Rapport Évaluations 2023
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En 2018, en République démocratique du Congo, seulement 33,6 % de la population bénéficiait d’un accès basique à l’eau potable. La situation est encore plus sensible dans les quartiers périphériques des grandes villes en raison d’une croissance démographique rapide et d’infrastructures précaires : maladies hydriques, conditions d’hygiène dégradées, corvées d’eau chronophages… Lancé en 2016, le projet Pilaep (Promotion de modalités innovantes pour l’accès à l’eau potable) visait à déployer des mini-réseaux autonomes d’eau potable et à mettre en place un mode de gestion communautaire dans 26 quartiers périphériques de Kinshasa.
Lire aussi : Le rapport des évaluations 2023
Le programme a été évalué par le cabinet Hydroconseil et l’IRD-Dial, en 2021-2022, afin de connaître les effets concrets du projet sur la vie des communautés et d’en tirer des enseignements pour mieux l’adapter aux problématiques locales, qui ne cessent d’évoluer.
Un accès à l’eau amélioré
Ainsi, d’après l’évaluation, Pilaep a contribué entre 2016 et 2022 à faciliter l’accès à l’eau des habitants de ces 26 quartiers. Installées à moins de 250 m de chaque habitation, les bornes ont réduit de 34 minutes par personne le temps moyen nécessaire pour aller chercher de l’eau. La quantité collectée a quant à elle augmenté de près de 11 litres par jour et par personne.
L’évaluation montre également que le service est jugé plutôt satisfaisant par les usagers : les populations bénéficiant des bornes-fontaines ont à ce jour un avis globalement positif (contre seulement 38 % en 2018), malgré des pannes et des doutes sur le professionnalisme des gestionnaires.
Des nouveaux besoins à prendre en compte
Le fonctionnement de ce service essentiel devra néanmoins être adapté car, entre 2018 et 2021, les quartiers ciblés par le projet ont connu une forte croissance démographique ainsi qu’un important taux de mobilité des habitants. « Ces processus mènent à une gentrification lente et structurelle qui induit des besoins évolutifs », observe Léa Macias, chargée d’évaluation à l’AFD. Afin d’améliorer le service rendu aux populations, l’enjeu sera d’abord d’adapter le service aux besoins mouvants des populations, en agissant notamment sur sa flexibilité, à la fois en termes d’horaires et de prix.
Un service géré de façon communautaire
Les bornes-fontaines Pilaep sont gérées par les Associations d’usagers des ressources en eau potable (Asurep). D’après l’évaluation, ces dernières souffrent d’un manque de transparence – notamment sur leur gestion financière – qui suscite la méfiance des usagers. Leur représentativité et leur engagement réel sont questionnés par les bénéficiaires. Il est alors crucial de mieux informer, sensibiliser et impliquer les habitants. Les défaillances de communication à l’égard des populations, comme dans le suivi de la gestion du service, notamment, menacent leur pérennité.
La consolidation de l’organisation interne des Asurep sera donc clé pour renforcer leur légitimité et améliorer leur gestion. Outre la clarification des rôles et des responsabilités de leurs membres, il est essentiel de renforcer les capacités de ces associations et de mettre en place un cadre de suivi, de contrôle et de communication pour plus de redevabilité et de transparence.
Une reconnaissance institutionnelle nécessaire
Par ailleurs, durant le projet, des forages privés – dont la qualité interroge – se sont multipliés dans les quartiers périphériques. « Cet environnement concurrentiel imprévu n’a pas permis de mesurer correctement les divers impacts du projet », note Léa Macias.
L’essor de ces infrastructures pose la question de la durabilité des Asurep. Leur intégration dans le secteur de l’eau en RDC doit donc être accélérée. Pour leur conférer plus de légitimité, favoriser leur reconnaissance institutionnelle et leur ancrage législatif, les associations d’usagers doivent s’appuyer notamment sur une organisation faîtière en mesure de les représenter. Ces recommandations issues de l’évaluation sont précieuses, elles pourraient servir les autorités congolaises pour pérenniser et garantir l’efficacité de ce mode de gestion original.