Une chose met tout le monde d’accord à l’issue de chaque négociation lors des Conférences des parties (COP) : les générations futures devront faire mieux. Et pour mieux doter les jeunes de clés de compréhension face aux défis qui se présentent, le groupe AFD se donne pour mission de les sensibiliser et de les former aux problématiques du développement durable et de solidarité internationale. C’est pourquoi le 10 novembre dernier, alors que les représentants politiques du monde entier négociaient âprement les accords de la COP27, des centaines de lycéens du Caire s’initiaient tout aussi sérieusement à la complexité d’une action collective en faveur du climat.
À la table des négociations : les futurs citoyens, dont les COP successives doivent préserver l’avenir. Pour éviter que les négociations achoppent, comme ce fut le cas pour un certain nombre de volets de la « vraie » COP27, chacun devait s’accorder sur des mesures collectives sans trop léser de parties. Environ 400 collégiens et lycéens, venus de huit lycées du Caire, ont ainsi travaillé sur le changement climatique et se sont mis dans la peau d’un acteur étatique (Brésil, Chine, Égypte, États-Unis, France, Haïti, Qatar, Russie, Sénégal, Vanuatu) ou non étatique (Brut Nature, Giec, WWF, TotalEnergies, ONU) et ont appris à défendre les intérêts de l’acteur qu’il représente.
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« Certains groupes sont parvenus à nouer des accords très ambitieux, d’autres n’y sont pas parvenus, tout comme dans une vraie COP. Ce qui est certain, c'est que les élèves ont voulu faire passer un message », se réjouit Stéphanie Beney, chargée de mission Sensibilisation et campagne d'intérêt général à l'AFD. Sur place, elle a suivi avec son collègue François Benichou le projet « COP des jeunes ». Ensemble, ils ont animé les débats, formé le personnel enseignant et coaché les élèves, alors que l’agence AFD du Caire avait préparé le terrain par la réalisation d’une vidéo pédagogique expliquant les enjeux et les défis climatiques propres à l’Égypte.
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« Cela a pris la forme d’un jeu de rôle libérateur pour la parole », analyse Stéphanie Beney. Un mode de pédagogie par l’exemple bien plus percutant qu’un long discours. « Les élèves comprennent mieux les enjeux et les difficultés. Ils font évoluer leurs idées reçues, découvrent de nouvelles problématiques, comme l’enjeu du financement de l’adaptation au changement climatique pour les pays les plus vulnérables, poursuit la chargée de mission. Ils constatent la multiplicité des intérêts propres à chaque nation, ce qui aiguise leur sens critique et les fait sortir d’une lecture simpliste de la situation. Et c’est aussi et surtout une occasion de s’exprimer, d’argumenter, en se sentant pris au sérieux. »
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Pour des jeunes plus ou moins sensibilisés aux enjeux environnementaux, l’expérience a permis à certains de dépasser un fond de rejet nourri par un sentiment de culpabilisation et d’incapacité d’agir. Stéphanie Beney analyse : « Dans ces simulations, ils se sentent actifs, ils reprennent la main sur le cours des choses. Plutôt que de parler des sujets, les élèves peuvent directement envisager un traitement. » Tout un symbole : alors que les manifestations étaient interdites en Égypte, certains élèves ont tenu à faire exister la contestation en organisant une fausse manifestation avec des militants de l'ONG Greenpeace, dans l’espoir de peser sur les négociations menées par leurs camarades. « Le fait de passer à l’action leur permet de ne plus simplement subir le contexte », conclut la chargée de mission.
Seul regret exprimé par les jeunes négociateurs : le fait de n’avoir pas pu prendre directement le pouls de la conférence auprès de leurs homologues plus âgés. Les collégiens et lycéens sont curieux du contenu des débats et s’interrogent sur la place faite à la jeunesse : certains voudraient être de la conférence pour mettre la main à la pâte. Qu’à cela ne tienne : des réflexions sont menées dès à présent pour inclure des représentants des jeunes générations dans certains volets des négociations.