Article publié pour la première fois le 20 juillet 2020.
Le coton est essentiel au Bénin. Ayant un effet d’entraînement sur l’ensemble des filières vivrières, il contribue à plus de 15 % du PIB. Or, en l’espace de seulement vingt ans, plus de 2 millions d’hectares de terres agricoles se sont dégradés, soit 19 % du territoire. Et les rendements des exploitations familiales de coton sont en baisse.
C’est pourquoi, depuis 2017, le projet Tazco – mené en collaboration avec le Cirad et le Centre de recherche coton fibre du Bénin – se fixe comme objectif d’améliorer les rendements agricoles par la restauration et l’amélioration de la fertilité des sols. Les producteurs sont formés à des pratiques agroécologiques innovantes, selon une méthodologie de transmission des savoirs basée sur la concertation collective, les jeux de rôle et la démonstration par les pairs.
Dans des centres d’expérimentation, mais également en milieu paysan, une vingtaine de pratiques adaptées aux spécificités des territoires villageois sont testées. « Sur 1 000 parcelles, nous avons confronté systématiquement de nouvelles pratiques agroécologiques aux pratiques conventionnelles de l’agriculteur. Nous indiquions aux producteurs les erreurs qu’ils commettaient et la démarche à suivre », explique le Dr Oumarou Balarabé, assistant technique.
De nouvelles pratiques
Sur certaines de ces parcelles, légumineuses et graminées – des plantes connues pour enrichir les sols – sont cultivées en rotation ou en association avec le coton. Sur d’autres, des pratiques dites de « parcage rotatif » sont expérimentées. Elles consistent notamment à laisser séjourner un temps, dans des exploitations cotonnières, des troupeaux de bœufs qui fertilisent naturellement les sols.
Afin de minimiser la pression sur les terres et réduire la pénibilité du travail des cultivateurs de coton, l’accès à la petite mécanisation durable, fabriquée localement, est également facilité.
La bonne gestion de la ressource et de la fertilité est l’un des fondements de l’agroécologie. Elle passe notamment par une collaboration entre agriculteurs et éleveurs. Pourtant, les relations entre ces deux types d’acteurs demeurent conflictuelles. En favorisant une gestion intégrée agriculture-élevage, le projet Tazco a permis de réduire les litiges.
« Nous avons promu une approche participative en associant agro-éleveurs, agriculteurs et éleveurs pour discuter sur différentes thématiques telles que les feux de brousse, les transferts de fertilité et la répartition de l’espace, précise Grâce Ahandagbé, ingénieure de terrain en charge des tests de recherche et développement. Nous avons tenté, avec eux, d’établir les bases d’une collaboration pour pouvoir évoluer ensemble vers une agriculture durable. »
En marche vers l’inclusion
Fort des acquis de cette première phase, le projet reconduit en 2020 devrait permettre pour les cinq prochaines années des appuis spécifiques afin de promouvoir l’accès, le financement et la gestion collective des ressources progressivement mises en place en lien avec les organisations de producteurs. Une attention particulière sera aussi portée à l’implication des femmes. Elles seront notamment accompagnées dans le petit élevage, la production de coton bio et la petite transformation des légumineuses qui entrent dans la rotation du cycle de la culture du coton.
Avec le projet Tazco, le gouvernement du Bénin ambitionne d’appuyer près de 30 000 producteurs des zones cotonnières. Une transition qui accompagne l’ambition du pays de rester leader dans la production du coton en Afrique de l’Ouest. Ce challenge, s’il est relevé, prouvera peut-être que les enjeux de durabilité et de productivité peuvent être conciliés.
Une réglementation spécifique, favorable à la diffusion de pratiques plus écologiques, devrait par ailleurs bientôt être adoptée afin notamment de réduire l'errance d'animaux sans propriétaires et limiter l’utilisation des pesticides et feux de brousse.