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Kibera
À l’occasion de la Journée mondiale des toilettes, présentation de deux « bio-centres », des blocs sanitaires transformant les déjections en biogaz à Kibera, le plus grand quartier informel d’Afrique de l’Est.

Article publié la première fois le 18 novembre 2022. Mis à jour le 17 novembre 2023


Plus de 10 millions de personnes vivent dans des quartiers informels au Kenya, dont 3 millions à Nairobi. Or, 70 % d’entre elles n'ont pas accès à des services d'assainissement sûrs, et doivent parfois faire leurs besoins à l’air libre, ce qui pose un sérieux problème de santé publique.

Des blocs sanitaires multifonctions 

Deux bio-centres ont été inaugurés en novembre 2022 à Kibera, en partenariat avec le ministère kenyan de l'Eau, de l'Assainissement et de l'Irrigation, l’ONG Umande Trust et Athi Water Works. Les bio-centres sont des blocs sanitaires composés de toilettes, avec deux espaces séparés pour les hommes et les femmes. Les déchets organiques générés par ces installations sont transformés en biogaz grâce à un « digesteur » (compartiment hermétique en sous-sol). Le gaz ainsi généré sert à alimenter une petite cuisine au rez-de-chaussée. Un minimum d’eau est utilisé, seulement un litre par cycle au lieu de cinq ou sept pour des toilettes classiques, et de l’énergie est produite.

En complément, le bâtiment dispose d’une salle commune au premier étage qui est utilisée par les autorités du quartier pour organiser des réunions ou des événements.

Pour Francis Omondi, secrétaire de l’association chargée de gérer le bio-centre, « ce projet est vraiment une aide pour la communauté. Les personnes qui travaillent et vivent dans ce quartier informel n'ont pas de toilettes. C'est très compliqué pour nous. Ce nouveau bio-centre est un vrai soutien, à un prix abordable. »

L’utilisation des toilettes est facturée 5 shillings (4 centimes d'euro), et 15 shillings (12 centimes) pour l’eau chaude. Ces revenus permettent d’assurer la maintenance des installations. Au total, dix bio-centres seront construits dans le cadre du projet dans des quartiers informels, dont cinq sont finalisés ou sur le point de l’être.

L’ambassadeur de France au Kenya, Arnaud Suquet, a déclaré : « J’ai été impressionné par cette innovation qui permet aux habitants des zones à faibles revenus d'avoir accès non seulement à des latrines, mais aussi à une source d'énergie renouvelable continue et à une salle commune à usages multiples ! »


Lire aussi : Un meilleur accès à l'eau et à l'assainissement pour 3,6 millions de personnes en Éthiopie


Un soutien de long terme de l’AFD dans le secteur

L’AFD est présente depuis plus de vingt ans aux côtés du gouvernement kenyan pour répondre aux enjeux d’accès à l’eau et à l’assainissement dans le pays. Tout d'abord, en 2003, l'AFD a accordé un prêt de 20 millions d'euros à la ville de Kisumu pour l'accès à l'eau potable et l'assainissement de la ville. Puis, en 2005, un autre projet a été financé à Nairobi avec des objectifs similaires, et enfin à Mombasa en 2008. Au cours des dix dernières années, l'AFD a accordé des prêts complémentaires à ces trois villes pour un engagement total de 350 millions d'euros.

Les bio-centres ont été construits dans le cadre d'un projet plus large visant à améliorer l'approvisionnement en eau et l'assainissement à Nairobi. Ce projet est financé par l'AFD pour un montant total de 100 millions d'euros, dont 600 000 euros pour ces centres.

« L’intégration de cette composante montre l'importance pour l'AFD de couvrir quasi systématiquement les quartiers informels qui souffrent du plus grand déficit de services », expliquait Bertrand Willocquet, directeur de l’AFD au Kenya.

Par ailleurs, l'AFD a également soutenu l’ONG Sanergy, avec une subvention de 1 million d'euros. Cette dernière fournit des produits et services d'assainissement pour garantir une collecte sûre des déchets et une expérience digne. Actuellement, elle dessert quotidiennement 170 000 personnes dans les quartiers informels et collecte et élimine 18 000 tonnes de déchets par an.