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République démocratique du Congo : développer l’agriculture familiale sans dégrader la forêt primaire
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L’expertise dans le domaine de la protection des forêts est un des atouts mis en avant par l’AFD à la COP30 de Belém au Brésil. Exemple avec le Programme de soutien à la durabilité des savanes et forêts (PSFD), notamment déployé en République démocratique du Congo (RDC), qui abrite l’une des dernières forêts primaires du continent africain.
En 2022, la République démocratique du Congo (RDC) a perdu plus d'un demi-million d'hectares forestiers, et le taux de perte a légèrement augmenté ces dernières années. À Bambae, dans le territoire de Banalia, l’agriculture est l’une des sources de revenus principales. Ici aussi, elle s’est développée au détriment de la forêt, dont dépend pourtant la prospérité des communautés.
« Ma participation au PSFD me permet d’obtenir de jeunes plants de cacao de très bonne qualité, ce que je pouvais difficilement me permettre auparavant, raconte Ismaël Djemba, agriculteur bénéficiaire du projet PSFD dans la province de la Tshopo. Grâce à l’alliance productive, qui lie l'agriculteur et l'entreprise de transformation des produits, je cultive aussi le maïs sans mettre la pression sur la forêt. C’est ce qui soutient mon modèle économique aujourd’hui. En conséquence j’ai même pu construire une maison, envoyer mes enfants à l’école et continuer à payer leurs frais de scolarité. »
C’est pour généraliser ce genre de résultats que le programme PSFD financé à hauteur de 15 millions de dollars (12,9 millions d’euros) par le Fonds national Redd+ (Fonaredd) de la République démocratique du Congo et l’Initiative pour les forêts d’Afrique centrale (Cafi) est mis en œuvre par l’AFD via une délégation de fonds.
Accompagner les agriculteurs et les petites entreprises
Ce programme accompagne les agriculteurs et les petites entreprises rurales qui, chaque jour, travaillent à faire vivre leur terroir. En leur donnant les moyens d’adopter des pratiques agricoles moins invasives, il contribue à renforcer des filières agricoles locales à même de réduire la pauvreté et de soutenir une agriculture familiale qui nourrit les territoires. Ses actions permettent de restaurer les zones de savanes et forêts dégradées, limiter la déforestation, et ainsi participer à la lutte contre le changement climatique.
Aujourd’hui, 25 Alliances productives regroupent des entreprises de transformation et des petits producteurs qui cultivent durablement le cacao, le café ou l’huile de palme. Ce système sécurise les familles et sédentarise les terres des exploitations bénéficiaires, limitant l’avancée de la déforestation.
« Avant, nous étions obligés de couper la forêt pour planter. Aujourd’hui, avec les nouvelles méthodes, nous protégeons la nature tout en gagnant notre vie », explique un autre producteur de Banalia.
Une approche innovante
Le PSFD a su produire des résultats concrets dans la province de la Tshopo tels que l’accompagnement de près de 5 500 producteurs dans l’installation et l’entretien de leurs cultures, la plantation de 6 600 hectares de cultures de rentes, ainsi que l’appui de 11 projets d’innovation permettant d’adopter de nouvelles pratiques agronomes adaptées aux réalités locales.
« Cette approche novatrice s’appuie sur le principe des Paiements pour services environnementaux (PSE), qui consiste à accorder des subventions aux producteurs en fonction de leurs résultats sur le terrain, incluant les plantations, le nombre d’hectares cultivés ainsi que l’entretien, tout en évitant la déforestation, explique Floriane Pomares, chargée de projets Agriculture et forêts à l’AFD. Aujourd’hui, ce dispositif fait ses preuves sur le terrain : il contribue à la valorisation des pratiques agricoles soutenables et améliore concrètement les conditions de vie des producteurs engagés, comme Ismaël. »
À Bambae et dans toute la province de la Tshopo, l’évolution des pratiques des agriculteurs prouve concrètement que la destruction du deuxième plus important puit de carbone forestier de la planète peut encore être évitée.