Culminant à 14 mètres au cœur d’une forêt d’une biodiversité exceptionnelle, difficile de ne pas regarder par la fenêtre dans cette salle de classe très particulière… La construction, réalisée en bois du Gabon (padouk), occupe une plateforme de 100 m² au sein du Bois des géants de l’arboretum, perchée sur un arbre immense. Elle abritera prochainement des contenus pédagogiques sur la faune et la flore en forêt tropicale et accueillera aussi bien des élèves librevillois que le grand public pour les sensibiliser aux richesses et aux vulnérabilités, de la forêt.
Le 19 février 2021, cette salle de classe singulière a reçu la visite de l’ambassadeur de France au Gabon Philippe Autié, de la directrice de l’Agence française de développement au Gabon (AFD) Laetitia Dufay, du secrétaire exécutif de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) Christian Tchemambela et du secrétaire général du ministère des Eaux, des Forêts, de la Mer et de l’Environnement Michel Ngueba Koumba.
80 % de forêt mais 90 % de population urbaine
L’Arc d’émeraude désigne les trois aires protégées (parc national d’Akanda, parc national de Pongara et arboretum Raponda Walker) qui entourent Libreville. Lancé en 2012, financé à hauteur de 12 millions d'euros grâce aux fonds de l’accord de conversion de dettes signé entre le Gabon et la France, le projet Arc d’émeraude vise à garantir la préservation des écosystèmes littoraux et de ces espaces protégés avec des composantes d’infrastructures, de développement, mais aussi d’éducation environnementale.
Cette salle de classe s’inscrit dans tout un ensemble : « L’aménagement du site inclut la création d’un sentier de découverte de la forêt d’1,5 km, avec plusieurs stations à thème sur les milieux forestiers humides, précise Alice Bardet, chargée de projet Agriculture, Forêt et Environnement à l’AFD. Ce chemin mènera les visiteurs jusqu’à la salle de classe, d’où ils pourront ensuite emprunter le chemin de la canopée, suspendu à plus de 20 mètres, pour découvrir la forêt depuis la cime des arbres. »
Voir aussi : la vidéo de l'ambassade de France au Gabon et Sao Tome
Pourquoi cette sensibilisation est-elle nécessaire alors que la forêt équatoriale est partout présente ? « Ce pays de 2,23 millions d’habitants compte 80 % de forêt équatoriale humide, mais 90 % de la population est urbaine, constate Alice Bardet. Si vous êtes un jeune Librevillois, vous ne profitez pas vraiment de la forêt. Par ailleurs, la forêt est une problématique permanente dans les débats entre tenants de l’exploitation et ceux de la préservation de la ressource. L’objectif de l’Arc d’émeraude est de susciter l’adhésion des populations à des messages de protection de la forêt, à l’instar de la préservation des éléphants. Le conflit homme-faune est un sujet important au Gabon. »
Pour les responsables de l’Agence nationale des parcs nationaux, l’enjeu est de préserver les forêts pour les générations futures. Dans cette optique, les jeunes doivent s’approprier très tôt l’idée de la conservation. Une prise de conscience qui passe par l’éducation environnementale : c’est tout l’objet de cette salle de classe perchée dans les arbres qui ouvrira bientôt la marche vers la découverte de la canopée.