Dans le Pacifique plus que partout ailleurs sur la planète, les enjeux climatiques et de sauvegarde de la biodiversité sont étroitement imbriqués. Composés de surfaces de terres émergées relativement restreintes, les États et territoires insulaires qui le parsèment sont de véritables interfaces entre la terre et l’océan, ce qui les rend particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique - typhons, ouragans et montée des eaux en particulier.
Les conséquences de ces catastrophes naturelles sont d’ores et déjà dramatiques sur le plan humain, économique et social. Mais la multiplication de ces phénomènes menace également la biodiversité terrestre et marine du Pacifique, l’une des plus riches du globe. À l’heure actuelle, l’Océanie, notamment, abrite six des 35 points chauds recensés dans le monde - c’est-à-dire les zones de la planète à la fois très riches en espèces et fortement menacées.
Quelle ambition pour l’après 2020 ?
Historiquement, les États et territoires insulaires du Pacifique ont été parmi les premiers à tirer la sonnette d’alarme sur les effets du changement climatique, notamment auprès des instances onusiennes, et à appeler à la construction de politiques d’adaptation intégrant la sauvegarde de la biodiversité. C’est dans la lignée de cet engagement historique que s’est tenue en ligne, du 24 au 27 novembre 2020, la 10ème Conférence du Pacifique insulaire pour la conservation de la nature et les aires protégées.
Organisée par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, en partenariat avec la Table ronde des îles du Pacifique pour la conservation de la nature présidée par l’Union internationale pour la conservation de la Nature (UICN) et le Programme Régional Océanien de l’Environnement (PROE), cette conférence a permis de rassembler 26 États et territoires du Pacifique autour des enjeux d’adaptation au changement climatique et de sauvegarde de la biodiversité.
L’objectif ? Faire le point sur les engagements passés, les progrès accomplis, mais également adopter un nouveau cadre d’action pour la protection de la biodiversité dans le Pacifique au-delà de 2020, avec en ligne de mire la préparation de la 15e Conférence des Parties (COP 15) signataires de la Convention sur la diversité biologique (CDB), qui se tiendra à l’automne 2021 à Kunming, en Chine, et du Congrès mondial de la nature de l’UICN, prévu du 3 au 11 septembre 2021 à Marseille.
Nature et culture
La conférence a abouti à l’adoption d’un nouveau cadre pour la protection de la biodiversité dans le Pacifique 2021-2025, décliné en trois axes détaillés par Anne-Claire Goarant, membre de la division du changement climatique et de la durabilité environnementale de la Communauté du Pacifique (CPS), pour France Info : « Il y aura à la fois l’océan, les îles, et en même temps la connexion à la nature, c’est à dire tout le lien entre culture, nature et l’utilisation par les populations locales de cette biodiversité. »
Les 26 États et territoires du Pacifique réunis lors de l’événement ont également signé une déclaration commune en faveur de l’action pour la conservation de la nature et des aires protégées dans le Pacifique insulaire.
L’AFD, partenaire clef
Pour l’AFD, premier partenaire technique et financier de la conférence, l’événement a également permis d’apporter un soutien dans la continuité de son engagement historique dans la zone : « La participation de l’agence à la conférence renforce la dynamique d’intégration régionale entre les territoires français du Pacifique et leurs voisins dans la construction de politiques communes d’adaptation au changement climatique et de sauvegarde de la biodiversité », analyse Aurélien Guingand, Responsable d’équipe projet Biodiversité à l’AFD. « Elle s’inscrit également dans le prolongement de l’initiative KIWA, annoncée par le président de la République française lors du One Planet Summit de 2017, et dont le démarrage opérationnel a eu lieu en mars dernier. »
Projet multi-bailleurs regroupant pour la première fois l’AFD, l'Union européenne et les coopérations australienne, néo-zélandaise et canadienne en Océanie, Kiwa est une initiative innovante en faveur de la biodiversité et de l’adaptation au changement climatique promouvant les Solutions fondées sur la nature (SFN). Elle s'appuie sur une collaboration inédite avec l'UICN, la Communauté du Pacifique et le Programme régional océanien de l’environnement, qui appuieront ensemble les potentiels bénéficiaires de l’initiative dans le montage et la mise en œuvre de projets aux échelles locales, nationales et régionales.
La biodiversité : une priorité pour l’AFD
« L’initiative Kiwa est au cœur de la diplomatie environnementale française qui défend une approche intégrée des enjeux climatiques et de sauvegarde de la biodiversité », complète Aurélien Guingand. « Les solutions fondées sur la nature, qui consistent à substituer aux solutions d’ingénierie classiques des actions de gestion, préservation ou restauration de la biodiversité au bénéfice des sociétés humaines, constituent l’une des meilleures illustrations de cette démarche. »
L’action de l’AFD dans la zone Pacifique témoigne également d’une ambition décuplée de l’agence en matière de biodiversité, qui est désormais un marqueur transversal stratégique : « Nous nous sommes fixés pour objectif de doubler nos engagements en faveur de la sauvegarde de la biodiversité d’ici à 2025, ce qui porterait leur montant à hauteur de 1 milliard d’euros, contre 525 millions d’euros en 2020 », rappelle Aurélien Guingand. « À cette date, 30% de nos financements climat devront également avoir des co-bénéfices pour la biodiversité. »
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La participation de l’AFD à cette conférence, tout comme l’initiative Kiwa, doivent également permettre d’assurer la diffusion et la popularisation des solutions fondées sur la nature, qui sont au cœur de l’agenda politique de l’AFD.