« Assurer l'accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d'égalité, et promouvoir les possibilités d'apprentissage tout au long de la vie. L'éducation est un élément essentiel d'une société démocratique et durable, qui permet de former des citoyens actifs et d'encourager leur développement personnel » : le quatrième Objectif de développement durable de l’ONU revêt une dimension singulière par sa dimension contributive à la réussite des 17 autres, notamment la lutte contre la pauvreté (ODD 1), les emplois décents (ODD 8), l’égalité des genres (ODD 5), la lutte contre le changement climatique (ODD 13) ou encore les énergies renouvelables (ODD 7).
Depuis son adoption en 2015, la poursuite de l’ODD 4 a permis un certain nombre de progrès, aujourd’hui mis en péril. Ainsi, en 2018, le nombre d’enfants non scolarisés a été divisé par deux par rapport à 2000, et la parité dans l’éducation primaire était atteinte dans les deux tiers des pays du monde. « Mais la pandémie de Covid-19 marque une rupture de ces progrès avec des effets dévastateurs sur le secteur éducatif », déplore Virginie Delisée-Pizzo, responsable de la division Éducation, formation et emploi à l’AFD.
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Une étude conjointe Unesco-Unicef-OCDE-Banque mondiale de juin 2021 dénombre notamment 1,6 milliard d’enfants et d’adolescents affectés par la crise sanitaire dans le monde. « Les pertes d’apprentissage et la flambée des décrochages scolaires pourraient entraîner une baisse des revenus de toute une génération, estimée à 10 000 milliards de dollars. Dix millions de mariages précoces supplémentaires pourraient avoir lieu d’ici la fin de la décennie, entraînant un risque important de déscolarisation », ajoute l’experte de l’Agence française de développement. L’Unesco estime ainsi que plus de 11 millions de filles pourraient ne pas retourner à l’école après la pandémie.
Ces constats appellent une mobilisation sans précédent de la communauté internationale, matérialisée par le prochain Sommet sur la transformation de l’éducation (TES), organisé par les Nations unies le 19 septembre à New York. Ce sommet sera l’occasion d'affirmer derechef l’engagement international en faveur de l’éducation comme bien public prééminent. Il vise à mobiliser l’action, l’ambition, la solidarité et les solutions pour compenser les reculs dus à la pandémie, condition nécessaire pour réaliser l’ODD 4 à l’horizon 2030. Il s’agit en outre de transformer l’éducation afin de prodiguer les connaissances, les compétences et les valeurs dont les citoyens auront besoin pour relever les nouveaux défis liés au développement durable.
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Cinq thématiques centrales seront mises à l’honneur pour désigner les domaines qui peuvent accélérer les progrès en matière d’éducation : les écoles inclusives, équitables, sûres et saines ; les enseignants, l’enseignement et la profession enseignante ; l’apprentissage et les compétences pour la vie, le travail et le développement durable ; l’apprentissage et la transformation numériques et enfin le financement de l’éducation.
Une éducation au service de toutes les transitions
Engagée en faveur de l’éducation et de la formation, l’AFD a investi 4,3 milliards d’euros dans le secteur depuis l’an 2000. Le groupe déploie désormais toute la palette d’instruments financiers à sa disposition, de la subvention aux prêts souverains. Depuis 2015, l’AFD intervient par ailleurs régulièrement en délégations de fonds du Partenariat mondial de l’éducation (PME) et de l’Union européenne. À ce titre, l’AFD est aujourd’hui le 3e agent délégataire (derrière la Banque mondiale et l’Unicef) et le premier agent délégataire bilatéral des fonds du PME, à hauteur d’environ 322 millions d’euros, dans cinq pays (Sénégal, Burkina Faso, Burundi, Niger, Guinée).
« Le principal marqueur du groupe AFD reste son approche ancrée dans le soutien aux politiques nationales, en concertation étroite avec d’autres bailleurs dans les cadres de concertation nationaux existants, précise Virginie Delisée-Pizzo. L’AFD a ainsi la particularité de favoriser les liens entre l’éducation de base et la formation puis vers l’enseignement supérieur et l’accès à l’emploi décent. »
Autre axe de travail majeur, l’égalité de genre : « L’éducation des jeunes filles est au cœur de l’action de l’AFD. Nos interventions ont soutenu la scolarisation d’environ un million de filles par an sur la période 2018-2020. Nous ciblons le secondaire, du fait du rôle majeur de la scolarisation au collège dans l’émancipation des jeunes filles, notamment en milieu rural, face à la combinaison de facteurs de vulnérabilité : risques de mariages et de grossesses précoces, poids des normes et attentes sociales, etc. »
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Gestionnaire de 1,8 milliard d’euros de financements en cours d’exécution en 2020 dans le secteur de l’éducation, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de l’emploi, l’AFD accompagne la scolarisation de 2,4 millions d’élèves au primaire et au collège et a permis à 124 000 apprenants de bénéficier de formations professionnelles et techniques grâce aux projets accompagnés par l'AFD en 2019.
L’appui aux dispositifs de formation professionnelle, d’emploi et d’entrepreneuriat constitue un facteur de réussite des pays dans leur transition environnementale, en leur permettant d’acquérir des ressources humaines de qualité et de développer des emplois verts. Cette expertise du soutien au « continuum éducatif » s’avère un atout fort dans un contexte où l’atteinte de l’ODD 4 nécessitera la combinaison des financements domestiques, de l’aide publique au développement, mais aussi de la force de frappe des banques publiques de développement. C’est toute l’ambition de la Coalition investissements sociaux de la plateforme FICS que de démontrer combien « la dépense publique dans l’éducation n’est pas un coût, c’est un investissement, et le plus rentable qui soit. »
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En France, l’AFD partenaire de l’Éducation nationale
Dans l’Hexagone également, le groupe AFD veut être un vecteur déterminant dans les progrès éducatifs liés à la transition écologique. « Cette année 2022 restera comme celle où l’AFD s’est résolument positionnée comme accompagnatrice à la formation et à l’enseignement des enjeux des Objectifs de développement durable », ajoute Stéphanie Beney, chargée de mission Partenariats et projets éducatifs.
Concrètement, l’AFD accompagne notamment les collèges et lycées à travers une convention nouée avec l’Éducation nationale. Elle permet la mise à disposition d’une offre pédagogique pour les enseignants qui intègre les questions liées aux ODD de manière transversale. L’objectif, en réponse à une volonté exprimée par l’Éducation nationale, est d’apporter aux élèves une compréhension systémique des enjeux mondiaux actuels et à venir, de l’interdépendance et de l’interconnexion des différentes problématiques du développement durable. « Il n’y a pas de matière spécifique sur l'écologie, mais le sujet des ODD est abordé de manière transversale dans plusieurs disciplines, explique Stéphanie Beney. En formant les jeunes aux ODD, on façonne aussi des citoyens responsables. »