En matière de défense des droits pour les femmes et les filles dans le monde, force est de constater que la période est au recul. La récente décision de la Cour suprême contre le droit à l’avortement aux États-Unis vient s’ajouter au retour des Talibans à Kaboul ou encore aux conséquences de la crise sanitaire, sociale et économique pour illustrer cette fragilisation des acquis.
Dans ce contexte, la célébration des deux ans de la création du Fonds de soutien aux organisations féministes (FSOF) prend une dimension particulière, alors que la réduction des inégalités entre les genres s’impose comme un facteur déterminant du progrès social.
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Annoncée par le président de la République Emmanuel Macron en mars 2019, cette initiative vient illustrer l’orientation féministe du groupe AFD et sa volonté d’accélérer les progrès vers l’égalité femmes-hommes, pour réaliser la feuille de route adoptée dès 1995 lors de la Conférence mondiale sur les femmes de Pékin. Elle s’inscrit également dans le sillage de la stratégie internationale de la France pour l’égalité entre les femmes et les hommes 2018-2022.
Soutenir les organisations féministes de la société civile
En pratique, les 120 millions d’euros de ce fonds viennent en soutien aux organisations féministes issues de la société civile des pays partenaires de la politique de développement et de solidarité internationale de la France. Déployé sur trois ans, l’outil finance le combat pour l’égalité de genre et la défense des droits des femmes, dans un contexte où les organisations concernées captent moins de 1 % du financement international dédié au genre.
Ainsi, pour la seule année 2021, près de 48 millions d’euros ont été engagés partout dans le monde. Plus de 65 % de ces fonds revenaient à des organisations féministes locales en Afrique et à de petites et moyennes structures. Cette approche a permis d’atteindre des organisations traditionnellement éloignées des circuits de financement.
Par exemple, le collectif Féministes en action, mené par l’association Care, qui œuvre pour les droits et santé sexuels et reproductifs, a été aidé à hauteur de 15 millions d’euros. De plus petits projets, notamment gérés par les ambassades de France à l’étranger, permettent aussi d’appuyer les luttes des organisations féministes de la société civile. En Éthiopie par exemple, contre les violences basées sur le genre, en Afrique du Sud et au Lesotho pour l’autonomisation économique des femmes rurales ou encore en Tanzanie contre le réchauffement climatique.
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Le FSOF a pu voir le jour dans le sillage de la Loi développement du 4 août 2021 et la refonte de l’aide publique au développement qu’elle a engendrée. Ce texte consacre la société civile comme un acteur clé du développement et engage une augmentation de l’aide transitant par ses organisations. Le renforcement de leurs capacités doit rester, sur le long terme, au cœur de la réponse française aux creusements des inégalités de genre et aux différentes crises collectives.