Au Niger, où le secteur de la santé souffre d’un sous-financement structurel, un fonds multi-bailleurs, le Fonds commun santé, a été créé en 2006 à l’initiative du ministère de la Santé publique, avec l’appui initial de l’Agence française de développement et de la Banque mondiale. Il regroupe aujourd’hui six bailleurs et a mobilisé 91 millions d’euros entre 2015 et 2019.
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Ce fonds vise à contribuer à l’amélioration de l’état de santé de la population, en particulier des femmes et des enfants, en appuyant la mise en œuvre du Plan de développement sanitaire (PDS) du Niger. Il a pour ambition, en canalisant les ressources des partenaires, de soutenir la capacité de l’État à délivrer des services de santé dans l’ensemble du pays.
Une évaluation participative
L’évaluation du mode de fonctionnement du fonds et de ses effets a adopté une méthodologie résolument participative, impliquant les acteurs du ministère aux niveaux central et déconcentré ainsi que l’ensemble des partenaires. Ses enseignements ont nourri la conception de la 4e tranche d’appui de l’AFD au fonds.
L’évaluation a montré que la pertinence du fonds s’était renforcée avec le temps. Il a su adapter ses modalités de gestion aux souhaits de certains partenaires de cibler leurs financements sur des activités prioritaires du PDS tout en respectant les principes de l’alignement de l’aide. Il a également permis de renforcer le dialogue stratégique entre le ministère et ses partenaires, même si la coordination entre ces derniers doit encore être améliorée.
Des budgets triplés
Autre constat très positif, le fonds est un mécanisme de gestion particulièrement efficient et la qualité de sa gestion fiduciaire est saluée, comme en atteste le triplement des budgets en 2018-2019 comparé aux périodes antérieures. Il a mis en place des procédures claires et appropriées par tous et a permis un renforcement des capacités de gestion du ministère. Enfin, il constitue le seul « partenaire » sûr et prévisible des directions régionales de la santé qui leur permette de financer leurs plans annuels d’activité.
L’évaluation pointe cependant des faiblesses importantes au niveau du suivi des financements, des réalisations et des résultats, qui empêchent notamment de mesurer l’efficacité des actions ciblées. Plus globalement, elle souligne les constats répétés sur le caractère trop ascendant de la planification du PDS et sur la faible qualité de son dispositif de suivi-évaluation.
« Il est essentiel de valoriser les résultats obtenus »
L'analyse du Dr Abaché Ranaou, secrétaire général du ministère de la Santé publique et coordonnateur stratégique du Fonds commun santé :
« Pour assurer une mise en œuvre coordonnée des Plans de développement sanitaire successifs visant à contribuer à la promotion du bien-être social de la population nigérienne, le ministère de la Santé publique, de concert avec les partenaires techniques et financiers du secteur, a créé un fonds commun de donateurs en 2005, rendu fonctionnel en 2006. Ce dispositif a pour objectif de favoriser l’alignement des actions des partenaires sur les priorités nationales, l’harmonisation de leurs interventions ainsi que la prévisibilité et la stabilité de l’aide internationale disponible.
L’évaluation du fonds pilotée par l’AFD a montré des résultats globalement très positifs. Les conclusions de cette étude renforcent la confiance des partenaires techniques et financiers vis-à-vis du ministère de la santé Publique et m’amènent à inciter à nouveau l’ensemble des partenaires à adhérer à ce fonds, qui constitue une fierté nationale au bénéfice des populations.
Si l’évaluation relève des résultats tangibles, elle mentionne également des points d’amélioration. Le Fonds commun santé nécessite davantage d’ajustements à travers le renforcement de certains domaines très importants, parmi lesquels la communication, les aspects programmatiques, le suivi et l’évaluation. En effet, pour convaincre les partenaires techniques et financiers et les autres acteurs, il nous paraît essentiel de mettre un accent particulier sur la visibilité des actions et de valoriser les résultats obtenus au regard des ressources mobilisées. »
→ Retrouvez la suite de ce témoignage dans le rapport en ligne des évaluations de l'AFD en Afrique