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Maroc : quand le football national inspire les élèves de Lead Morocco
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Près de Casablanca, la Lead Academy Maroc accueille des enfants issus de milieux défavorisés et les forme grâce au foot. Un modèle qui prend tout son sens à la lumière des récents exploits des équipes nationales du royaume.
C’est aux abords du stade municipal d’El Mansouria, dans la région de Casblanca au Maroc, que Lead Morocco a érigé ses salles de cours. Cet après-midi, face au tableau blanc interactif, une vingtaine d’enfants suivent un cours d’arabe. 139 élèves-athlètes, du primaire au lycée, suivent un double cursus, à l’école publique le matin, à l’académie l’après-midi. Si cette dernière s’appuie sur une pédagogie originale basée sur le football, il n’est pas question de faire de tous ses bénéficiaires de futurs champions. « Il y a des valeurs et des compétences qu’on peut apprendre par le sport de manière assez naturelle. À travers cette passion, on peut former un citoyen », résume Fatima-Azzahra Benfares, directrice des programmes et co-fondatrice de l’organisation créée en 2019 et soutenue par l’AFD via le programme Académies sportives.
Khadija, 13 ans, a déjà une idée précise du métier qu’elle souhaite exercer : « Je trouve que c’est un bon choix pour une fille de devenir coach de foot », lance-t-elle avec un grand sourire malicieux. Tout le monde n’est pas de son avis malheureusement et elle le sait. « Ça pose problème à certaines personnes. Elles te demandent pourquoi tu veux devenir coach, alors que tu es une fille, que tu peux faire autre chose. »
Si, ailleurs dans la société, la place des femmes dans le foot est encore interrogée, ici, la question du genre est au cœur des préoccupations. Les entraînements sont mixtes jusqu’à l’âge de 13 ans, des espaces sûrs sont mis en place pour créer les conditions de l’égalité filles-garçons.
Grandir, ensemble
Quand on demande aux élèves ce que leur a apporté l’académie, le mot « discipline » revient sans cesse. Le sport permet de mieux appréhender certaines notions comme la gestion des conflits, le respect, et il améliore les interactions sociales. « Ça nous aide à façonner notre personnalité, précise Malek, qui a intégré le programme il y a six ans. Je suis fille unique et l’académie m’a donné des frères et sœurs. Nous passons beaucoup de temps ensemble, comme une fratrie. »
Au fil du temps, les élèves-athlètes s’affirment, développent une confiance en eux. « Il y a des séances de sport pour le développement où l’on aborde tous les challenges auxquels peuvent faire face des jeunes qui viennent de milieux un peu difficiles », détaille Fatima-Azzahra Benfares.
Directeur sportif de Lead Morocco depuis cinq ans, Hamza Ammor a été témoin de véritables métamorphoses. « Les résultats sont là, on voit des élèves se transformer. Au début, certains sont très timides, ils n’osent pas parler, et puis ces mêmes élèves finissent par savoir comment exprimer leur opinion, comment diriger leurs camarades sur le terrain et en classe. »
Omar, 13 ans, est de ceux qui se sont révélés lors de leur parcours à la Lead Academy. « Pour atteindre ses objectifs, ses rêves, il faut avoir suffisamment confiance en soi. Ici, on peut réaliser nos rêves », assure le jeune garçon.
Idoles, exemplarité et élan national
Récemment, les équipes nationales marocaines de football ont engrangé les succès : un titre de champion du monde U20 (moins de 20 ans), une CAN U17 (moins de 17 ans), une médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Paris. Les joueurs et joueuses ont aussi brillé individuellement, comme Achraf Hakimi et Ghizlane Chebbak, qui ont remporté tous les deux le Ballon d’or africain.
« À partir de la Coupe du monde 2022 (et la qualification des Lions de l’Atlas en demi-finale, NDLR), je pense que quelque chose s’est débloqué en termes d’état d’esprit, qui va au-delà du football, retrace Fatima-Azzahra Benfares. Un état d’esprit d’excellence, l’idée qu’il faut parfois des années pour réussir un projet : l’investissement dans le football au Maroc a commencé dès 2008, et nous n'avons vu les résultats que bien plus tard. »
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Malek aime la danse et les rollers, deux passions qui passent bien avant le foot. Pourtant, à l’image de ses camarades, elle se sent inspirée par les exploits du Maroc. « Il faut travailler sérieusement et se donner à fond pour réaliser de grandes choses. Moi, je veux devenir photographe et faire des documentaires sur la difficulté de la vie dans les villages. » L’ambition de Malek rejoint l’objectif que s’est fixé la Lead Academy Morocco, en formant de futurs leaders qui deviendront des acteurs du changement dans leur propre communauté.
Khadija se reconnaît elle aussi dans ses « idoles », elle se dit qu’elle peut atteindre le même niveau d’excellence : « Ce sont des gens qui ont vécu dans le même environnement que le mien, avec les mêmes obstacles, surtout pour les femmes qui affrontent beaucoup de difficultés dans notre société. »
Alors que le royaume organise à partir du 21 décembre 2025 la Coupe d’Afrique des nations et co-organisera la Coupe du monde 2030, Fatima-Azzahra Benfares veut croire que la Lead Academy Maroc s’inscrit dans « la volonté nationale de préparer des programmes qui seront l’héritage humain » de ces grands évènements, pour en faire de « vrais catalyseurs de développement ».