nature

Comme l’affirme le GIEC, la pauvreté et les inégalités sont des déterminants de vulnérabilités face aux risques climatiques, tandis que les écosystèmes peuvent y apporter des solutions. La planification des territoires urbains est une opportunité de réaliser ce jeu à somme positive entre adaptation, société et nature. Permettre ces co-bénéfices suppose un développement intégré des territoires, prenant en compte les différents usages de l’espace, leurs interactions et les risques qu’ils rencontrent. La modélisation, la cartographie et l’analyse fine des risques climatiques spécifiques rencontrés par chaque territoire en est une première étape primordiale. Elle est d’autant plus essentielle pour les villes, l’environnement urbain se caractérisant par sa sensibilité aux processus météorologiques, hydrologiques et environnementaux à petite échelle. Parce que les projections climatiques sont peu traduites en modèles d’impact au niveau des territoires, celles-ci sont sous-utilisées par les institutions et les acteurs locaux.

À Cuba, le programme AdaptAction porté par l’Agence française de développement (AFD) a fourni aux autorités de la province de Cienfuegos des données précises sur les risques actuels et futurs de submersion marine, inondations fluviales et sécheresses. Ces travaux ont permis d’identifier les trois quartiers les plus à risques, et de prioriser des actions d’adaptation fondées sur la nature. Ce nombre passerait à six quartiers d’ici 2100 selon les projections les plus pessimistes.


Lire aussi : Un standard mondial pour les Solutions fondées sur la nature


À Maurice, AdaptAction a accompagné la cartographie de risques d’inondation, d’érosion côtière et de submersion marine de six sites prioritaires. Les stratégies de résilience élaborées sur cette base promeuvent une gestion du territoire « de la montagne au récif corallien », pour une protection et une mise en valeur des services fournis par les différents écosystèmes.

Penser et faire la ville résiliente : une construction participative

Parce qu’elle suppose une compréhension commune des risques, ainsi que des compromis et des interactions entre les différents usages du sol, cette planification intégrée nécessite l’implication de la diversité des parties prenantes au territoire (gouvernement, collectivités, secteur privé, population…).

Aux Comores, l’élaboration du Schéma d’aménagement territorial (SAT) de l’île de Mohéli accompagné par AdaptAction a été l’occasion d’un large diagnostic participatif et d’un examen du projet de territoire par la population, lors d’une enquête publique en mairies et itinérante. L’exercice a notamment permis une sensibilisation des acteurs aux zones à risques, et ainsi facilité l’acceptation des zones inconstructibles ou réservées aux solutions d’adaptation fondées sur la nature. Le SAT fournit également une trame essentielle pour les futurs investissements à réaliser.

Accompagner les acteurs vers un nouvel urbanisme transformationnel

Face aux impacts majeurs qui sont anticipés, le GIEC préconise d’envisager des transformations profondes des territoires avec des approches dites « transformationnelles », au-delà, donc, des approches conduites jusqu’ici qui visent à maintenir l’intégrité des territoires face aux risques. L’adaptation transformationnelle doit ainsi reposer sur des solutions innovantes, une planification intégrée et des réponses multifonctionnelles. Cela passe nécessairement par la formation des aménageurs et professionnels de l’urbain.

Pour amorcer cette transition, un cours en ligne bilingue anglais-français a été élaboré à l’intention des étudiants et des professionnels de l’aménagement, avec l’appui d’AdaptAction auprès de l’Oeco. L’étude menée par AdaptAction a aussi recommandé la création d’un centre d’excellence régional pour des villes résilientes au climat. Ce centre d’excellence placerait les Caraïbes à l’avant-garde internationale de l’enseignement sur cet enjeu crucial. Il permettrait de soutenir un modèle éducatif décentralisé, capable de répondre aux besoins de connaissances, de compétences et d’apprentissage tout au long de la vie à l’échelle régionale, et d’attirer des investissements en faveur de la recherche et du développement.

Pour répondre aux enjeux d’adaptation des territoires urbains insulaires, AdaptAction s’associe aux acteurs qui font et qui vivent la ville pour promouvoir une approche intégrée de la résilience urbaine tout en créant un environnement favorable aux investissements d’adaptation.