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Ganvié cité lacustre du Bénin
Perchée sur pilotis au bord du lac Nokoué, la cité lacustre de Ganvié est l’une des perles du Bénin. Les impacts du changement climatique, combinés à la pression démographique croissante, mettent cependant en péril le mode de vie des habitants. Pour appuyer la volonté du gouvernement béninois dans son ambition de valoriser le plein potentiel économique, touristique et culturel de ce site d’exception, le groupe AFD soutient la mise en oeuvre du projet Réinventer la cité lacustre de Ganvié.

Dans le sud du Bénin, à 30 km de Cotonou, les rives du lac Nokoué abritent une cité bâtie sur l’eau. Inscrite sur la liste indicative de l’Unesco, cette cité d’apparence fragile servait au XVIIIe siècle de refuge aux rescapés des razzias esclavagistes. Elle abrite aujourd’hui environ 50 000 habitants. Surnommée « la Venise africaine », Ganvié partage un certain nombre des splendeurs et des vulnérabilités de son homologue italienne, sans pour autant concentrer jusqu’ici autant d’investissements et de moyens pour sa mise en valeur.

 

 

 

Mais depuis 2019, le gouvernement béninois s’est donné pour mission de « réinventer la cité lacustre de Ganvié », à travers un ambitieux programme de préservation, de rénovation et de développement des infrastructures de la cité. Accompagné depuis septembre 2019 par l’Agence française de développement (AFD), le projet vise à faire progresser les conditions de vie des populations des quartiers précaires, à encourager la valorisation et la diversification des ressources issues du lac Nokoué, tout en limitant la pollution et les impacts négatifs pour le biotope lacustre. En parallèle, l'action permet également d’améliorer l'accessibilité et les infrastructures disponibles sur site.


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Mises en œuvre par l’Agence nationale de promotion des patrimoines et de développement du tourisme (ANPT) dès 2019, les premières actions ont déjà démarré grâce au financement du gouvernement béninois. Un dispositif d’éclairage nocturne facilite le déplacement des habitants ; et dans un contexte de constructions vétustes et fragiles, des « maisons témoins » ont également été construites pour accompagner la réhabilitation des habitats. 

La valorisation de la cité passe désormais aussi par la mesure et l’encadrement des impacts de pollution qui affectent le lac sur lequel elle s’étend. En cause notamment, l’absence d’un système de gestion des déchets organiques et eaux usées domestiques (habitations non équipées de latrines), l’absence d’un système de collecte des déchets solides ménagers, ainsi que l’utilisation de béton pour la construction. De plus, la plupart des habitations ne sont pas raccordées à un réseau d’électricité, et l’accès pour les ménages à un établissement scolaire ou de santé reste difficile.

 

AFD - Momentum Production/Yannick Folly.  Momentum-Production
© AFD - Momentum Production / Yanick Folly

Faire des fragilités une force

Exposée aux intempéries, aux crues récurrentes, à l’humidité permanente et à la surpopulation ; la cité de Ganvié est menacée d’asphyxie à plusieurs titres. Alors que la population dépend encore largement de la pêche, le besoin de filtrer l’eau a conduit à l'introduction de la jacinthe d’eau, importée au XIXe siècle d'Amérique latine. Malheureusement la prolifération incontrôlée de la plante prive le lac de son oxygène et menace désormais le biotope ; la présence de la jacinthe d’eau engendre une concurrence avec les poissons, poissons également menacés par le comblement du lac, sa pollution et la surpêche. Pour les habitants, les jacinthes représentent aussi un obstacle à la circulation des pirogues, unique moyen de transport sur le lac.


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Mais tout comme la cité a su faire de ses fragiles habitations sur pilotis un attrait touristique, cette apparente menace végétale peut également se transformer en précieux atout. Spécialiste des solutions innovantes, naturelles et dépolluantes, Green Keeper Africa est partie prenante du programme Réinventer la cité lacustre de Ganvié. Cette entreprise béninoise parvient à faire de la jacinthe d’eau une ressource pour les populations et le développement d’activités, via trois axes d’intervention : un observatoire botanique pour mieux comprendre les dynamiques liées à la plante afin de proposer des actions adaptées ; une plateforme de recherche-action pour la récolte et la valorisation des jacinthes ; et enfin un incubateur de micro-entreprises pour un impact positif sur le plan social, environnemental et économique au profit de la commune et de ses habitants.

Ainsi, l’Agence nationale de promotion des patrimoines et de développement du tourisme (ANPT) du Bénin, au travers des conventions de partenariats signées avec l’entreprise sociale Green Keeper Africa et l’ONG Jevev, met en œuvre aujourd’hui les projets « Ganvié, laboratoire innovant à haut potentiel de transformation » et « La route de la jacinthe d’eau », avec le soutien de l’AFD. Il s’agit à la fois d’apporter une solution à la prolifération de la jacinthe d’eau, en mettant en valeur la ressource, et de créer des revenus complémentaires pour la population. Les objectifs à terme sont de concevoir un circuit d’écotourisme autour des produits issus de la valorisation de la jacinthe, de favoriser la création d’entreprises et un observatoire de cette plante, et de développer une plateforme de recherche-action.


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Concrètement, plusieurs leviers d’action portent sur la formation et la sensibilisation des populations aux caractéristiques de la jacinthe, sur la fabrication de compost, sur l’artisanat et la vente de produits dérivés de cette plante, ou encore sur les études et la recherche en vue de l'application de solutions identifiées. À la clé, des bénéfices sous plusieurs aspects pour les habitants de la cité de Ganvié : 75 tonnes de jacinthe d’eau récoltées pour favoriser l’oxygénation des eaux, plus de 1 000 jeunes formés sur la filière de valorisation des produits de la plante, un effort particulier sur l’inclusion féminine et enfin l’organisation et la formation de 24 coopératives. Tout cela doit favoriser l'afflux d’un millier de curieux drainés chaque année, sur un circuit écotouristique dédié, et nouvellement créé.

 

AFD - Momentum Production/Yannick Folly.  Momentum-Production
© AFD - Momentum Production / Yanick Folly