À l’instar de la plupart des pays du continent africain, la problématique de l’emploi – notamment des jeunes – est un sujet majeur en Côte d’Ivoire. Avec 77,3 % de la population âgée de moins de 35 ans et une économie essentiellement portée par le secteur primaire, trouver du travail pour un jeune reste une gageure. Parmi les solutions à cette situation émerge l’entreprenariat, vers lequel s’orientent de plus en plus d’Ivoiriens.
C’est dans ce contexte que Proparco, filiale du groupe Agence française de développement (AFD) dédiée au secteur privé, soutient Comoé Capital, un fonds d'amorçage destiné à appuyer des start-up innovantes ainsi que des PME. Cet accompagnement vise notamment à fédérer une communauté solide d’entrepreneurs et de professionnels dans le secteur des industries culturelles et créatives (ICC), ainsi qu’à faciliter leur accès aux financements et aux opportunités de développement.
Ce financement d'amorçage permet aux entrepreneurs et aux PME de lancer leurs produits, mais aussi de prendre des risques. En cas de succès, ils se voient également allouer des fonds plus importants. Sur les 17 entreprises aujourd’hui soutenues par Comoé Capital, quatre relèvent du secteur des ICC, démontrant la vitalité du secteur et sa capacité à créer de l’innovation et de l’emploi en Côte d’Ivoire.
Un fonds pour l’innovation
L’entreprise de confection de vêtements Tropic 105, fondée en 2005 par le créateur de mode Ciss St Moïse, qui s’est imposé comme un acteur clé dans le secteur de la confection, illustre cette dynamique. Sa rencontre avec Comoé Capital a transformé son visage.
« Lorsque nous les avons rencontrés il y a environ deux ans, nous avons bénéficié d'une assistance financière, d'un accompagnement technique et de formation. Cette collaboration et cette assistance nous ont permis de recruter plusieurs jeunes, en particulier des jeunes filles qui représentent 80 % de notre effectif. Cette assistance nous a clairement aidés à pérenniser notre marque », témoigne Ciss St Moïse.
Tropic 105 envisage aujourd’hui de monter une nouvelle unité de production qui va booster la production. Objectif : approvisionner plus de boutiques et répondre ainsi à la forte demande formulée récemment par ses clients.
Un meilleur accès au savoir pour les élèves
Engagé sur le segment de l’innovation, Comoé Capital accompagne également Studio KÄ, une entreprise spécialisée dans la production d’animations 2D et 3D pour la télévision et la publicité. « Avec Comoé Capital, nous avons créé l'entreprise en mars 2019, se souvient Adja Soro, directrice du Studio KÄ. Nous avons bénéficié d’une formation sur le management d'une entreprise, sur les stratégies de marketing. Nous profitons en plus du réseau de Comoé Capital dans nos recherches de partenariat et de prospection. On espère grandir un peu plus et, après une année difficile avec la crise liée au Covid-19, nous visons de nouveaux objectifs. »
Pour Fidèle Aké-Diomandé, directrice générale et fondatrice de la maison d'édition Vallesse, la rencontre avec Comoé Capital a aussi été un déclic : « En 2017, nous avons lancé un concours littéraire, "Les Manuscrits d'or", qui a dû être mis en veilleuse faute de moyens et de soutiens. Il a été remis au goût du jour avec l’intervention de Comoé Capital il y a deux ans. Le 19 mai dernier, avec l'appui du groupe AFD et du fonds, nous avons lancé l’application Web et mobile e-vallesse pour permettre un meilleur accès aux connaissances des élèves de troisième et de terminale. »
« Les femmes ont encore plus l’envie d’entreprendre »
L'accompagnement de Comoé Capital peut aller jusqu'à 300 millions de francs CFA (457 000 euros) par entreprise. Le fonds prévoit également un accompagnement en termes de suivi, de formation et de coaching afin de rendre ces entreprises plus compétitives au plan national et international. Les critères de choix pour soutenir une structure sont divers et vont de la personnalité de l'entrepreneur à la conformité du secteur d’activité avec les exigences des mandants.
Le portefeuille de Comoé Capital est composé d'une vingtaine d'entreprises de différents secteurs de l'industrie créative et culturelle, de l’agro-industrie et de l'innovation. Des entreprises dirigées essentiellement par des femmes. « En Côte d’Ivoire, il y a des entrepreneurs motivés, mais les femmes montrent plus encore leur envie d'entreprendre, estime Adama Fofana, le directeur général de Comoé Capital. Elles prennent beaucoup d'initiatives et nous les soutenons. »