Le Liban n’a pas de ressources naturelles en énergies fossiles et importe 99 % de ses besoins énergétiques primaires. À la fin des années 1990, la facture énergétique représentait environ 10 % du montant global des importations et 9 % du produit intérieur brut (PIB). En matière de consommation énergétique dans l’habitat, les enjeux sont significatifs au Liban du fait du développement rapide de la construction, de la forte demande de logements et de la mauvaise qualité des services d’électricité (coupure, fluctuation de voltage, tarification abusive, capacité de production insuffisante). S’agissant des gaz à effet de serre, la production libanaise de CO2 imputable au secteur énergétique était estimée en 1999 à 4,3 millions de tonnes (soit environ 1 tonne par habitant).
D’après une étude entreprise au Liban dans le cadre de la Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement (CNUED), il serait possible de réduire à terme de 20 à 25 % les émissions de CO2 dans le secteur résidentiel-tertiaire en adoptant une politique de maîtrise de l’énergie adéquate. Une telle politique réduirait en outre la facture énergétique globale du pays ainsi que celle du consommateur final. Le projet s’est inscrit dans cette logique.
En s’appuyant sur cinq opérations immobilières pilotes financées et gérées par des opérateurs du secteur privé, associatif ou coopératif, totalisant 20 000 mètres carrés, le projet avait pour objectif de montrer la faisabilité technique et économique d’améliorations énergétiques dans l’habitat collectif, y compris par un recours raisonné à l’énergie solaire thermique, renouvelable, menant de fait à la réduction des émissions de CO2.
Le projet visait aussi, en utilisant les résultats de cette démonstration, à lancer une politique de maîtrise de l’énergie dans le secteur de l’habitat par une sensibilisation des décideurs libanais et par un renforcement des capacités locales. Le projet comprenait des opérations de démonstration et un programme d’accompagnement : le premier site de démonstration concernait un chantier à Zouk Mosbeh au nord de Beyrouth où 53 logements, bureaux et magasins, répartis en trois bâtiments, ont été construits. Par la suite, quatre autres sites de démonstration ont été sélectionnés par l’Ademe et l’Association libanaise pour la maîtrise de l’énergie et de l’environnement (ALMEE) dans différents environnements géographiques et sociaux, soit deux orphelinats à Ouzaï (banlieue sud de Beyrouth) et Khirbet Rouha (Bekaa), un immeuble familial à Aïn Alak (Bikfaya), un projet coopératif de trois immeubles à Maghdouché (près de Saïda).
Moyennant un surcoût limité de l’investissement (environ 5 %), deux types d’améliorations ont été introduits dans la construction de ces nouveaux bâtiments :
- des équipements efficaces au plan énergétique (chauffe-eau solaire, lampes fluo-compactes),
- une conception adaptée des bâtiments (renforcement de l’isolation et de l’étanchéité).
En parallèle, des séminaires de formations rassemblant des décideurs politiques et les principaux opérateurs libanais de la construction ont été organisés tout au long du projet et ont exploité les résultats tirés des opérations de démonstration. Les principaux thèmes de ces séminaires concernaient la mise au point d’outils de maîtrise de l’énergie (conception thermique du bâti, dimensionnement des installations solaires), la promotion d’équipements électroménagers plus efficaces, l’élaboration d’une réglementation thermique et la maîtrise de la demande d’électricité.
Le projet entrait dans le champ des actions de lutte contre l’effet de serre par les économies d’hydrocarbures résultant des économies de chauffage et de climatisation (émissions évitées) et des réductions de consommation des équipements électroménagers (diminution des émissions). Pour des surcoûts de l’ordre de 5 à 10 %, ces améliorations simples et bien maîtrisées ont contribué à réduire les consommations d’énergie de 30 à 50 % dans l’habitat neuf.
Le projet a montré qu’on peut facilement obtenir des économies d’électricité d’au moins 1 500 kilo/watt/heures par an et par logement-type de 150 mètres carrés pour des surcoûts d’investissement inférieurs à 5 %. Pour les 20 000 mètres carrés construits, l’économie représente 235 méga/watt/heures par an en production. Une réduction des émissions en CO2, du même ordre en proportion, de 30 à 50 % par bâtiment, a également été constatée.
Projet d’efficacité énergétique dans la construction - Liens -
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