D’un montant total de 1 700 milliards de roupies (soit 19,9 milliards d’euros), ce programme doit permettre d’amortir les chocs sanitaires, sociaux et économiques liés au Covid-19 en fournissant aux populations vulnérables et aux travailleurs informels des prestations sociales adéquates.
Deuxième pays le plus peuplé au monde avec 1,3 milliard d’habitants, l’Inde est marquée par de fortes inégalités : 80 % des emplois non agricoles sont informels et 22 % de la population vit sous le seuil de pauvreté (fixé à 1,25 dollar par jour). C’est dans ce contexte que, le 24 mars, le gouvernement indien a annoncé la mise en place du confinement dans tout le pays afin de stopper la propagation du Covid-19 et de limiter la pression sur le système de santé. La mesure a été levée le 14 mai dernier. Pour de nombreux travailleurs, cet arrêt de l’activité s’est traduit par une perte sèche de revenus.
Une population vulnérable, peu protégée contre les effets de la crise
En effet, la structure de l’emploi et la faible protection des travailleurs de l’économie informelle n’ont pas permis le maintien d’un salaire pour la majorité des Indiens, les laissant sans ressources face à la crise. Le secteur informel regroupe 400 millions de personnes, souvent employées comme travailleurs journaliers. En y ajoutant les travailleurs indépendants et les personnes effectuant un travail familial non rémunéré, c’est plus de 75 % de la population qui est très vulnérable aux pertes de revenus du fait du confinement et des mesures de distanciation sociale toujours en vigueur.
Les travailleurs qui avaient migré vers les mégapoles indiennes pour y être embauchés dans le secteur du bâtiment ou des transports sont particulièrement touchés. En effet, ceux-ci n’ont pas eu accès aux régimes d’aide sociale de leur État d’accueil, où ils se sont trouvés bloqués du fait du confinement général.
« L’Inde dispose d’un système de protection sociale assez développé, principalement axé sur les habitants des zones rurales. Mais la crise a considérablement amplifié les vulnérabilités existantes, également en zone urbaine. Elle a mis en évidence la manière dont certaines populations sont susceptibles de passer entre les mailles du système existant », explique Anne Isambert, responsable d’équipe projet à la division Santé et Protection sociale de l’AFD.
Le gouvernement indien à la manœuvre
Pour leur venir en aide, le programme PMGKYP multiplie les interventions vers différents groupes vulnérables du pays : il prévoit de fournir une aide alimentaire d’urgence, notamment à travers la distribution de céréales, ainsi que la livraison gratuite de bouteilles de gaz de pétrole liquéfié (GPL) aux ménages pauvres. Il comprend aussi le versement d’allocations sociales aux femmes, aux personnes âgées et aux agriculteurs défavorisés : selon des sources officielles, au 27 juin, plus de 420 millions de personnes ont déjà bénéficié d’une aide financière totale de 654,5 milliards de roupies (l’équivalent de 7,7 milliards d’euros).
Vers une meilleure couverture des assurances sociales
Le plan d’action du programme PMGKYP a été élaboré par le gouvernement indien en concertation avec ses partenaires et en particulier la Banque mondiale. Pensé comme une réponse d’urgence, le PMGKYP pose aussi des jalons sur le long terme pour élargir la couverture de protection sociale. Il devrait permettre aux travailleurs migrants, à travers l’approche « Une nation, une carte », d’accéder aux prestations sociales là où ils vivent et travaillent. Cette réforme marque donc un engagement du gouvernement indien à étendre la couverture des assurances sociales dans les zones urbaines fragiles.
« Le financement apporté par l’AFD au programme PMGKYP a été préparé en quelques semaines, en lien étroit avec les équipes de la Banque mondiale qui travaillent sur le secteur depuis plus de dix ans, afin de répondre à la demande urgente du gouvernement indien. Il fait de l’AFD le premier bailleur bilatéral à contribuer à la réponse indienne à la crise, et ouvre des perspectives d’autres cofinancements à l’avenir avec la Banque mondiale », précise Clémence Vidal de la Blache, directrice adjointe à l’agence de l’AFD à Delhi.