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Mangrove
Le carbone séquestré par les écosystèmes marins et côtiers, appelé carbone bleu, est un des sujets phares de la Conférence sur les océans 2022 des Nations unies (UNOC 2022) organisée à Lisbonne du 27 juin au 1er juillet. L’AFD encourage la dynamique existante autour de ce secteur via une nouvelle coalition, la Global Coalition for Blue Carbon.

Les écosystèmes côtiers – mangroves, herbiers sous-marins, marais littoraux – sont parmi les plus productifs de la planète. Ils peuvent notamment absorber jusqu'à dix fois plus de carbone par unité de surface que les forêts terrestres. Ce carbone stocké à la fois dans la biomasse et dans les sols porte un nom : le « carbone bleu ».

Au cours des 50 dernières années, ces écosystèmes ont toutefois perdu presque la moitié de leur couverture historique et continuent de disparaître à un rythme annuel de 1 à 2 %. « Étant donné leur capacité de séquestration, mais aussi leur richesse en termes de biodiversité et de résilience pour les communautés littorales, leur protection et leur restauration sont aujourd’hui cruciales, précise Romain Chabrol, expert Biodiversité et océans à l’Agence française de développement (AFD). Mais les projets dédiés restent bien trop limités. »

L’intérêt du secteur privé pour les crédits carbone bleu

L’intérêt des gouvernements et de la société civile pour le carbone bleu s’est considérablement accru depuis 2019 et la COP25 dite « bleue ». De plus en plus d’États intègrent le carbone bleu à leurs Contributions déterminées au niveau national. En 2021, le pacte de Glasgow a invité les différents programmes de travail et organes constitués de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) à intégrer et à renforcer les actions fondées sur l’océan dans leurs mandats et feuilles de route.


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Par ailleurs, une quinzaine de projets pilotes de restauration ou conservation de mangroves, notamment au Sénégal, en Colombie, au Kenya, au Mexique ou aux Fidji ont ou vont donner lieu à des émissions de crédits « carbone bleu » sur le marché volontaire des crédits. Ces crédits carbone générés par les projets permettent aux entreprises privées de compenser leurs émissions dans le cadre de leurs stratégies vers la neutralité carbone.  

« Le recours à ces crédits et à la finance carbone peut être intéressant, estime Romain Chabrol, dans la mesure où il permet de diversifier les sources de financements des projets de conservation et de les pérenniser puisque les crédits carbone sont émis sur une durée longue et donc rémunérateurs durant toute cette période. On utilise alors la valeur climatique des écosystèmes pour accélérer leur restauration. Mais cette valeur et cet objectif de séquestration ne suffisent pas : il faut s’assurer que les meilleurs standards en matière de juste partage des bénéfices et de biodiversité soient respectés. »

Solutions fondées sur la nature

L’AFD finance et accompagne aujourd’hui dix projets de conservation et de restauration d’écosystèmes côtiers. Il s’agit de projets climatiques à haute valeur sociale et biodiversité ou de projets biodiversité à haute valeur climatique et sociale.

L’AFD soutient par exemple un projet de renforcement des capacités du gouvernement du Sénégal pour la gestion des aires marines protégées dans les zones de mangrove de la Casamance et du Sine-Saloum, qui s’appuie sur l’expérience des communautés locales. En Indonésie, c’est la mise en œuvre de la stratégie carbone bleu du gouvernement qui est soutenue. Au Mozambique, des activés de restauration et de gestion durable des mangroves du delta du Zambèze sont menées en lien avec Biofund et WWF. 

Une coalition d’engagement au plus haut niveau

L’AFD contribue par ailleurs à la dynamique existante sur le carbone bleu en portant avec l’ONG Conservation International une nouvelle coalition : la Global Coalition for Blue Carbon (GCBC), annoncée le 11 février 2022 lors du sommet One Ocean de Brest par le président de la République française Emmanuel Macron.

Cette coalition est conçue comme une plateforme d’engagements qui réunit au plus haut niveau États, ONG, institutions publiques et privées pour faire fructifier la dynamique mondiale sur le carbone bleu, initier plus de projets et s’assurer que les meilleurs standards sociaux et environnementaux soient mis en œuvre. La Colombie, le Costa Rica, l’Australie et la France en font déjà partie. Les premiers engagements de ses membres sont attendus lors de la COP27, en novembre prochain.