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Cinq ans de l’Initiative Kiwa : protéger la biodiversité, soutenir les communautés
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Restaurer des forêts avec des espèces endémiques, protéger le corail, développer l’agroforesterie, lutter contre les espèces invasives… Pour son cinquième anniversaire, l’Initiative Kiwa a lancé 15 nouveaux projets locaux en août 2025. Après un démarrage en mars 2020 compliqué par la pandémie de Covid-19, le fonds multibailleurs, piloté par l’AFD, soutient désormais une quarantaine de projets, dans 17 États et territoires du Pacifique.
Dès le départ, l'Initiative Kiwa s’est orientée vers les solutions fondées sur la nature. « Les solutions fondées sur la nature, ce sont toutes les interventions qui visent à répondre aux besoins des gouvernements et des communautés face au changement climatique et qui ont deux atouts majeurs, commente Virginie Duvat, auteure du chapitre "Petites Îles" des 5e et 6e rapports du Giec et experte en évaluation des solutions fondées sur la nature. D’abord, elles renforcent la biodiversité, sur laquelle toutes les dimensions de la vie humaine s'appuient d'une manière ou d'une autre dans les îles du Pacifique, qui font partie des hotspots mondiaux de biodiversité. Leur deuxième atout : elles répondent à un objectif sociétal, qui est d'améliorer le bien-être humain. », poursuit la professeure.
Financée à hauteur de 77 millions d’euros par l’Union européenne, la France, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Canada, l'Initiative Kiwa est une coalition unique d’acteurs au service de l’adaptation au changement climatique dans le Pacifique insulaire. Ses actions bénéficient à plus de 220 000 personnes, et mobilisent déjà plus de 160 organisations de la société civile, ainsi qu'environ 130 institutions publiques à travers les territoires insulaires. Annoncée par le président Macron lors du premier One Planet Sumit, en 2017, l’initiative répond aux priorités de la région, dont les États et territoires ont collectivement identifié le changement climatique comme principale menace existentielle. Avec ses appels à projets, l'Initiative Kiwa suscite un engouement sans précédent : 342 candidatures reçues pour les projets locaux et 97 pour les projets régionaux. Ces candidatures illustrent les besoins et l'intérêt suscité à travers le Pacifique.
Fidèles à ses deux objectifs d'amélioration des conditions environnementales et humaines, les projets de l'Initiative Kiwa sont implantés au plus près des populations. Mis en œuvre par l’ONG Wildlife Conservation Society, le projet régional Kiwa Wish+ vise la gestion des bassins versants pour améliorer avec la qualité des eaux, la santé des populations et celle des écosystèmes. Dans chaque communauté concernée, une concertation est organisée pour s’assurer du consentement libre, préalable et éclairé des principaux intéressés. « Bien comprendre le concept d’un projet avant de le lancer, c’est crucial car cela nous permet d'appréhender les différents rôles que la communauté devra remplir. Intégrer des points de vue variés nous permet d’avoir une compréhension globale et offre une plateforme pour que les femmes se fassent entendre », explique Luisa Ruru, du village de Wabole aux Fidji, bénéficiaire directe du projet.
Kiwa : retour sur 5 ans d’actions dans le Pacifique pour l’adaptation au changement climatique
Une initiative fondée sur le travail collectif
L’une des originalités de l’Initiative Kiwa est qu’elle permet de couvrir aussi bien des projets à échelle locale que des projets régionaux, répartis sur plusieurs États et territoires. Ils favorisent la communauté de pratique, le partage d’expérience et le travail collectif. Il y a là un vrai foisonnement, une source d’inspiration. « Il faut le rappeler : nous ne pouvons rien faire seuls. Nous avons besoin les uns des autres. L’inclusion, les partenariats et l’implication des parties prenantes sont essentiels à une gestion efficace. C’est pourquoi nous construisons et nous forgeons de solides partenariats avec des organisations expertes qui partagent notre vision, comme sur le projet Kiwa Inspire », explique Jennifer Olegerii, directrice du département de la conservation et de l’application de la loi de l’État de Koror aux Palaos.
Piloté par la Communauté du Pacifique, le projet Kiwa POLFN (Fidji, Nauru, îles Salomon, Tonga) est un parfait exemple de ce que peut représenter la communauté Kiwa, puisqu’il s’appuie sur un réseau de fermes d’apprentissage biologiques. Basé sur une approche « d’agriculteur à agriculteur », il développe progressivement l’agriculture biologique dans la région grâce à un réseau de formateurs qui s’étend d’année en année.
Les solutions fondées sur la nature puisent dès que possible dans les savoirs locaux et les pratiques ancestrales. Cependant, pour les spécialistes qui les mettent en œuvre, il y a une vraie notion d’expérimentation pour trouver la solution idéale et s’assurer qu’elle soit reproductible. Le projet Kiwa Pebacc+ (Fidji, Îles Salomon, Vanuatu, Nouvelle-Calédonie et Wallis-et-Futuna) s’appuie sur les écosystèmes pour renforcer la résilience des communautés et des économies : par exemple en restaurant les mangroves pour protéger le littoral. Les sites de mise en œuvre sont sélectionnés pour être « démonstrateurs » : sites faciles d’accès où les travaux sont visibles, résultats convaincants à court terme, implication de partenaires « engagés, fiables et communicants ». Le PROE (Programme régional océanien pour l’environnement), qui porte le projet, mise sur un effet amplificateur de ces sites pilotes.
« Une initiative comme Kiwa, c'est vraiment une impulsion fondamentale pour embarquer les territoires de manière structurée, collective, sur cette voie des solutions fondées sur la nature. Pour moi, l'initiative Kiwa, c'est l'ouverture de "pépinières". C'est-à-dire la possibilité d'avoir des opérations pilotes, des expérimentations qu'on mène de A à Z pour en tirer des leçons et pour apprendre comment construire et déployer des solutions fondées sur la nature robustes », conclut Virginie Duvat.
Initiative Kiwa : la carte interactive des 15 nouveaux projets
Quelle différence entre un projet local et un projet régional de l’Initiative Kiwa ?
Les projets sont réalisés à deux échelles complémentaires :
- Les projets locaux : mis en œuvre dans un seul État ou territoire du Pacifique, ils bénéficient de petites à moyennes subventions allant de 25 000 à 400 000 euros. Gérés par le bureau océanien de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN Océanie) depuis les Fidji, ces projets sont portés par des organisations locales et visent des impacts ciblés sur un site. 15 nouveaux projets locaux ont été déployés à partir d'août 2025.
- Les projets régionaux : déployés dans plusieurs États ou territoires du Pacifique parmi les 18 éligibles aux appels à projets de l’Initiative Kiwa, ces projets reçoivent des subventions plus importantes allant de 3 à 5 millions d’euros et sont supervisés par le secrétariat de l’Initiative Kiwa et l’AFD. Les nombreux sites sélectionnés en Mélanésie, Polynésie et Micronésie favorisent ainsi la coopération régionale, le partage de connaissances et la diffusion d’outils et de bonnes pratiques. Deux nouveaux projets régionaux ont été déployés en mai 2025.
Les projets locaux et régionaux, ainsi que les partenaires de mises en œuvre (CPS, PROE et UICN), forment la communauté Kiwa : une grande famille engagée où le partage d’expériences et le développement de solutions fondées sur la nature sont encouragés au maximum pour renforcer l’action collective dans le Pacifique.