Haïti est le seul PMA (pays les moins avancés) d’Amérique et l’un des seuls pays au monde à ne pas voir baisser la pauvreté malgré les appuis internationaux. À Port-au-Prince, 60 % de la population vit avec moins de 2 USD par jour. Estimé à plus de 40 % ( PNUD, 2019), le taux de chômage est le plus élevé de la région Amérique latine et Caraïbes et touche particulièrement les femmes et les jeunes. Selon les dernières estimations ( UNFPA, 2017 ), près de deux tiers de la population a moins de 24 ans. Or, 27,6% des jeunes de 15 à 24 ans ne sont ni scolarisés ni employés ( PNUD, 2020 ). La vulnérabilité des plus pauvres s’est accrue sous l’effet des crises successives (pandémie de Covid-19, instabilité politique, insécurité et inflation), creusant davantage les écarts de revenus dans le pays.
Dans un tel contexte et en raison de leur fort potentiel économique et social, les industries culturelles et créatives constituent une voie privilégiée vers le développement socioéconomique, l’inclusion des plus vulnérables et la restauration du lien social en Haïti.
En réponse à la dégradation de la situation socio-économique d’Haïti, le projet Tanbou ambitionne de contribuer à la création de revenus dans le secteur des Industries culturelles et créatives en Haïti et à la restauration du lien social. À cette fin, un espace culturel autonome, productif et pérenne, la Fabrique des arts, sera créé sur le terrain de l’actuel Centre d’art – lequel déménagera dans un nouveau local. Cette Fabrique des arts s’établira comme un espace commun sécurisé de création, de représentation pluridisciplinaire, de formation, de libre expression, et de dialogue pour toutes et tous. Elle favorisera ainsi la mise en valeur d’un patrimoine riche de sens pour la population haïtienne, en particulier pour les femmes et les jeunes de Port-au-Prince.
Afin d’accélérer l’émergence de la Fabrique des arts, l’AFD soutiendra le déménagement du Centre d’art en mettant à la disposition du Centre une assistance technique patrimoniale à travers la mobilisation d’experts du musée Pompidou. Il s’agira de soutenir la formation du personnel du Centre d’art et de lui apporter un appui logistique.
Par ailleurs, dans le cadre du projet Tanbou, les professionnels et opérateurs de la culture bénéficieront de deux programmes de mobilités en partenariat avec l’Institut français : un système de volontariat d’une part et un programme de formation professionnelle sous forme de résidences longues d’accompagnement d’autre part. Ces programmes favoriseront l’acquisition de nouvelles compétences et la diffusion de bonnes pratiques dans le secteur artistique et culturel haïtien. Il est à noter que l’accès des femmes, des jeunes et des populations vulnérables aux ressources et opportunités offertes par le projet sera privilégié.
Au sein de la Fabrique des arts se tiendront diverses activités de formations visant à renforcer les compétences techniques et les capacités opérationnelles des organisations et professionnels de la culture locale afin qu’ils puissent améliorer leurs performances artistiques, accroître en visibilité, augmenter leurs revenus et irriguer l’écosystème culturel local, national et régional.
Les acteurs du secteur culturel et amateurs d’art auront également l’opportunité de conduire des projets sociaux et artistiques dans le cadre d’un programme d’incubation qui sera mis en oeuvre au sein de la Fabrique. Ces projets seront en partie tournés vers le quartier, favorisant ainsi l’intégration de la Fabrique des arts dans son milieu. Les impacts de ces diverses activités sur la restructuration des Industries culturelles et créatives, et notamment sur la reconstruction du lien social seront étudiés dans le cadre d’un programme de recherche-action.
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