Jusqu’aux années 1990, l’enseignement public domine l’espace de l’enseignement supérieur indien. Ensuite, un basculement s’opère en faveur du privé, à la faveur de l’augmentation de la demande sociale liée à l’expansion de l’enseignement secondaire, des besoins en personnel hautement qualifié lié à l’essor des technologies de l’information, et de l’intervention de la Banque mondiale qui pousse à la libéralisation de l’économie nationale. Les conditions semblent alors réunies pour favoriser les investissements privés, y compris dans le secteur de l’éducation. L’Etat, qui jusqu’alors contrôlait l'activité du secteur privé, en devient le facilitateur et engage une réforme visant à supprimer les obstacles à la concurrence et à mettre en place des règles d’assurance qualité, afin de favoriser l’émergence d’institutions placées au service de la libéralisation de l’économie. Parallèlement, le poids de l’Etat central sur celui des Etats fédérés se renforce. En trois décennies, l’enseignement supérieur indien a donc connu une importante mutation qui combine expansion numérique des établissements et augmentation de la proportion d’établissements privés. Alors qu’il n’existait aucune université privée avant les années 2000, on en compte 7 en 2005 et 900 en 2018. En 2018, 39% des universités et 78% des « collèges » (établissements offrant des programmes de premier cycle) sont privés. La cartographie de l’enseignement supérieur indien met en évidence un brouillage des frontières entres secteurs public et privé. L’enseignement supérieur public reste particulièrement attractif mais tend à se « privatiser », l’Etat encourageant fortement les universités publiques à augmenter les frais d’inscription des programmes les plus professionnalisants. La très forte augmentation de l’offre privée a des effets contrastés sur les inégalités sociales. Certes le taux de scolarisation a globalement augmenté (grâce notamment aux universités par correspondance, qui accueillent les groupes les plus démunis), mais les inégalités entre les groupes (castes, sexes, religions) subsistent et augmentent continument. L’augmentation de la proportion d’établissements privés et la baisse des dépenses consacrées à l’enseignement supérieur public se combinent pour limiter la participation des fractions les plus fragiles à l’enseignement supérieur. Ainsi, la privatisation de larges pans de l’enseignement supérieur public tend à en limiter l’accès aux populations les plus pauvres.
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