Intervenant dans plus de 120 pays sur tous les continents, l’AFD est en contact permanent avec une grande diversité d’identités culturelles et linguistiques. Afin d'épouser cette diversité, de s’adapter au mieux aux contextes locaux et de rendre ses actions accessibles aux personnes directement concernées, l’AFD a fait le choix d'étendre ses publications à de nouvelles langues.
Cette initiative s’inscrit dans l’objectif du groupe AFD de se « placer du côté des autres », c’est-à-dire du côté des pays, des populations, des clients et des partenaires, afin de développer une relation fondée sur le respect mutuel, l’égalité et un engagement commun pour le développement durable. Cette mission revêt une importance particulière en Afrique, comme l’a précisé le directeur général de l’AFD, Rémy Rioux : « En Afrique, nous sommes en train de redéfinir notre relation et de sortir du cadre établi après les indépendances, aujourd’hui dépassé. »
« La posture de l'AFD de se mettre du côté des autres et son application est importante, précise Laure Blédou, chargée de mission Communication et animation des communautés Afrique et diasporas à l’AFD. Cela aide à comprendre la façon dont les gens voient le monde et se positionnent par rapport aux autres et cela donne une autre résonance au discours. » S’exprimer dans les langues des pays d'intervention permet également une plus grande proximité de réflexion avec les populations, comme le rappelle la chercheuse Danouta Liberski-Bagnoud, directrice de recherche au CNRS, rattachée à l’Institut des mondes africains : « Il y a en Afrique 2000 langues et 2000 façons de penser. »
Sur le site de l’AFD, on trouve ainsi une publication scientifique sur l’autonomisation économique des femmes en Afrique, disponible en swahili et en arabe, ou encore un article sur les défis du changement climatique au Vietnam, rédigé en vietnamien. « Ces contenus demandent plus d’efforts de traduction que ceux en anglais, mais ils permettent de toucher un public souvent plus jeune et plus féminin », précise Adeline Laulanié, responsable des publications de recherche aux Éditions AFD. Dans des contextes où les droits des femmes sont souvent bafoués, s’adresser directement à elles, dans leur langue, est primordial.
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Du swahili pour la banque mondiale
Cet effort a par ailleurs permis à l’AFD de produire la première publication en swahili de la Banque mondiale, dans le cadre d’une coédition entre les deux institutions.
Outre les articles, des vidéos sont tournées en arménien, en arabe ou en thaï. Par ailleurs, des contenus sont doublés, comme la sitcom ouest-africaine C’est la vie. Cette série, qui dépeint la vie d’un centre de santé dans un quartier fictif de Dakar, initialement réalisée en français, a depuis été traduite en haoussa, malinké, wolof, peul et anglais.
« Cette année, une étude a été menée auprès du lectorat de l’AFD afin de mieux connaître notre audience, explique Sabrina Hadjadj Aoul, chargée de la communication, valorisation et diffusion des publications de recherche à l’AFD. 30 % des répondants ont exprimé le souhait d'avoir plus de contenus dans d'autres langues étrangères sur le site. » Cela révèle une véritable demande de la part des lecteurs et offre donc la possibilité d'attirer de nouveaux publics.
Des efforts à approfondir
L’objectif de l’AFD est désormais de pérenniser et de systématiser les traductions de ses publications scientifiques, tout en élargissant l’offre linguistique avec des langues plus rares, comme le xhosa ou le zoulou. Des productions originales en espagnol sont également prévues, notamment un podcast sur le programme Gemmes Colombie à l’approche de la COP16 sur la biodiversité, qui se tiendra à Cali fin octobre. Cela permet à l’AFD de renforcer sa visibilité parmi les producteurs de contenus de recherche, qui publient habituellement leurs travaux uniquement en anglais.
Pour Laure Blédou, il est également important de penser la proximité en langue sur plusieurs pans, notamment en se basant sur les usages (programmes radio et podcast par exemple pour des langues plus parlées qu’écrites) et aussi en favorisant l’apprentissage de langues nationales par les agents sur le terrain : « cela permettrait au groupe AFD de se rapprocher de ses parties prenantes et de décrypter beaucoup de choses ».