Le littoral mauritanien est caractérisé par une grande vulnérabilité des écosystèmes côtiers (sensibilité aux pollutions, menaces diverses liées aux activités humaines). Principal bassin de vie, le littoral est donc confronté à des enjeux multiples qui affectent directement un capital naturel pourtant vital pour le développement économique et humain du pays. Au sein d’un littoral ouest-africain où l’upwelling (remontée d’eau) favorise une forte productivité biologique, les hauts fonds, vasières et herbiers du banc d’Arguin forment une zone à valeur écologique unique, essentielle pour la biodiversité à l’échelle régionale (de nombreuses espèces de poissons et de crustacés s’y reproduisent) et mondiale (oiseaux migrateurs). D’autres aires littorales et marines présentent également un fort intérêt écologique : baie du Lévrier, bancs de maërl, récifs coralliens d’eau froide, bas delta du fleuve Sénégal…
La protection durable du golfe d’Arguin, du delta du fleuve Sénégal et de l’ensemble des sites sensibles de la zone économique exclusive (ZEE) mauritanienne contre les risques de pollution et de surexploitation constitue, au-delà du caractère patrimonial, un impératif en matière de gestion des ressources halieutiques. En effet, les services économiques fournis par l’écosystème marin sont exceptionnellement élevés. La pêche sous forme industrielle et artisanale contribue à plus de 6 % du produit intérieur brut (PIB), représente 20 % des recettes en devises de l’État et générerait plus du tiers des emplois formels.
Consciente de ses fragilités et de ses richesses, la Mauritanie a ratifié la plupart des accords multilatéraux environnementaux. Elle a défini les modalités d’aménagement du littoral (ordonnance littorale de 2006 prévoyant la mise en place de différents instruments pour la gestion du littoral, création en 2007 de la Direction des aires protégées et du littoral au sein du ministère de l’Environnement et du Développement durable). Son objectif consiste en la planification intersectorielle et concertée de la mise en valeur et de l’occupation des espaces littoraux.
Les objectifs du fonds fiduciaire (Banc d’Arguin, and Coastal and Marine Diversity Trust Fund Limited, Bacomab) sont :
- La conservation, la protection et l’amélioration de l’environnement physique et naturel du parc naturel du banc d’Arguin (PNBA), en priorité, et d’autres aires côtières et marines protégées en Mauritanie.
- Le développement durable des sites bénéficiaires par la conservation, la protection et l’amélioration de l’environnement ainsi que l’utilisation durable des ressources naturelles, la réduction de la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie pour les populations résidentes, la promotion des moyens durables pour la croissance et la régénération économiques.
- L’éducation du public en matière de biodiversité, de conservation, de durabilité et de gestion des sites bénéficiaires.
Les objectifs spécifiques du projet sont de :
- Contribuer à l’établissement d’un outil de financement endogène, indépendant et pérenne, le fonds fiduciaire Bacomab, via sa capitalisation.
- Renforcer le Bacomab, en accompagnant sur le plan technique le développement d’une stratégie de levée de fonds et d’investissement efficiente et en le dotant d’outils de gestion efficaces.
- Financer de manière pérenne la conservation et l’extension des aires protégées (PNBA et autres aires marines par la suite).
La contribution de l’AFD et du Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM) au fonds de dotation du Bacomab permettra de :
- Renforcer le fonds fiduciaire en développant une stratégie de levée de fonds et d’investissement efficiente tout en le dotant d’outils de gestion efficaces.
- Financer de manière pérenne la conservation et l’extension des aires protégées, en priorité le PNBA, la réserve satellite du cap Blanc et le parc national du Diawling (PND).
- Financer des études scientifiques portant sur les services rendus par les écosystèmes du banc d’Arguin.
Les financements du Bacomab, tirés des revenus du capital, contribueront à couvrir les coûts de fonctionnement liés aux activités prioritaires, en particulier la surveillance des aires protégées, sous réserve que ces institutions disposent d’une structuration suffisante et d’une réelle capacité de gestion.
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Publié le 18 Juillet 2019 -
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