Depuis le début des années 2000, la ville de Phnom Penh, capitale du royaume du Cambodge, connaît un développement urbain soutenu : sa population est passée de 1 à 2,3 millions d’habitants et sa superficie s’est considérablement étendue. Le taux de raccordement au réseau d’eau potable y est le plus élevé du pays (85 %) même si d’importantes disparités demeurent entre les districts centraux, couverts à 100 %, et les zones périphériques qui ne sont pas encore toutes desservies.
Construite dans les années 1960 et rénovée en 1996, la réhabilitation de la station de Chamcar Morn était la première priorité du plan 2016-2030 de la Régie des eaux de Phnom Penh (PPWSA, Phnom Penh Water Supply Authority). Grâce aux travaux de rénovation, la production de cette station est passée de 14 000 à 52 000 m3 par jour, permettant à 332 000 personnes de se raccorder au service et ainsi disposer d’une eau de qualité, en quantité suffisante et à un prix plus abordable.
« Avant les travaux, les quartiers alentour faisaient souvent face à des coupures d’eau et la pression n’était pas suffisante pour alimenter en continu toute la population, explique Pheng Ty, directeur du département de la production et de la distribution au sein de la PPWSA. Aujourd’hui, la qualité du service est grandement améliorée et nous pouvons fournir de l’eau 24h/24. »
Un service accessible à tous
À l’issue de ce chantier complexe, mené en pleine ville, une toute nouvelle usine de traitement, optimisée pour une efficacité maximum et une performance alignée sur les standards internationaux, a été mise en service le 28 octobre 2019. « Nous contrôlons tout par ordinateur, depuis la salle de contrôle des données. Nous pouvons vérifier la pression de l’eau, le niveau de chlore, la température… Et ainsi intervenir très rapidement en cas d’anomalie », détaille Sak Koy, chef de la station. La qualité de l’eau est soumise à un second contrôle en laboratoire, équipé de matériel dernier cri.
Particularité du modèle proposé par la PPWSA, le taux de performance des installations est élevé, ce qui permet maintenir des prix très bas. Le taux de fuite est par ailleurs très faible (en moyenne à 8 %), grâce à une surveillance constante des niveaux de pression et des flux d’eau dans la ville via un logiciel, mais aussi une hotline. Une fois signalées, les fuites visibles sont réparées dans les trois heures, tandis que les fuites invisibles sont identifiées grâce au travail des équipes de nuit qui les repèrent à l’aide de stéthoscopes. Un moyen de limiter les hausses tarifaires tout en étant rentables.
Et pour les ménages les moins aisés, la PPWSA va plus loin encore : « Nous subventionnons les connexions pour les foyers les plus pauvres, c’est-à-dire que nous installons l’eau potable gratuitement ou à un coût réduit chez eux », complète Pheng Ty.
Une première étape… Avant de voir plus grand
Si la rénovation de la station a permis d’augmenter de manière considérable la capacité de distribution d’eau, celle-ci reste assez modeste compte tenu des défis de croissance auxquels est confrontée la ville.
Afin d’apporter une solution de long terme, une autre station de traitement des eaux est en cours de construction à Bakheng. Réalisée par la PPWSA et financée par l’AFD, l’Union européenne via l'Asian Investment Facility (UE/AIF) et la Banque européenne d’investissement (BEI), elle permettra d’alimenter 600 000 personnes de plus en eau potable d’ici à 2025, ce qui fera d’elle la plus grande de la ville.
L’AFD soutient la PPWSA depuis 2002 et a financé différents projets avec un montant engagé total de 320 millions d’euros visant à améliorer et à augmenter la capacité de distribution de la régie, afin d’assurer l’accès à l’eau pour un nombre croissant d’habitants de la ville de Phnom Penh, mais aussi la soutenabilité de ce modèle innovant.