La décennie 2020 sera marquée par d’importants changements dans les systèmes éducatifs au Niger et en Guinée. En soutien aux programmes sectoriels nationaux, le Partenariat mondial pour l’éducation (PME), acteur multilatéral de référence dans le secteur de l’éducation, a approuvé deux subventions de 77,30 et 34,03 millions d’euros allouées respectivement au Niger et à la Guinée. Ces deux financements permettront d’appuyer la mise en œuvre de la politique éducative des deux pays en ciblant plus spécifiquement l’amélioration de la qualité des apprentissages, la réduction des inégalités et l’efficience du système éducatif.
Cibler les plus fragiles
Au Niger, le Plan de transition du secteur de l’éducation et de la formation (PTSEF) 2020-2022 vise à diversifier les parcours d’éducation, cibler les premières années du primaire, accroître le temps scolaire, améliorer la production et l’emploi des données statistiques, et mieux gérer les ressources enseignantes. Il fait de la réduction des inégalités un de ses principaux objectifs.
« Au Niger, les principales inégalités sont celles entre populations urbaines et rurales : 91 % des enfants en zone urbaine accèdent à l’école primaire, contre seulement 54 % en zone rurale. Mais on constate aussi un écart de dix points au primaire entre la scolarisation des filles et celle des garçons. Dans un contexte budgétaire, sécuritaire, démographique et maintenant sanitaire très contraint, l’enjeu est de cibler quelques priorités essentielles », souligne Audrey Martinenq Duplessis, responsable d’équipe projet Éducation et Formation à l’Agence française de développement (AFD).
« En Guinée, seuls 67 % des élèves achèvent la dernière année du primaire, tandis que 1,6 million d’enfants n’y sont pas scolarisés », pointe Laurianne Le Lem, responsable d’équipe projet Éducation et Formation à l’AFD. Pour faire face aux défis de la généralisation de la scolarisation de base pour tous, le Programme décennal de l’éducation en Guinée (ProDEG) prévoit à la fois de stimuler la demande de scolarisation auprès des groupes vulnérables et des filles et d’accroître l’offre scolaire pour réduire les disparités entre régions.
Rapprocher les financements des bénéficiaires
Dans les deux pays, les programmes sectoriels retiennent comme levier à l’amélioration de la qualité du service éducatif le renforcement des capacités humaines et financières des services déconcentrés et des établissements scolaires afin qu’ils puissent mener à bien leurs missions. Il est ainsi prévu un accompagnement important des échelons de proximité (et le transfert de ressources correspondant) pour assurer l’encadrement des écoles, la formation continue des enseignants, le dialogue sur la « carte scolaire » avec les collectivités locales et le dialogue sur le « pilotage de la qualité » au sein de la communauté éducative.
Alignement, harmonisation de l’APD et partenariat
Au Niger comme en Guinée, les financements transiteront par un fonds commun de l’éducation multi-bailleurs. « Avec ces fonds communs, nous recherchons un alignement maximal sur les systèmes nationaux en utilisant, à chaque fois que cela est possible, les procédures nationales. Cela favorise l’appropriation par les différents acteurs et renforce la chaîne de dépense de l’État pour une meilleure exécution des financements et des activités », explique Laurianne Le Lem.
« Au Niger, la dynamique partenariale est très forte autour du fonds commun. Outre l’AFD, LuxDev, la coopération suisse, l’UNICEF et la Norvège y contribuent. LuxDev en particulier a joué un rôle moteur dans la création de ce fonds. L’engagement des partenaires est renforcé et nous travaillons collectivement avec les autorités nigériennes à réussir ensemble. Cela change beaucoup de choses », souligne Audrey Martinenq Duplessis.
En Guinée, le fonds commun se met en place avec le PME, l’UNICEF et l’AFD, et peut intégrer de nouveaux bailleurs pour une coordination renforcée entre partenaires.