Article publié le 05/04/2024 et mis à jour le 07/04/2025
Renforcer les compétences et les synergies d’un pôle d’expertise en matière de développement international, situé dans la ville de Clermont-Ferrand. Voilà l’objectif du Pôle clermontois de développement international (PCDI), officiellement lancé en avril 2024, dans lequel le groupe Agence française de développement (AFD) inaugure un bureau mercredi 9 avril, en présence des membres de son comité exécutif.
Forte de son réseau d’anciens étudiants, chercheurs et décideurs, cette plateforme unique en son genre ambitionne à être un espace privilégié de réflexion et d'échange, ouvert aux experts de toute la planète, jouant un rôle original dans la formulation de politiques mondiales et dans l'émergence locale de solutions répondant aux défis actuels du développement durable.
Clermont-Ferrand, capitale historique de l'Auvergne, abrite depuis plusieurs décennies un pôle de compétences sur le sujet, d'abord matérialisé par le Centre d’études et de recherches sur le développement international (Cerdi - UCA/CNRS/IRD), créé en 1976, et la Fondation pour les études et recherches sur le développement international (Ferdi), un think tank né en 2003. Deux hauts lieux d'expertise qui se sont vu renforcer l'an dernier avec la participation du Global Development Network (GDN), organisation internationale ayant pour mission le renforcement des capacités de recherche dans les pays du Sud.
« Le Pôle clermontois de développement international (PCDI) est le résultat d’un investissement de près d’un demi-siècle, désormais amplifié par l’appui de l’État », souligne Patrick Guillaumont, président de la Ferdi. Le ministère de l’Économie et des Finances a en effet accordé un financement de 20,25 M€ pour la période 2022-2027, mis en œuvre par l’AFD. Le pôle est également soutenu par la région Auvergne-Rhône-Alpes, le département du Puy-de-Dôme, Clermont-Métropole, l’Université Clermont-Auvergne (UCA) et la fondation Michelin.
Faire de la recherche utile aux politiques publiques
« Le PCDI relève d’une ambition à la fois internationale et territoriale : il s’agit, depuis un pôle situé en région, de contribuer à l’élaboration de politiques mondiales qui répondent aux enjeux du développement durable – par exemple sur le financement du développement ou la fiscalité internationale », explique Patrick Guillaumont. « Tout en poursuivant nos travaux sur la macroéconomie du développement, nous accorderons une attention particulière aux nouveaux défis que rencontrent les pays à faibles revenus, dont celui de la vulnérabilité face aux effets du changement climatique », complète Simone Bertoli, directeur du Cerdi.
L’installation d’un bureau du GDN à Clermont-Ferrand préfigure la croissance du pôle dans les années à venir. « Le renforcement de la collaboration avec le Cerdi et la Ferdi nous permet de développer nos activités en Afrique subsaharienne et en Afrique du Nord, alors que nous étions historiquement plus présents en Asie du Sud et en Amérique latine », explique Jean-Louis Arcand, président du GDN.
Les synergies se font aussi au niveau des métiers des trois acteurs du pôle, très complémentaires. « Notre ambition est de faire de la recherche utile à la prise de décision publique, et la proximité avec le GDN renforce cette spécificité, explique Simone Bertoli. Par exemple, la conférence annuelle du GDN, qui a lieu une année sur deux à Clermont, nous permet d’échanger avec des décideurs du monde entier et de réfléchir aux façons dont notre activité de recherche peut apporter des réponses aux questions qu’ils se posent. » Le GDN apportera également son savoir-faire en matière d’appui à la recherche au Sud.
Amplifier la voix des acteurs du Sud
« La majorité des travaux de recherche sur le Sud se fait au Nord et, malgré les efforts déployés, la perspective des acteurs du Sud n’est pas toujours suffisamment intégrée aux solutions proposées : il est donc essentiel de donner les moyens aux chercheurs du Sud de faire de la recherche et de transmettre leurs résultats aux décideurs », explique Jean-Louis Arcand.
Il s’agit donc de renforcer les institutions de recherche, de former les chercheurs du Sud, mais aussi de les associer plus systématiquement aux travaux menés. Ces actions viennent compléter les parcours de formation existants à l’UCA – comme le master Maîtrise d’ouvrage pour le développement (Modev) mis en œuvre avec le Campus groupe AFD, qui s’adresse prioritairement aux cadres et futurs décideurs des pays du Sud.
Le projet a déjà permis des avancées notables, grâce aux synergies entre ses acteurs. Le GDN a diversifié ses bénéficiaires, se projetant davantage vers l’Afrique francophone. La Ferdi a fait évoluer ses modalités de travail, plus partenariales et tournées vers les acteurs du Sud. Le master Modev a quant à lui élargi la provenance de ses participants.