• logo linkedin
  • logo email
Une « maison de la laine » dans le région de Rhamna
Déjà fragile économiquement, la province rurale de Rhamna au Maroc a subi de plein fouet le violent séisme de 2023. Cependant, les savoir-faire traditionnels, tels le tissage et l'horticulture, offrent des opportunités de renouveau économique. C'est pourquoi l'AFD y soutient un projet multisectoriel, au croisement des questions de genre, de formation et d'emploi. Ce projet permet également de contribuer à la transition sociale et écologique de ces territoires, notamment par le choix d'activités, de techniques et de matériaux peu invasifs.

Dans la province de Rhamna, située au nord de Marrakech, de nombreux habitants luttent pour assumer un quotidien difficile dans des villages délabrés. La situation s’est aggravée après le séisme survenu en septembre 2023, qui a détruit plus de 50 000 habitations et entraîné un appauvrissement des populations locales du fait de la perte, pour certaines, de leur foyer ou de leurs sources de revenus. La destruction des infrastructures agricoles, routières et sanitaires a par ailleurs eu des conséquences sur la scolarisation des plus jeunes. Les chantiers sont nombreux dans cette région.

Pour relancer l'économie locale, créer de nouveaux emplois et encourager la scolarisation puis l'entrée des jeunes dans la vie active, les habitants de la région se mobilisent depuis plusieurs années pour capitaliser sur les ressources et la culture locale. L’Association d’initiative féminine de Rhamna (AIFR) a initié plusieurs projets alliant savoir-faire traditionnel et enjeux de développement durable au service de la création d’emplois, par exemple dans l'agriculture ou l'artisanat. À terme, elle espère contribuer à l’émergence d’une économie sociale et solidaire dans la province. 


Lire aussi : Soutenir la relance post-séisme dans la province d'Al Haouz


Parmi ces initiatives, une immense serre a été érigée au cœur de Rhamna. Il s’agit d’une pépinière de production de plants horticoles, ornementaux et forestiers, qui permettra d’approvisionner la ville et les agriculteurs de la région avec une production locale. Géré par un groupement d’intérêt économique, ce projet permettra également de créer plusieurs emplois destinés à la main-d'œuvre locale. Cette pépinière s'inscrit dans une démarche de développement durable et concentre son soutien à l’attention des personnes les plus vulnérables économiquement. 

 

Un autre projet piloté par l’Association d’initiative féminine de Rhamna est la fondation d’une Maison de la laine au sein de laquelle des savoir-faire traditionnels sont revisités. Cette coopérative permet aux habitantes de nouer des liens intergénérationnels grâce à la transmission de techniques ancestrales à la jeunesse, tout en créant un tissu économique solide pour les communes. Fatima Boumehdi, qui tisse la laine depuis son plus jeune âge, a appris ce métier par sa mère. Elle explique que si « elles sont actuellement six », lorsqu’elle reçoit une grande commande, elle « fait appel à d’autres personnes et cela peut aller jusqu’à 50 » femmes mobilisées. 

Face aux pertes matérielles du Maroc causées par le séisme de septembre 2023, de nombreux projets de reconstruction d’infrastructures ont été lancés. L’AIFR soutient l'initiative de Rachid Bouqartacha, architecte spécialisé dans la construction à partir de matériaux locaux. Il a lancé un projet d'apprentissage des métiers de la construction pour des jeunes volontaires, leur enseignant des méthodes traditionnelles telles que la fabrication de matériaux à partir d'éléments naturels. 

 

L'initiative vise non seulement à reconstruire les villages sinistrés par le séisme, mais aussi à créer de l'emploi et à former les jeunes à ces pratiques artisanales, tout en respectant les enjeux climatiques actuels. Ces méthodes ancestrales sont efficientes et peu coûteuses, car ne nécessitant que des matériaux simples et écologiques. Elles répondent ainsi aux défis environnementaux. Rachid Bouqartacha explique qu’une fois formés, « les jeunes rejoindront leurs villages et constitueront des petites entreprises ou des coopératives afin d’aider à la reconstruction ».


Lire aussi : Projet Tadamon : développer la résilience des populations des zones affectées par le séisme au Maroc 


Ces projets démontrent à quel point les métiers traditionnels peuvent être des leviers d'opportunités en offrant des solutions économiques et respectueuses de l’environnement pour faire face aux défis de notre temps. C'est pourquoi l’Agence française de développement soutient ce projet plurisectoriel, qui s’inscrit dans l’une de ses priorités d’intervention : contribuer à la transition sociale et écologique des territoires.