Alors qu’elle avait retrouvé un chemin de croissance après des années de crise économique consécutive à la crise financière mondiale de 2008, la Polynésie a été fortement fragilisée par la crise du Covid-19. « C'est l’économie ultramarine la plus affectée par la crise sanitaire », confirme ainsi Fabrice Dufresne, le directeur de l'Institut d'émission d'Outre-mer en Polynésie. Dès le mois de mars 2020, la propagation du virus a nécessité l’instauration de mesures d’urgence : confinement, arrêt des vols inter-îles à l’exception des évacuations sanitaires, fermeture des frontières durant plusieurs mois et renforcement des moyens de santé.
Très vite, la crise sanitaire a évolué en crise économique. En 2020, l’économie locale a connu la dégradation la plus importante jamais observée depuis les années 1960. Le secteur du tourisme, qui représente à lui seul 15 % du PIB local, a particulièrement souffert.
La Polynésie a réagi rapidement en instaurant des mesures économiques et sociales fortes. Elle a notamment assuré un soutien aux entreprises et aux ménages les plus modestes en mettant en place un dispositif se rapprochant du chômage partiel ; un outil clé puisque le système polynésien ne prévoit pas d’indemnité chômage.
Un soutien global de l'AFD de 600 millions d’euros sur deux ans
Dès le début de cette crise, l’État français s’est placé aux côtés de la Polynésie. Via l’Agence française de développement (AFD), un premier prêt garanti par l'État de 240 millions d’euros a été débloqué afin d'appuyer les mesures d’urgence prévues par le plan de sauvegarde élaboré par le gouvernement polynésien fin mars 2020.
Un deuxième prêt du même type de 300 millions d’euros a été signé à l’occasion de rencontres entre le président de la Polynésie Édouard Fritch, le Premier ministre français Jean Castex, le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu ainsi que les directeur général et directrice générale adjointe de l'AFD Rémy Rioux et Marie-Hélène Loison. Ce prêt a pour objectif d’accompagner le plan de relance ambitieux que la collectivité ultramarine s’est fixé pour la période 2021-2023.
À ces prêts garantis par l’État (PGE) s’ajoutent deux autres prêts octroyés par l’AFD sans garantie étatique – respectivement accordés en 2020 et 2021 pour des montants de 18 et 40 millions d’euros –, destinés à financer le programme d’investissement de la Polynésie. En deux ans, l'appui apporté par l’AFD à la Polynésie se porte donc à près de 600 millions d’euros.
Répondre à la crise, investir pour l’avenir
Ce soutien articule réponse à l’urgence et logique de long terme. Le plan de relance 2021-2023 vise en effet à instaurer, selon les termes de son préambule, de « nouveaux équilibres entre écologie, cohésion sociale, performance publique et compétitivité ». La collectivité polynésienne, à l’instar d’autres territoires ultramarins, est fortement dépendante des importations et du transport aérien ; le tourisme représente une part prépondérante de son économie. Quant à son système sanitaire, il montre de multiples fragilités.
Le PGE doit pallier certaines de ces vulnérabilités : il lui faut entre autres servir à soutenir la compagnie aérienne Air Tahiti Nui ainsi que la Caisse de prévoyance sociale. Ce prêt présente également la particularité d’être destiné à la fois aux dépenses d’investissement et de fonctionnement. Il s'agit d'une affectation singulière car contraire à « la règle d’or » interdisant aux collectivités locales d’avoir recours à de l’emprunt de long terme pour financer les dépenses de fonctionnement. Une forme d'exception qui témoigne du caractère urgent et indispensable de l’aide apportée.