Congestion et pollution sont des problèmes récurrents dans la ville de Hanoï, affectant l’image de la ville au niveau national et international. En cause ? La croissance rapide du nombre de véhicules individuels - Hanoï compte aujourd'hui environ 6,7 millions de voitures et de motos - et le manque de transports en commun dans la zone urbaine centrale. Seule une personne sur cinq utilise le bus, seul système de transport public existant à Hanoï.
Un enjeu majeur pour la santé des habitants
Selon le département de la protection de l'environnement de Hanoï, la congestion est responsable de 70 % de la pollution de l'air. La capitale vietnamienne fait partie des villes les plus polluées d'Asie du Sud-Est. En outre, les embouteillages sont responsables d’une réduction de la productivité du travail (les employés perdent un temps considérable lors de leurs trajets quotidiens), de l'augmentation du coût du carburant et des nombreux accidents de la route. L’amélioration de la mobilité est donc non seulement un enjeu majeur pour l'attractivité de la ville, mais aussi pour la santé de ses habitants.
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Dang Thuy Diem, fonctionnaire à l’université, en subit les conséquences au quotidien. Chaque jour, elle emmène ses enfants à l’école à moto dans le district de Cau Giay, puis se rend en voiture au bureau, qui se trouve à environ cinq kilomètres. « J’ai environ 20 à 25 minutes de trajet. Mais cela peut prendre jusqu'à une heure s'il y a des embouteillages, explique Diem. Je suis fatiguée de faire la navette entre mon domicile et mon bureau tous les jours. Je m'inquiète des embouteillages et de la pollution de l'air. »
Une ligne aux standards européens
Afin d'améliorer la qualité de vie de ses habitants, la municipalité de Hanoï a commencé, dès 2010, à développer son réseau de métro. « La construction d'un réseau ferroviaire métropolitain répond à une demande de la municipalité de Hanoï, qui compte plus de 10 millions d'habitants », précise Nguyen Cao Minh, directeur de MRB (Hanoi Metropolitan Railway Management Board). Il contribuera à protéger l'environnement en réduisant la pollution atmosphérique et les émissions de gaz à effet de serre. » Un pas de plus vers l'objectif de Hanoï de devenir une ville verte et moderne.
La ligne 3 du métro, financée par l'Agence française de développement (AFD), la Direction générale du Trésor française (DGT), la Banque européenne de développement (BEI), la Banque asiatique de développement (BAD) et la ville de Hanoï, est l'une des premières lignes de la cité. Longue de 12,5 km (8,5 km en aérien, 4 km en souterrain), elle relie la partie ouest de Hanoï à la gare centrale et aux environs. Le tracé compte huit gares aériennes, quatre gares souterraines et une zone de dépôt à Nhon.
Une capacité totale de 400 000 passagers
La ligne compte dix trains en alliage d'aluminium fabriqués en France, selon les normes européennes. Chaque train est décoré de rouge et de vert inspirés de la couleur du fruit du dragon et des rizières du Vietnam. Les officiels vietnamiens présents à l'arrivée du premier train au port de Haïphong le 18 octobre 2020 ont salué son design élégant et ses équipements techniques.
Chaque train compte quatre voitures pour un total de plus de 78 m de long. Les voitures sont équipées de portes larges pour faciliter l'embarquement et le débarquement, ainsi que de sièges adaptés aux personnes à mobilité réduite. Il peut transporter un maximum de 944 passagers. Lorsque dix trains circuleront, la capacité totale de la ligne atteindra 400 000 passagers par jour. La municipalité de Hanoï s'attend à ce que la ligne de métro 3 augmente la capacité des transports publics jusqu'à 30 % après sa mise en service.
La ligne 3 du métro devrait permettre d'économiser environ 20 000 tonnes d'équivalent CO2 par an. « La consommation énergétique d'une rame de métro est inférieure de 30 % à celle d'un bus et de 25 % à celle d'une voiture », explique Gilles Machelon, directeur de projet du consortium Alstom, Thales et Colas Rail. Pour Dang Thuy Diem, c’est une véritable opportunité : « J’habite près de la ligne de métro. J’ai hâte d’utiliser ce mode de transport après son ouverture. »
Prochaines étapes
Les usines françaises ayant fermé du 18 mars au début du mois de mai et les experts français n'ayant pas pu se rendre au Vietnam comme prévu en raison de la pandémie de Covid-19, la livraison des premiers trains a dû être reportée de quelques semaines. Néanmoins, les gouvernements français et vietnamien ont travaillé en étroite collaboration pour surmonter ces difficultés.
« En raison de la pandémie de Covid-19, les voyages internationaux sont très difficiles. Cependant, pour mener à bien le projet, nous continuons à envoyer des experts essentiels au Vietnam, explique l'ambassadeur français au Vietnam Nicolas Warnery. Nous avons travaillé dur avec la municipalité de Hanoï et d'autres partenaires pour livrer le premier train en octobre. Nous en sommes très fiers. » Les neuf autres trains devraient arriver au Vietnam entre janvier et juin 2021.
La date limite de mise en service de la section aérienne a été fixée. « La municipalité de Hanoï a décidé de commencer par mettre en service la section aérienne, entre Nhon et l'Université des transports et des communications. 96 % de cette section a été réalisée jusqu’à présent », a détaillé Le Trung Hieu, vice-directeur de MRB. « L'année prochaine, un train circulera de Nhon à l'Université des transports et des communications. » Au premier trimestre 2021, le tunnelier commencera à percer la section souterraine de 4 kilomètres.
Une extension en projet
En parallèle, un projet d’extension de 8 km a d’ores et déjà été approuvé par la direction du parti de Hanoï, pour connecter la zone sud-est de la ville. Le vice-président du Comité populaire de Hanoï, Nguyen The Hung, a annoncé que le projet devrait commencer en 2022 et être achevé d'ici fin 2028. « Nous attendons la contribution financière de partenaires européens tels que l'AFD, la KfW et l'Union européenne en coopération avec la BAD », a détaillé Nicolas Warnery.
« Nous sommes très fiers des avancées récentes, qui donnent un nouvel élan au projet, indique Fabrice Richy, directeur de l'AFD au Vietnam. Le métro s'inscrit dans le cadre d'un partenariat avec la ville de Hanoï sur la ville durable, un partenariat multiforme qui s'appuie sur les forces, les atouts et le savoir-faire français. »