Au Niger, 80 % de la population vit en milieu rural. Le taux d’accès à l’électricité y est quasi nul ; il avoisine à peine les 13 % au niveau national. Assurer un accès universel à l’électricité pour améliorer les conditions de vie des Nigériens et permettre une croissance économique, c’est le pari que le gouvernement nigérien veut gagner. Pour participer à l’atteinte de cet objectif ambitieux, le gouvernement et les partenaires de l’Alliance Sahel organisent une table ronde dédiée à l’accélération de l’accès à l’électricité au Niger.
L’objectif principal de cette première rencontre, qui se tiendra à Niamey les 4 et 5 novembre, est de mobiliser les bailleurs et partenaires privés au financement de la Politique nationale de l’électricité (PNE) et de la Stratégie nationale d’accès à l’électricité (SNAE). Ces directives ont été adoptées en 2018 pour marquer la volonté politique de planifier les interventions et investissements dans ce domaine. « Le travail de planification de l’accès à l’électricité réalisé par le Niger est important car il donne un cadre au développement de ce secteur, explique Nicolas Guichard, responsable adjoint de la division Énergie de l’Agence française de développement (AFD). Cette planification claire encourage le soutien des bailleurs et attire les investisseurs privés, des nouveaux partenaires dont le secteur a grandement besoin pour grandir. »
Accélérer l’électrification du Niger
La table ronde de Niamey, première d’une série de rencontres sous l’égide du groupe de bailleurs de l’Alliance Sahel, vise à discuter les mécanismes nécessaires pour accélérer l’électrification du Niger et les besoins en financement pour sa mise en œuvre. Dans la continuité de cette première session, ce groupe servira de plateforme d’échange et de dialogue entre le gouvernement, les bailleurs, les partenaires techniques et financiers, et le secteur privé.
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De ces discussions émanera une programmation optimale des investissements pour atteindre l’objectif de couverture électrique d’au moins 80 % de l’ensemble du territoire national d’ici 2035, dont 56 % via le réseau, 16 % via les mini-réseaux et le reste (8 %) via des systèmes de kits solaires individuels. Les investissements requis sont estimés à 1 100 milliards de francs CFA, soit environ 1,5 milliard d’euros. Les 4 et 5 novembre, les partenaires techniques et financiers du Niger, membres de l’Alliance Sahel, prévoient aussi d’annoncer leurs intentions et perspectives pour financer la mise en œuvre des différents projets prévus dans le cadre de la SNAE.
Les autres points de discussion de cette rencontre de Niamey portent sur l’état des lieux du secteur de l’électricité, l’évaluation du cadre réglementaire et les réformes. L’identification des défis opérationnels de mise en œuvre des projets d’électrification en cours et la proposition de solutions pratiques et concrètes seront également débattues.
Un cadre pour attirer les investisseurs privés
« Le secteur de l’accès à l’électricité est dans une bonne dynamique ces dernières années, commente Halid Alhassane, directeur général de la Société nigérienne d’électricité (Nigelec), recapitalisée en 2019. Nous attendons de cette table ronde un engagement fort et concret des bailleurs de fonds pour le financement du programme d’amélioration de l’accès à l’électricité au Niger et un dialogue franc sur les modalités de mise en œuvre de la SNAE. »
En plus de la Politique nationale de l’électricité et de la Stratégie nationale d’accès à l’électricité, le gouvernement du Niger a également adopté un Code du réseau d’électricité en 2019 et créé une Autorité de régulation du secteur de l’énergie. Ces dispositions donnent un cadre juridique et technique au secteur qui devient plus sûr et plus attractif pour les bailleurs de fonds et les investisseurs privés.
Cette vision globale identifie clairement les zones où il est techniquement et économiquement pertinent d’étendre le réseau et celles qui pourraient faire l’objet d’électrification hors réseau. « Elle a aussi l’avantage, pour les acteurs privés, de les guider dans leurs investissements en minimisant la prise de risque dans les secteurs géographiques où les populations sont fragiles avec des capacités de paiement limitées », ajoute Nicolas Guichard.
Le Niger et l’AFD, partenaires de longue date
L’Agence française de développement accompagne les autorités nigériennes depuis des années dans sa politique de renforcement d’accès à l’électricité. « En cofinancement avec l’Union européenne, l’AFD vient par exemple de boucler un projet qui a permis de renforcer l’accès à l’énergie dans la capitale Niamey et dans 100 communes du pays. Initialement, ce sont respectivement 315 000 et 114 100 personnes qui devaient être raccordées. Cet objectif sera dépassé avec la connexion de 190 000 personnes supplémentaires », se réjouit Nicolas Guichard.
Pour mémoire, l’Alliance Sahel, lancée en 2017, veut accroître la stabilité et le développement de la région par une meilleure coordination et une mise en œuvre accélérée de l’aide et des projets. Composée de 12 membres (France, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, Italie, Luxembourg, Danemark, Pays-Bas, Union européenne, Banque mondiale, Banque africaine de développement et Programme des Nations unies pour le développement), l’initiative est une opportunité majeure pour permettre un dialogue renforcé entre bailleurs et gouvernements sur ces sujets cruciaux. À commencer par l’accès à l’énergie.