
Les relations entre la crise de la biodiversité et l’agriculture sont complexes. D’une part, l’expansion des systèmes agricoles et les pratiques agricoles conventionnelles menacent la biodiversité ; d’autre part, la production agricole est dépendante de cette biodiversité et des services écosystémiques qu’elle fournit.
Au Mozambique, les tensions entre objectifs de réduction de la pauvreté et de protection de la biodiversité sont fortes. L’extension des petites exploitations agricoles conduit à une fragmentation des écosystèmes naturels et représente l’une des principales sources de destruction de la biodiversité pour le pays. L’une des réponses apportées par le Mozambique à cette fragmentation est d'économiser le défrichage de nouvelles terres par le biais d’une utilisation plus intensive d’intrants, en séparant clairement les terres destinées à la protection de la nature et celles destinées à l’agriculture productive.
La conciliation du développement agricole et de la conservation par l’utilisation de techniques agricoles respectueuses de la biodiversité s’avère aujourd’hui essentielle pour assurer la durabilité des systèmes agricoles et sécuriser l’approvisionnement alimentaire de la population.
Ce projet fait partie du programme de recherche ECOPRONAT, qui soutient des recherches sur une meilleure prise en compte et une plus grande intégration (mainstreaming) de la biodiversité dans des secteurs économiques-clés.
Ce projet de recherche a pour objectif de comprendre les compromis possibles et les complémentarités entre réduction de la pauvreté, sécurité alimentaire et biodiversité dans les contextes des pays en développement, où l’expansion des terres constitue une menace majeure pour la biodiversité. Ce travail permettra de comprendre comment les unités paysagères et communautaires locales fonctionnent, ont un impact sur la biodiversité et ses services écosystémiques et en tirent également profit.
Cette connaissance des systèmes permettra d'identifier les leviers pour intégrer la biodiversité dans le secteur agricole. Ce projet vise en effet également à démontrer la nécessité de faire le lien entre le cadre politique national pour l’intégration de la biodiversité dans l’agriculture et le contexte socio-écologique des interventions locales réussies.
Le projet mobilise une équipe pluridisciplinaire de dix chercheurs portugais et mozambicains : deux chercheurs de l’OMR, deux de l’université Eduardo Mondlane, un de l’université Lúrio et cinq de l’Institut supérieur d’agronomie de Lisbonne (dont un doctorant). Par ailleurs, dix-huit personnes (chercheurs et étudiants) sont impliquées dans les activités de collecte de données.
Ce projet de recherche mobilise différentes disciplines scientifiques de manière transdisciplinaire, telles que la socio-économie de l’agriculture, l’écologie, l’agronomie ou encore les sciences de la durabilité. Les travaux se traduisent notamment par la production d’une cartographie des régions caractérisées par des conditions biophysiques et socio-économiques similaires (composition des systèmes agricoles, paysages, niveaux de pauvreté, insécurité alimentaire, biodiversité, etc.).
Les parties prenantes (décideurs et contributeurs aux politiques publiques dans la capitale, organisation paysannes, organisations de protection de l’environnement, acteurs locaux) sont de plus mobilisées tout au long du travail de recherche et leurs connaissances, perceptions et préférences intégrées aux analyses produites. Cette implication des parties prenantes a pour finalité la co-construction des politiques d’intégration de la biodiversité dans l’agriculture.
Les principaux résultats attendus de ce projet sont les suivants :
- Production d’un document d’orientation présentant le cadre de référence régional et les lignes directrices pour l’intégration de la biodiversité dans chaque région ;
- Evaluation de la transférabilité des cas de réussite locale dans et entre les régions ;
- Identification des conditions politiques au niveau national permettant la mise en œuvre d’interventions locales ;
- Evaluation comparative de différents outils d'action publique ;
- Elaboration d’un outil de simulation basé sur les systèmes agricoles qui permettra aux décideurs politiques d’évaluer ex ante les impacts des politiques alternatives sur les objectifs de réduction de la pauvreté, d’augmentation de la sécurité alimentaire et d’amélioration de la biodiversité et des services écosystémiques.
La production des données cartographiques à l’échelle locale permet d’alimenter l’élaboration des politiques publiques agricoles et d’aménagement du territoire à l’échelle nationale. De plus, le croisement de ces données locales avec des démarches participatives (organisation notamment d’ateliers avec les producteurs et mise en commun des options de politiques publiques) contribue à l’élaboration de politiques plus transversales.
Contact :
- Julien Calas, chargé de recherche à l'AFD
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