Dans le cadre de sa stratégie Transition numérique (2021-2025), l’AFD a pris 3 engagements :
- Offrir à tous un accès à l’Internet et à ses services ;
- Mettre en ligne les services essentiels à chaque transition stratégique ;
- Mettre la création d’entreprises innovantes au service du développement.
Pour y répondre, l’un des trois leviers identifiés est de favoriser la gouvernance de ressources numériques sous forme de « communs ». Les communs numériques font référence à des communautés d’ayants droits qui créent et entretiennent, sur une base collaborative, des bases de données, des codes informatiques, des outils numériques, des connaissances partagées, des créations littéraires et artistiques. Ce que nous entendons ici par « communs d’Afrique subsaharienne » renvoie à des ressources numériques dont les communautés d’utilisateurs ou de contributeurs sont situées en Afrique subsaharienne.
Ce projet de recherche s’inscrit dans le cadre du programme de recherche de l'AFD sur les communs.
L'étude avait pour objectif de recenser les communs numériques en Afrique subsaharienne, de façon à aboutir à une cartographie représentative – à défaut d’être exhaustive. L’objectif était de rendre compte de l’ampleur du phénomène des communs numériques en Afrique subsaharienne, en analysant distinctement communs de contenus, de données, de logiciels et communs de matériel partagé ou de plans et designs ouverts. L'étude visait aussi à analyser la manière dont les communs numériques participent à la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD), ainsi que les défis auxquels ils sont confrontés.
La prestation a également analysé plus en profondeur une sélection de dix communs (African Storybook ; AfricArXiv ; AFRINIC ; Energypedia ; Grassroots Economics ; Open MRS ; Pamoja-Net ; Ushahidi ; WaziHub ; Wikimedia Côte d'Ivoire), choisis pour leur caractère représentatif, et a proposé des pistes de soutien par l’AFD.
La prestation avait enfin pour objectif de créer une communauté d’intérêt autour de ces questions par une démarche collaborative.
L'étude s’est déroulé en trois phases :
- Collecte des expériences de communs numériques en Afrique subsaharienne via un webinaire de lancement et une plateforme collaborative (Airtable) ;
- Recherche et recensement des communs numériques à l’œuvre ou mobilisés en Afrique subsaharienne à travers un travail d’enquête. La méthode de recherche utilisée était principalement qualitative, via des entretiens semi-directifs avec les partenaires africains identifiés : porteurs des communs, contributeurs, utilisateurs et facilitateurs (acteurs publics, acteurs privés). Dix expériences ont fait l’objet d’analyses plus approfondies selon un cadre d’entretien défini au préalable.
- Restitution des résultats.
L’étude a permis :
- De produire une cartographie illustrée et une proposition de taxonomie des communs numériques en Afrique subsaharienne, à l’issue d’une recherche documentaire, d’ateliers et d’entretiens. Elle recense 89 exemples de communs numériques avec des communautés en Afrique subsaharienne. Cette cartographie, collaborative, est disponible en ligne.
- De constituer une communauté (chercheurs, praticiens des communs, institutionnels) intéressée par ce sujet, grâce à la mise en place d’une démarche collaborative.
- D’analyser des cas illustratifs des enjeux des communs et des opportunités pour l’AFD de les soutenir. Ces analyses ont donné lieu à dix fiches descriptives de ces communs.
A lire dans The Conversation : « Afrique : écrire une histoire numérique commune »
Plus que des conclusions, ce sont des hypothèses de travail qui ont été formulées :
- Hypothèse 1 : les communautés africaines sont très diversifiées et s’identifient rarement elles-mêmes comme des communs.
- Hypothèse 2 : les communautés d’Afrique subsaharienne qui participent au développement des communs reposent d’abord sur quelques citoyens engagés.
- Hypothèse 3 : la pérennité des communs identifiés dépend fortement de leurs capacités à mobiliser des soutiens internationaux.
- Hypothèse 4 : l’impact positif de l’accès à des communs numériques globaux en Afrique subsaharienne est de plus en plus reconnu.
- Hypothèse 5 : les communs numériques d’Afrique subsaharienne participent aux luttes citoyennes pour décoloniser les savoirs et la culture et soutenir la création de valeur locale.
Pour en savoir plus, retrouvez le chapitre consacré aux communs numériques dans l'ouvrage L'Afrique en communs.
Contacts :
- Stéphanie Leyronas, chargée de recherche à l'AFD
- Jan Krewer, consultant indépendant
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