L’agroécologie applique les principes de l’écologie à l’agriculture. Elle s’appuie sur les fonctionnalités offertes par les écosystèmes en préservant leurs capacités de renouvellement, grâce notamment à une utilisation limitée des intrants (pesticides, engrais, carburants…) et à la diversification des cultures.
Investir dans la transition agroécologique, et en particulier dans la petite agriculture familiale, est le meilleur moyen de répondre aux besoins économiques et sociaux des producteurs et de tendre vers les Objectifs de développement durable (ODD). « Lutte contre la pauvreté, lutte pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle, l'égalité femmes-hommes, les systèmes financiers inclusifs, la santé inclusive, la gestion durable des ressources : tout cela commence par l'agriculture », détaille Gilles Kleitz, directeur exécutif des Solutions de développement durable (SDD) à l’AFD.
Voici cinq projets d’agroécologie accompagnés par le groupe AFD, en partenariat avec des ONG et institutions :
Appui aux agricultures familiales dans cinq pays - Éthiopie, Haïti, Madagascar, Malawi, Sierra Leone - avec Inter Aide
Ce programme mené dans des zones rurales isolées et densément peuplées vise à soutenir les agricultures familiales qui peinent à maintenir leur production dans un contexte difficile : baisse de la fertilité, effets de l’érosion, déforestation, absence de marchés pour vendre les produits…
Mis en œuvre par Inter Aide et ses partenaires – RCBDIA (Rural Community Based Development Initiative Association), RPC (Rural Poultry Center), des organisations paysannes et les ministères locaux – ce projet a deux principaux objectifs :
- Améliorer la sécurité alimentaire et la résilience des familles d’agriculteurs, essentiellement par une diversification des productions alimentaires, avec un accent particulier mis sur les légumineuses, les tubercules et les productions maraîchères.
Parmi les actions déployées : mobilisation d’un réseau de producteurs et productrices expérimentés pour accompagner les familles bénéficiaires (environ 9 500 familles au total) ; appuis spécifiques aux familles en situation d’extrême précarité.
- Restaurer et préserver les ressources naturelles des milieux fragiles (couvert arboré, sols, nappes phréatiques) afin de maintenir des conditions propices à une agriculture familiale, en combinant enjeux environnementaux et création de ressources (bois d’œuvre et de chauffe, fruits, fourrage…).
Parmi les actions déployées : formation des acteurs institutionnels, paysans référents et familles aux techniques durables ; appui à la création d’activités (pépinières, accès aux semences, mise en œuvre des techniques, plantations et aménagements) ; création de façon participative de règlements pour la gestion durable des plantations.
Lire aussi : Insécurité alimentaire : appuyer l’agriculture familiale par des politiques publiques
Projet Transitions agroécologiques pour la souveraineté alimentaire, l’égalité des chances et la santé globale avec Agronomes et vétérinaires sans frontières (AVSF)
Comment soutenir les transitions agroécologiques pour favoriser à la fois des systèmes alimentaires qui résistent aux crises, la justice sociale, l’égalité des chances pour les jeunes et les femmes, et une santé préservée ?
Dans 19 pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, et avec l’appui d’une centaine de partenaires (organisations paysannes, ONG, universités, collectivités locales…), AVSF expérimente et valide des innovations concrètes :
Transition agroécologique à l’échelle des parcelles, des territoires ou des filières :
- certifications durables co-construites par les acteurs des filières ;
- dispositifs collectifs de production et approvisionnement en intrants organiques ;
- développement de banques de semences locales en Bolivie.
Inclusion socio-économique et politique des jeunes et des femmes :
- développement d’activités facilitatrices d’emploi pour les jeunes et les femmes autour de la filière des noix de cajou au Sénégal et du karité au Togo ;
- émancipation économique des femmes par les filières maraîchage et fibres en Mongolie ;
- formation en agroécologie et appui à l’entrepreneuriat agroalimentaire des jeunes ruraux en Équateur.
Accompagnement et consolidation de la transition agroécologique (Acta) au Congo, en Guinée-Bissau et au Mozambique avec Essor
L’objectif global du projet Acta est de contribuer à la transition agroécologique et à l’amélioration des conditions de vie des producteurs via la consolidation des filières de maraîchage durable de sept régions africaines (Brazzaville et Dolisie au Congo, Bissau et Bafatá en Guinée-Bissau, Maputo, Nampula et Beira au Mozambique), tout en facilitant les concertations entre acteurs publics et privés autour des enjeux de l’agriculture urbaine et de l’agroécologie.
Essor travaille en partenariat avec trois ONG (Agridev au Congo, Asas de Socorro en Guinée-Bissau et Abiodes au Mozambique), 25 membres d’institutions et trois réseaux nationaux.
- 1 500 maraîchers sont accompagnés, dont 50 % de femmes et 60 % de jeunes. Ceux-ci ont augmenté jusqu’à présent leurs revenus agricoles de 25 % en moyenne.
- 23 micro-entreprises sont appuyées dans leur création et dans le développement de leur activité : production et commercialisation de semences et de légumes, commercialisation de petit matériel agricole…
- 950 maraîchers bénéficient d’une Formation agricole participative (FAP).
- 50 % des maraîchers de la FAP se sont convertis totalement en agroécologie et 50 % ont réduit de moitié l’application de pesticides chimiques par cycle de culture.
Regarder la vidéo : Philippe Roudier : « L'agroécologie est une vraie opportunité pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel
Projet d’Intensification agroécologique et diversification de l’agriculture familiale périurbaine (Iada) à Siem Reap, au Cambodge, avec Agrisud
En raison d’une activité touristique très intense, Siem Reap devait faire face ces dernières années à une forte demande en produits frais, satisfaite en grande partie par les importations des pays voisins. La production locale était en effet saisonnière, peu diversifiée et dispersée en une multitude de petites exploitations agricoles familiales subissant une forte pression foncière.
Pour que ces exploitations familiales puissent trouver leur place sur les marchés, le projet Iada porte sur l’intensification agroécologique, la diversification et la commercialisation des productions : accompagnement de 1 970 exploitations au total dans leur transition agroécologique, valorisation de la production via l'organisation Green Farmers et dynamiques multi-acteurs au sein de huit plates-formes communales (autorités locales, services techniques, ONG…).
- 400 exploitations agricoles familiales ont augmenté d’au moins 25 % leur production et l’ont diversifiée, avec en moyenne cinq cultures différentes.
- Les revenus des activités agricoles de ces exploitations ont augmenté en moyenne de 25 à 30 % grâce au développement de la production, de la transformation et de la commercialisation de produits agricoles locaux.
Lire aussi : Le Bénin sème les graines de l’agroécologie
Projet de renforcement de la résilience de l’agriculture familiale (SREP) en Angola, avec le Fonds international de développement agricole (Fida)
En Angola, 50 % des personnes en situation de pauvreté vivent en milieu rural et essentiellement de l'agriculture de subsistance. Les petites exploitations familiales représentent plus de 80 % de la production agricole nationale.
En raison notamment des épisodes de sécheresse chronique dans le pays, des millions de familles rurales ont vu leurs revenus diminuer, exacerbant ainsi les problèmes de malnutrition (40 % des enfants des provinces du Sud souffrent de retards de croissance) et le mouvement d’exode rural.
L’AFD a choisi de s’associer à l’action du Fida, qui finance des projets d’appui à l’agriculture familiale depuis de nombreuses années, pour mettre en œuvre le projet de renforcement de la résilience de l’agriculture familiale SREP (Smallholder Resilience Enhancement Programme) en Angola.
Lancé en 2020 pour six ans, ce projet vise à améliorer la productivité agricole, la sécurité alimentaire et nutritionnelle, les revenus et la résilience de 218 000 ménages ruraux angolais.
Le SREP a pour objectif de promouvoir des pratiques durables, comme l'introduction de variétés de cultures résistantes à la sécheresse, l'adaptation des calendriers des cultures et la récupération de l'eau de pluie. Des investissements sont réalisés dans les domaines suivants : petite irrigation, amélioration de l'accès à l'eau et adoption de pratiques agricoles résilientes face au changement climatique.