Pour les institutions de microfinance (IMF), le défi engendré par la crise sanitaire du Covid-19 est immense. Par la nature de leurs portefeuilles et les activités de leurs clients, les IMF et le secteur de l’inclusion financière en général sont affectés par la situation actuelle. Plus que jamais, il est essentiel de soutenir et d’accompagner les acteurs de ce secteur. C’est tout le sens de l’action de Proparco – la filiale du groupe AFD dédiée au secteur privé – qui intervient depuis de nombreuses années pour soutenir le développement d’IMF solides et responsables.
Ces institutions fournissent des services d’épargne et de crédit à 140 millions de personnes à faible revenu dans le monde. « En 2018, la valeur de leurs portefeuilles de crédit ressortait à 124 milliards de dollars, précise le portail FinDev. Leurs clients sont à 80 % des femmes et 65 % vivent en milieu rural. Dans la plupart des pays, ils appartiennent aux couches les plus pauvres et vulnérables de la société. »
La microfinance permet à ces personnes exclues du secteur bancaire traditionnel d’accéder à des services financiers adaptés à leurs besoins (microcrédit, micro-assurance, micro-épargne, moyens de paiement…). Or, dans le cadre de la réponse sanitaire à la crise, beaucoup de ces micro-entrepreneurs ont dû fermer temporairement leur activité ou la réduire ; d’autres ont vu leur chaîne d’approvisionnement affectée.
Si les IMF ont rapidement pris des mesures pour éviter la crise de liquidité, elles auront néanmoins besoin du soutien des bailleurs de fonds pour faire face à la hausse de la demande lors de la reprise d’activité, ce qui est déjà le cas dans certains pays.
Assurer une continuité de services
Cette résilience et la volonté d’accompagner ses clients se matérialisent à travers le cas d’Enda Tamweel, un acteur précurseur de la microfinance en Tunisie et dans le monde arabe soutenu de longue date par Proparco. Cette structure démontre depuis presque trente ans que le microcrédit, s’il est pratiqué par des institutions responsables et performantes, est un réel levier de réduction de la pauvreté et de développement économique.
En réponse à la pandémie, Enda Tamweel a décidé d’accompagner ses clients et d’assurer la stabilité de leurs activités génératrices de revenus, avec la mise en place de dispositifs spécifiques de soutien. En ligne avec les exigences de la régulation, l’IMF a reporté pour une durée comprise entre trois et six mois le remboursement des échéances de crédit, « suite à une demande formelle du client et après analyse au cas par cas ». Elle a également proposé un « refinancement de crédit » pour ses clients opérant dans les secteurs touchés par la crise sanitaire.
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Ailleurs aussi, d’autres IMF se mobilisent. C’est le cas du réseau international de microfinance Advans, actif dans neuf pays en Afrique et en Asie. Accompagné par FISEA, il joue un rôle majeur pour l’accompagnement des entrepreneurs et le développement du secteur privé. En Côte d’Ivoire, Advans a mis en place une campagne de sensibilisation aux mesures de protection de base à destination de ses collaborateurs et de ses clients. Le groupe fait par ailleurs la promotion des systèmes de virement digitaux qui limitent les contacts, comme Mobibank au Ghana ou encore son application bancaire Advans Mobile au Nigéria.
Ces IMF sont ainsi en première ligne pour riposter aux effets de la pandémie. Une réaction responsable et nécessaire. En 2009 déjà, la revue Secteur Privé & Développement de Proparco rappelait que la vertu fondamentale de la microfinance « est d’avoir su démontrer que la mise en place de services financiers réservés aux plus démunis est non seulement possible et nécessaire, mais qu’elle peut être aussi rentable. »
Le monde était alors plongé dans une crise financière majeure. Aujourd’hui, face aux effets dévastateurs du Covid-19, les acteurs de la microfinance se mobilisent plus que jamais pour préserver la survie et l’autonomisation financière de toutes ces populations exclues du système bancaire traditionnel.