Rapport Évaluations 2023
Notre activité en chiffres et en images
En savoir plus
|
À Madagascar, les forêts – qui couvrent 18,5 % du territoire national – sont menacées par la déforestation. En cours depuis 2008, le Programme holistique de conservation des forêts (PHCF) a pour objectif d’endiguer ce phénomène et d’améliorer les conditions de vie des populations. Les trois évaluations qui ont eu lieu depuis le lancement du programme (à la fin de sa phase 1 en 2011, puis à mi-parcours de sa phase 2 en 2017, et enfin de façon ex post en 2018) ont permis de réorienter certaines interventions pour améliorer leur impact.
Lire aussi : Le rapport des évaluations 2021-2022
« Des clés pour améliorer les résultats »
L’évaluation de la phase 1 a montré que la dispersion des cinq sites d’intervention originels était problématique « pour le suivi des activités de conservation et de leurs résultats, mais aussi pour la gestion et l’allocation des ressources humaines », explique Léa Poulin, chargée d’évaluation à l’AFD. La phase 2 s’est donc recentrée sur deux sites et la phase 3 ira encore plus loin, en se concentrant sur le massif de Beampingaratsy uniquement.
Suite à cette première évaluation, l’approche par activité a été remplacée par une approche communautaire. Désormais, le PHCF mise sur la création de Communautés de base (Coba), leur sensibilisation et leur formation pour optimiser la gestion des forêts. À l’issue de l’évaluation à mi-parcours de la phase 2, ces structures ont été dotées de moyens techniques et financiers pour leur permettre d’être opérationnelles et pérennes.
Lire aussi : Pourquoi nous devons continuer de préserver les forêts
Enfin, l’évaluation de la phase 1 recommandait d’élaborer un système d’information géographique pour localiser facilement les activités et introduire des indicateurs de suivi de la biodiversité. Des études menées durant la phase 2 ont permis d’identifier les zones prioritaires pour la conservation des espèces cibles, dont l’intérêt a été confirmé par l’évaluation finale : la précision des cartes produites a contribué à mieux comprendre les dynamiques de déforestation. « Les évaluations réalisées jusqu’ici offrent un regard objectif sur ce qui a plus ou moins bien fonctionné dans le cadre du PHCF, explique Matthieu Tiberghien, codirecteur de l’ONG Nitidae, organisme évaluateur de la phase 2 du PHCF. En dressant un bilan étayé des différentes phases, elles donnent également des clés pour préparer la suite et améliorer les résultats du programme. »
Un impact renforcé sur la déforestation
L’évaluation finale de la phase 2 souligne des résultats positifs, notamment :
- Un impact renforcé sur la déforestation : sur la partie sud du massif forestier de Beampingaratsy, le taux de déforestation annuel est passé de 720 à 244 hectares entre la phase 1 et la phase 2.
- Un bilan carbone encourageant : 810 858 tonnes équivalent CO2 sont restées séquestrées sur la partie sud de Beampingaratsy lors de la phase 2, essentiellement grâce à la déforestation évitée.
- Un renforcement de la conversation de la biodiversité : 442 hectares ont notamment été replantés sur les sites de Beampingaratsy et de Comatsa lors de la phase 2. Ils bénéficient d’un arrêté temporaire de protection en attendant d’être prochainement reconnus comme nouvelles aires protégées.
- L’émergence de pratiques agricoles plus durables : 27 schémas d’aménagement et de gestion focalisés sur les activités agricoles ont été développés lors de la phase 2, ce qui a aidé les producteurs à adopter des pratiques agroécologiques (agroforesterie, aménagements anti-érosifs…) et des variétés adaptées.
La dimension communautaire au cœur de la suite du PHCF
Enjeu clé des phases 3 et 4 du programme : renforcer la dimension communautaire, via les Coba. Leur niveau de maturité varie d’un site à l’autre : « il dépend notamment de la cohésion sociale et des rapports de force entre les membres », souligne Léa Poulin.
Pour mieux comprendre ces dynamiques, l’instruction de la phase 4 du PHCF s’est appuyée sur des analyses socio-anthropologiques. Pour Mathieu Tiberghien, « le sud-est de Madagascar est riche de rites et de traditions ancestrales qu’il est essentiel de prendre en compte. Les analyses socio-anthropologiques menées en amont de l’instruction de la phase 4 nous ont beaucoup aidés pour consolider et formaliser nos connaissances, améliorer notre compréhension du contexte et adapter notre approche. Dresser ce constat était indispensable : durant la phase 4, ces associations d’usagers de la forêt vont être amenées à jouer un rôle prépondérant lorsque l’aire protégée de Beampingaratsy sera formellement créée. »
Un autre enjeu consistera à affiner les études sur la biodiversité. La phase 4 consolidera les études déjà réalisées pour localiser plus précisément les zones à plus forte valeur de biodiversité et qui feront l’objet d’une conservation stricte. Rendez-vous donc au début de la mise en œuvre de la phase 4 !
L'évaluation du PHCF en infographie :