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Migrants birmans
Depuis le début de la pandémie de Covid-19, la situation s’est largement dégradée pour de nombreux migrants. Illustration avec le quotidien d’une mère de famille birmane en Thaïlande, par ailleurs très impliquée dans le soutien à sa communauté.

Nous l’avions rencontrée en décembre dernier. Khin Mae Soe avait relaté le témoignage poignant de sa migration entre la Birmanie et la Thaïlande. La Thaïlande où, dès début mars 2020, des mesures ont été prises pour contenir l’épidémie de Covid-19. Le pays est officiellement entré en confinement le 30 mars et en état d’urgence sanitaire à cette date. Les migrants, dont Khin Mae Soe et sa famille, ont été parmi les premiers affectés par l’interruption de certaines activités. 

« Je travaille toujours dans cette plantation de caoutchouc, mais le travail s’est fait plus rare et mes revenus ont diminué ces derniers mois, confie Khin Mae Soe. Je n’ai plus assez d’argent pour soutenir ma famille, notamment mon père malade qui habite en Birmanie. Mon neveu a également été touché : il travaillait dans un élevage de poulets qui a fermé. Il a perdu son emploi, mais aussi son visa. »  

Comme son neveu, plus de 100 000 migrants birmans sont rentrés dans leur pays et des milliers d'autres se sont entassés à la frontière à Mae Sot et Ranong, dans l'espoir de retourner en Birmanie, faute de ressources suffisantes pour rester en Thaïlande. Malgré une collaboration entre les gouvernements thaïlandais et birman depuis juin 2020, les centres de quarantaine en Birmanie ne sont pas en mesure d’accueillir un tel flux de voyageurs – et les migrants ne peuvent pas toujours se permettre de rester en quarantaine pendant 28 jours. 

Face à cette situation, le rôle des community leaders comme Khin Mae Soe est d’autant plus essentiel pour l’activité de la Fondation pour l’éducation et le développement (FED), soutenue par l’ONG Terre des hommes et financée par l’Agence française de développement (AFD). 

Une aide d’urgence 

Dès début mars, la FED a apporté une aide d'urgence pour les travailleurs migrants en difficulté dans plusieurs provinces : à Phang Nga et Mae Sot en Thaïlande et dans l'État de Kayah en Birmanie. L’ONG distribue des packs d’hygiène et de prévention pour faire face au Covid-19, ainsi que des packs alimentaires comprenant des produits de première nécessité. Les community leaders sont alors impliqués pour identifier les familles dans le besoin et les informer des aides qu’elles peuvent recevoir. À date, ce sont 1 064 adultes et 377 enfants qui ont bénéficié de ce soutien. 

Ces référents ont également un rôle d’accompagnement de leurs pairs sur l’accès à la santé, comme l’explique Khin Mae Soe : « Je travaille avec la FED pour appuyer les démarches de demande d’assurance maladie, notamment pour les enfants, et j’assure la traduction lors des visites à l'hôpital. » 

Surmonter la barrière de la langue

Au-delà de la perte de revenus, les migrants restés en Thaïlande rencontrent des difficultés en termes d’accès à l’information sur la pandémie et les consignes officielles des autorités. Plusieurs actions sont donc menées en ce sens, notamment la traduction des dernières informations du gouvernement et des outils de sensibilisation sur les gestes barrière. 

« Nous offrons également la possibilité à des jeunes de 13 à 15 ans d’étudier le thaï dans le cadre du programme de la FED pour les jeunes. Pour ma part, j’enseigne les bases du thaï et de l’anglais à des enfants gratuitement tous les week-ends », explique Khin Mae Soe dont l’un des objectifs est d’aider sa communauté à s’autonomiser. Autant d’actions qui représentent une grande fierté pour la courageuse mère de famille : « Je suis très heureuse de faire partie des acteurs de nos communautés pour faire face, ensemble, aux conséquences économiques et sanitaires de la pandémie. »