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atlas afrique
Dans son « Atlas de l'Afrique AFD » publié fin août 2020, l'Agence française de développement (AFD) interroge les dynamiques en cours sur le continent. À travers une carte inédite, zoom sur l’évolution spectaculaire de l'espérance de vie depuis 1960.

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espérance de vie

Comment expliquer la croissance démographique exceptionnelle que connaît l’Afrique actuellement ?

D’abord, en raison d’une victoire sanitaire et de développement, on meurt en effet de plus en plus tardivement en Afrique. L’espérance de vie s’est ainsi accrue de 25 ans depuis les années 1950 pour atteindre aujourd’hui 63 ans, soit 9 ans seulement en dessous de la moyenne mondiale de 72 ans. 

Cette progression de l’espérance de vie, un peu moins rapide qu’en Asie, n’en reste pas moins exceptionnelle. Elle contribue au premier chef à l’augmentation de la population sur le continent. Surtout, selon les projections des Nations unies, l’espérance de vie devrait continuer de s’accroître à mesure que les conditions de vie et la santé des Africains s’amélioreront, jusqu’à atteindre, à la fin du siècle, pratiquement le niveau actuel de longévité en Europe, soit 78 ans.


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L’analyse de Jérôme Weinbach, responsable de la division Santé de l’AFD :

« On ne peut que se réjouir de la dynamique globale de l’évolution de l’espérance de vie en Afrique, pour laquelle la comparaison de ces instantanés de 1960 et 2017 montre clairement un gain moyen de près de vingt ans pour l’ensemble des pays du continent.

Plus particulièrement sur ces vingt dernières années, les efforts réalisés en Afrique en matière de qualité des prestations et d’accès aux outils de prévention et de diagnostic ainsi qu’aux traitements, notamment pour lutter contre les ravages causés par le paludisme et le virus du VIH/sida, ou encore contre la mortalité infantile, ont permis une croissance de l’espérance de vie sans égale dans le monde.

Cependant, pour plusieurs raisons, ces avancées ne sauraient être pleinement satisfaisantes. D’une part, à l’exception des pays du Maghreb, l’Afrique reste la région à l’espérance de vie la plus basse au monde. En 2017, les dix pays du classement mondial OMS ayant les indices d'espérance de vie les plus faibles, inférieurs à 60 ans, sont tous africains, situés essentiellement en Afrique saharienne et de l’Ouest, ainsi qu’en Afrique de l’Est.

D’autre part, les progrès apparents de ces statistiques nationales ont été fluctuants, inégaux et demeurent fragiles. Les épidémies et l’impact de crises sanitaires comme celle du Covid-19, les guerres, l’instabilité politique, socio-économique, les mauvaises gouvernances ainsi que les bouleversements climatiques et environnementaux ont été régulièrement la cause du recul notable de ces moyennes. 

Par ailleurs, ces chiffres masquent de fortes inégalités territoriales (métropoles versus milieux ruraux) et populationnelles (âge et genre) constatables à un niveau plus fin d’analyse. Enfin, l’espérance de vie ne traduit pas nécessairement le véritable but à atteindre : une croissance durable et universelle de l’espérance de vie en bonne santé.

Pour ces raisons, le groupe AFD soutient les initiatives en santé soucieuses de réduire et prévenir ces inégalités territoriales et populationnelles tout en renforçant les systèmes de santé et en abordant la santé dans sa dimension plus globale. Cela impose de mieux intégrer par la coopération et la coordination régionale les enjeux environnementaux, climatiques, économiques et de protection sociale nécessaires à l’économie du bien-être. C’est la voie ouverte notamment par les projets adoptant une approche résolument One Health ("une seule santé") et le concept de Santé en commun. »


Pour aller plus loin :

couverture atlasAtlas de l'Afrique AFDPour un autre regard sur le continent africain, éditions Armand Colin, 25 euros.