40 000
bénéficiaires indirects
8
femmes formées à l'entreprenariat
10 000
Objectif du nombre de solutions électriques durables vendues
Face au manque de connexion électrique dans les zones rurales reculées de Birmanie, l'ONG Geres met en oeuvre un projet de distribution de solutions électriques durables.

Au fil des kilomètres de piste cahoteuse qui mène au village de Hta Nuang Kahn, les installations électriques se raréfient, jusqu’à disparaître. Nous sommes dans la Dry Zone, l’une des régions les plus pauvres du pays, qui concentre 18 % de la population. Ici, les habitants n’ont pas accès à une électricité fiable et de qualité. 

La plupart des ménages cuisinent au bois sur des foyers traditionnels, générant ainsi une forte pression sur les ressources forestières, alors que le taux de déforestation atteint 2 % par an à l’échelle du pays. Cette source d’énergie fait également peser une charge supplémentaire sur le travail des femmes, qui consacrent en moyenne 200 heures par an à la collecte du bois, sans compter les maladies respiratoires liées à l’exposition aux fumées nocives.

Pour faire face, le Geres, avec le soutien de l’Agence française de développement (AFD), promeut l'émergence de distributeurs de solutions électriques durables (SED) dits du « dernier kilomètre », chaînons manquants pour atteindre les villages les plus isolés. Dans ce cadre, huit femmes ont été formées à l’entreprenariat pour vendre plusieurs types de SED : des solutions solaires type lampes ou kits solaires mais aussi un foyer à bois amélioré.
 

Birmanie, électricité
Birmanie, électricité, four à bois
Associer durabilité et efficacité
La première solution est simple, durable et économique : il s’agit de fours à bois optimisés, qui ont été développés en laboratoire par les équipes du Geres grâce à un appui de l’Union européenne.

« Ils permettent de consommer 40 % de bois en moins et chauffent plus vite que des fours traditionnels : au lieu de mettre dix minutes pour faire bouillir de l’eau, nous mettons désormais sept minutes », explique Myint Myint Maw, entrepreneuse depuis cinq mois. Cette solution permet également de réduire drastiquement le dégagement de fumées.

Ces foyers améliorés coûtent 3 000 MMK, soit un peu moins de deux euros. « Le prix est abordable, les familles peuvent se permettre de s’équiper sans s’endetter. Dans le village de Hta Nuang Kahn, 54 personnes ont déjà acquis cette solution », se réjouit Myint Myint Maw.
Birmanie, électricité
Quand électricité rime avec sécurité
Daw Aye Myint vit dans une grande maison en bambou tressé, avec toute sa famille. « Avant l’installation d’un kit solaire chez nous, nous nous éclairions avec des bougies. Mais nous ne pouvions pas les laisser allumées tout le temps, à cause du risque d’incendie. Puis nous avons installé un panneau solaire relié à une batterie de voiture, mais on nous a expliqué que nous avions également des risques importants de court-circuit et d’incendie… J’ai entendu parler du kit solaire via une session de présentation organisée par Myint Myint Maw. »

Pour elle, cette installation, qui prend la forme d’un panneau solaire, d’une batterie et de plusieurs lampes, représente un vrai changement : « Cela nous permet d’utiliser la lumière pour travailler le soir, mais aussi pour recharger nos téléphones la nuit en toute sécurité ! J’ai également fait installer un kit chez ma mère, qui vit dans un autre village, et j’en ai parlé à mes voisins. »

Pour ce produit représentant une somme plus importante – 130 000 MMK, soit 77 euros environ – des crédits sont proposés. Daw Aye Myint a opté pour cette solution : elle remboursera 20 000 MMK par mois pendant un an environ pour l’achat de son kit solaire et de celui de sa mère : « Cela nous a permis d’investir en divisant le prix de l’achat des kits sur une plus longue période. »
Birmanie, électricité
Plus de compétences pour de nouveaux horizons
Myint Myint Win est basée dans la ville de Thazi et parcourt depuis des années les villages aux alentours pour vendre des produits du quotidien : couvertures, vêtements, ventilateurs… Et maintenant des SED.

Depuis qu’elle a rejoint le programme, elle est montée en compétences : « J’ai reçu des formations sur le modèle d’affaire, le marketing, la gestion des finances, mais aussi les produits eux-mêmes… Cela m’a beaucoup appris ! Maintenant par exemple, je sais mieux comment effectuer toutes les petites actions de comptabilité du quotidien. »

Les équipes du Geres, avec leurs partenaires de la société civile birmane, poursuivent ensuite leur accompagnement sur la gestion de l’entreprise et des ventes, par exemple en les appuyant dans l'organisation de démonstrations ou encore sur l'installation des kits solaires.

Des compétences nouvelles qui lui ouvrent de nouveaux horizons : « Je voudrais ouvrir une boutique fixe pour vendre mes produits, plutôt que de faire du porte-à-porte. Cela me permettrait d’étendre mes activités. Avec cette source de revenu supplémentaire, je pourrai financer les études de mes deux enfants pour qu’ils aillent à l’université », explique-t-elle.
Birmanie, électricité
L’entreprenariat féminin au coeur du dispositif

En Birmanie, 50,5 % des femmes sont actives contre 85,2 % des hommes. Par ailleurs, selon une étude de l’Organisation internationale du travail sur l’entreprenariat féminin en Birmanie (2014), elles se heurtent à de nombreux obstacles pour lancer leur propre entreprise : accès moindre aux ressources, au crédit, à l’information et à l’éducation, mais aussi poids des responsabilités domestiques… 

Des freins que souhaite lever le projet en proposant une solution complète pour aider les volontaires, sélectionnées sur leur motivation et leur engagement, à démarrer leur activité. En plus des formations, celles-ci bénéficient d’un fonds de roulement pour faciliter l’investissement. Concrètement, le Geres met à leur disposition les produits qu’elles rembourseront au fur et à mesure de leurs ventes. 

Pour Myint Myint Maw, être entrepreneuse est une vraie fierté : « Je suis très contente d’avoir pu démarrer cette activité, de pouvoir subvenir à mes besoins. Et d’être indépendante ! »